Élus
municipaux : l’austérité en pleine face
Durant l’été, de nombreux maires
et conseillers municipaux de petites communes ont donné leur démission, en
particulier dans les zones rurales et périurbaines les plus touchées par le
chômage.
Pourquoi jettent-ils l’éponge ?
Comme l’un deux l’a bien résumé : « On a tous les ennuis, sans avoir les
sous. » Ce n’est pas seulement du faible niveau de leurs indemnités par
rapport à leurs responsabilités qu’ils se plaignent. Ce qui les pousse à bout,
ce sont les moyens financiers de plus en plus chiches que leur laisse l’État
pour gérer leur commune et assurer les services qu’ils voudraient pouvoir
rendre à leurs administrés.
Car la politique d’austérité des
gouvernements successifs, ce ne sont pas seulement des restrictions budgétaires
pour les grands ministères comme la santé ou l’éducation. C’est aussi le choix
de faire reposer sur les collectivités territoriales telles que les régions,
les départements et donc aussi les agglomérations et les communes, un nombre
croissant de missions qui auparavant relevaient de l’État... sans leur donner
les sommes nécessaires pour y arriver.
Des villages ont ainsi vu baisser
leur dotation globale de fonctionnement (DGF) de 50 % depuis 2014. En
conséquence, bien des maires se retrouvent à devoir faire des arbitrages
impossibles, par exemple entre soutenir les clubs de sport et fournir l’école
en ramettes de papier pour la photocopieuse, entre employer une Atsem pour
aider les instituteurs et contribuer au fonctionnement de la maison médicale,
etc. Plus récemment, la suppression des emplois aidés a constitué une
difficulté de plus. Et ce n’est pas la suppression à venir de la taxe
professionnelle que payaient les entreprises, et qui représente encore un tiers
des recettes fiscales des communes, qui va regonfler les maigres budgets des
mairies.
Consacrer l’argent public aux
aides au grand patronat au lieu de le mettre au service des besoins de la
population a un coût social direct, et énorme. Et cela a de quoi décourager ces
élus, souvent de milieu modeste, qui par leur travail de maire ou de conseiller
municipal tentent, ne serait-ce qu’à leur petite échelle, de faire vivre leur
commune.
Alan Grey (Lutte ouvrière n°2610)
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