Grande-Bretagne :
Manifestations contre l’extrême droite
Publié le 13/08/2024
Samedi 10 août, des dizaines de milliers de manifestants
sont descendus dans les rues d’une
quarantaine de villes de Grande Bretagne pour protester contre les violences xénophobes de la semaine précédente et
affirmer « Bienvenue aux réfugiés ! » ou encore « Non au racisme ! Non au fascisme
! ».
L’étendue de cette mobilisation a
été bien supérieure à celle des émeutes des 3 et 4 août, avec par exemple des manifestations conséquentes à Glasgow
et Edinburgh, alors même que l’Écosse avait été épargnée par les
attaques racistes. À Londres,
plusieurs rassemblements ont eu lieu, dont le plus important a réuni 5 000
personnes devant le siège de Reform UK, parti violemment anti- migrants qui a
attiré 4 millions
d’électeurs aux législatives. À Belfast,
les manifestants étaient 15
000. Ils ont aussi dépassé le millier dans de grandes villes anglaises comme
Liverpool, Newcastle et Manchester, et ils étaient des centaines dans de plus
petites villes comme Hull, où on craignait une reprise des attaques racistes.
Ce succès a pu réconforter tous
ceux qui ne veulent pas laisser sévir les suprémacistes blancs et leurs troupes
sans répliquer. Dès leurs premières exactions, des contre-manifestations
avaient eu lieu et dès le lendemain des émeutes, des riverains étaient venus
aider les habitants des quartiers immigrés touchés par des saccages. Au soir du
mercredi 7 août, suite à la publication d’une liste de cibles potentielles, parmi
lesquelles des mosquées et des
centres d’hébergement de demandeurs d’asile, des milliers de personnes s’étaient déjà retrouvées aux abords des lieux menacés. Toute une
fraction de la jeunesse et de la classe ouvrière, musulmane ou non, refuse donc
visiblement le poison de la division que tente de répandre l’extrême droite.
Si cette réaction est salutaire,
seuls les plus naïfs peuvent s’imaginer que l’extrême droite va s’arrêter là.
Certes, le gouvernement se vante d’avoir déjà fait arrêter près de 800
individus et d’en avoir fait condamner plus de 350. Mais après une décennie de
relative discrétion, les apprentis nazis de Grande- Bretagne – passés ou pas
par le BNP (Parti national britannique) et l’EDL (Ligue de défense anglaise) –
peuvent déjà se réjouir, malgré leurs effectifs minimes et leur structuration
lâche, d’avoir rallié, via les réseaux sociaux, une foule de jeunes n’ayant rien
à perdre et prêts à en découdre. Ils pensent que la crise, en
s’approfondissant, peut leur offrir un large terrain de recrutement.
Surtout, la classe politique, à
droite comme à gauche, a fait sienne depuis longtemps l’idée que l’immigration
est un problème. Farage, le chef de Reform UK, et les figures de proue
conservatrices passent leur temps à reprocher au gouvernement travailliste son
« laxisme » envers les sans-papiers, contre toute évidence puisque Starmer est
hostile à la libre circulation. Ils l’accusent aussi d’être plus répressif
envers les émeutiers racistes qu’envers ceux qui défendent la population de
Gaza ou luttent contre le réchauffement climatique. Comparaison écœurante… et
fausse : Starmer s’est récemment félicité de la condamnation de militants
d’Extinction Rebellion à de lourdes peines de prison, pour bien rappeler son
attachement à « la loi et l’ordre ».
Face à la démagogie des politiciens
et à la montée de l’extrème-droite, ces manifestations sont un encouragement
contre tous les aspects de la crise de la société capitaliste.
Thierry Hervé (Lutte ouvrière
n°2924)