À propos
de l’Affiche rouge : le PCF, de Lénine à Macron
28 Février 2024
Au-delà de l’opération politique
qu’elle a constituée pour Macron, la panthéonisation de Missak et Mélinée
Manouchian, au nom de leurs 22 camarades, communistes et étrangers pour la
plupart, exécutés par les nazis en 1944, a remis en lumière la triste évolution
du PCF.
Le parti fondé en 1920 dans le
sillage de la révolution russe est passé de l’internationalisme à l’union
nationale, des proclamations révolutionnaires des années 1920 à la défense de
l’Empire français en 1945 et au plat conformisme patriotique d’aujourd’hui.
Comme toute l’Internationale communiste, le Parti communiste s’était formé en
France en reprenant le mot d’ordre de Karl Liebknecht durant la guerre de
1914-1918 : « l’ennemi principal est dans notre propre pays. »
Mais, dans les années 1930, à l’approche d’une nouvelle guerre, le PC suivit
les méandres de la politique de Staline et remplaça le programme
révolutionnaire prolétarien par le simple antifascisme.
Cette politique d’alliance avec
les bourgeois démocrates, au prétexte de faire l’unité contre le fascisme,
comportait l’abandon de toute politique indépendante de la classe ouvrière.
Elle paralysa l’action des travailleurs en Espagne comme en France en 1936,
apportant finalement la défaite dans ces deux pays. Le pacte Hitler-Staline
d’août 1939 contribua encore à démoraliser des militants pourchassés par la
répression et dispersés par l’ordre de mobilisation. Puis, après juin 1941 et
l’attaque allemande contre l’Union soviétique, le PC changea une fois de plus
de politique, s’alignant derrière celle de Staline et prônant l’alliance de tous
les patriotes, qu’ils soient bourgeois ou travailleurs, derrière de Gaulle et
les Alliés.
C’était renier toute la tradition
communiste. La Deuxième Guerre mondiale était la poursuite de la Première, une
lutte entre impérialismes pour le partage du monde. La politique de Lénine, « transformer
la guerre impérialiste en guerre civile », restait la seule porteuse
d’un débouché révolutionnaire. Quel que soit le déplacement des fronts, quels
que soient les gouvernements en place, fascistes, demi-fascistes ou démocrates
impérialistes, quelles que soient les alliances et leurs renversements, il
fallait préparer la classe ouvrière à mettre à bas le système capitaliste
fauteur de guerre et responsable du fascisme.
Pendant la Résistance, la
multiplication des actions armées dans la France occupée permettait à la
direction du PCF de prétendre à une place auprès de De Gaulle, mais ne risquait
pas de le menacer sur le plan social. Elle permettait en outre à ce dernier de
montrer à Churchill et Roosevelt qu’il disposait d’un soutien en France. Il
fallait, malgré la défaite de 1940, malgré Pétain et la collaboration avec
l’impérialisme allemand, si profitable au patronat français, qu’une autorité
politique française se retrouve à la fin du côté des vainqueurs. Il en allait de
la sauvegarde de l’Empire colonial et de la prospérité de la bourgeoisie.
Les communistes étrangers,
obligatoirement clandestins, les jeunes travailleurs juifs, souvent immigrés ou
enfants d’immigrés, menacés en permanence, révoltés par l’antisémitisme d’État
et cherchant comment y répondre, furent mis au service de cette politique du
PC, devenu PCF en 1943. Celui-ci leur proposait des armes pour combattre les
Allemands et le régime de Pétain. La direction du parti les traita d’ailleurs,
eux et les autres combattants, comme un général traite ses fantassins.
Manouchian, ses 22 camarades et des milliers d’autres furent ainsi envoyés
consciemment à la mort.
Beaucoup gardaient pourtant leurs
convictions internationalistes. Manouchian affirmait dans sa dernière
lettre : « Je n’ai aucune haine contre le peuple allemand. »
Devant le peloton d’exécution, des militants comme Timbaud criaient : « Vive
le Parti communiste allemand. » La direction du PCF, elle,
n’hésita pas à donner pour consigne « à chacun son boche » et
à demander à ses combattants armés de multiplier les exécutions d’Allemands, au
hasard des rues et des occasions, afin que « la peur change de
camp ».
Devenu patriote, le PCF fut ainsi
admis au gouvernement provisoire à Alger, puis en 1944 au gouvernement tout
court à Paris. Il demanda alors aux militants de rendre leurs armes et d’entrer
dans l’armée et la police d’État, effaça rapidement les noms étrangers des
listes de fusillés, demanda aux travailleurs de reconstruire le pays, le ventre
creux et en oubliant leurs revendications, contribua au maintien des colonies
sous la tutelle française.
C’est en 1955 que le PCF, alors
dans l’opposition, sortit Manouchian et les résistants étrangers de l’oubli où
il les avait lui-même plongés. Aragon, qui ne faisait rien au hasard, publia
pour cela son poème Strophes pour se souvenir, connu comme l’Affiche
rouge, et le PCF se refit une beauté un peu moins cocardière. Aujourd’hui
Macron, voulant se donner belle allure, peut à son tour utiliser l’image de
Manouchian, avec le soutien du PCF, qui demandait depuis longtemps cette place
aux côtés des « grands hommes » de la bourgeoisie française. Son
secrétaire national Roussel peut en rajouter dans l’opération politique du
président. Et sans la moindre vergogne, les héritiers de Pétain dont la police
arrêta Manouchian et ses camarades, les Le Pen et consorts, peuvent apporter
leur pierre à cette unanimité nationale.
La tragédie de 1943-1944,
c’est-à-dire le sacrifice de militants ouvriers pour cimenter l’union nationale
derrière la bourgeoisie, se répète, cette fois en farce télévisée.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2900)
« L’Union européenne s’enfonce dans la
crise ;
Pour une Europe des travailleurs ! »
C’est le
thème de la prochaine conférence du
Cercle
Léon Trotsky
Samedi 2
mars à 15 heures,
Grande
salle de la Mutualité, 24 rue Saint-Victor,
Paris 5e,
Métro Maubert-Mutualité,
Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :
-Aujourd’hui jeudi 29 février, de 18 h.30 à 19 h.30 sur la Terrasse du
Val-Nord ;
-Vendredi 1er mars : de 15h40 à 16 h40 au marché du
Val-Nord ;
-et de 17 h.15 à 18 h.15, « Carrefour Babou » ;
-Samedi 2 mars : de 10 h.15 à 10 h.55 devant Monoprix ;
-et de 11 h à midi au marché de la Colonie ;
-Dimanche 3 mars, de 10 h15 à 10 h.55 devant l’Intermarché du Centre ;
-et de 11 h. à midi marché Héloïse ;
-Lundi 4 mars : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à
Saint-Gratien ;
-Mercredi 6 mars : de 11 h.30 à midi, marché des Champioux.
Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est
aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la
Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.
Réservez votre billet
d’entrée pour notre banquet local qui aura lieu en journée le dimanche 24
mars prochain. Le prix du repas : 17 euros pour les adultes, 8 pour
les enfants jusqu’à 14 ans.