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dimanche 10 août 2025

Thaïlande- Cambodge : 700 000 déplacés

 

Les séquelles toujours très prégnantes du colonialisme


 

                                             Crédit Susan Perri

Un climat de pogrom contre les cambodgiens s’est installé en Thaïlande depuis le début du conflit avec le Cambodge : 700 000 travailleurs cambodgiens ont déjà fui le pays.

Le prétexte de cette guerre est un différent frontalier entre les deux pays. La frontière a été tracée en 1907 par les colonisateurs français pour diviser et mieux dominer la région, fabriquant une bombe à retardement.

Aujourd’hui, les clans rivaux de milliardaires au pouvoir dans chaque pays attisent le climat nationaliste pour ranger la population derrière eux, même si cela doit mener à des déplacements forcés et à des massacres.

samedi 2 août 2025

Thaïlande-Cambodge : fièvre nationaliste et intérêts financiers

 Thaïlande-Cambodge : fièvre nationaliste et intérêts financiers

Après cinq jours de combat, au moins 43 morts et 270 000 déplacés, malgré un cessez-le-feu signé le 28juillet, les combats continuaient le 29juillet à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge.

Publié le 30/07/2025

L’enjeu affiché de cette guerre est le tracé exact de la frontière sur laquelle se trouvent des temples khmers revendiqués par les deux pays et qui étaient gérés jusque-là par des soldats thaïlandais et cambodgiens sans armes. Cette frontière floue, contestée par le Cambodge depuis son indépendance en 1953, a été tracée en 1907 par l’impérialisme français pour séparer, dans son intérêt, l’Indochine française du Siam, l’ancien nom de la Thaïlande. Cet héritage colonial a ainsi créé un de ces nombreux points chauds de la planète qui se réveillent périodiquement en fonction des intérêts des classes dominantes et plongent les populations dans la guerre.

Sur cette frontière, la tension monte depuis le mois de février, instrumentalisée par le pouvoir en Thaïlande et au Cambodge ainsi que par les oppositions internes.

Les clans qui gouvernent, celui des richissimes Shinawatra en Thaïlande et celui des Hun au Cambodge, proches jusque-là, viennent de se brouiller notamment sur la question des casinos, que le Cambodge exploite en masse à la frontière avec la Thaïlande. Ces casinos sont la couverture d’activités plus ou moins mafieuses, incluant la cyberfraude, l’esclavage, la traite des êtres humains, le travail des enfants… Le gouvernement thaïlandais projette ainsi depuis un an d’autoriser l’ouverture de casinos sur son sol, ce qui constituerait une sérieuse concurrence pour les oligarques cambodgiens. L’un d’entre eux, Kok An, proche de la famille Hun, est d’ailleurs menacé depuis début juillet par un mandat d’arrêt thaïlandais.

En Thaïlande, l’armée et le clan Shinawatra sont en concurrence permanente. Thaksin Shinawatra a été chassé du pouvoir par un coup d’État en 2006 tandis que la sœur de Thaksin, Yingluck, l’a été en 2014. Le conflit frontalier a permis au pouvoir cambodgien de provoquer une crise politique en Thaïlande et d’obtenir la suspension de la première ministre Paetongtarn, elle-même fille de Thaksin. Lequel n’en a pas moins endossé, malgré l’absence de toute fonction officielle, les habits de chef de guerre, appelant l’armée à « répondre selon les plans stratégiques prévus » aux attaques du voisin.

Au Cambodge, les Hun, père et fils, en lançant leur armée à la conquête des quatre temples khmers, ne sont pas en reste. En faisant monter la fièvre nationaliste autour de ce conflit frontalier, militaires et politiciens des deux pays comptent bien conforter leur pouvoir. Les travailleurs et les classes populaires des deux pays en feront les frais.

                                                      Serge Benham (Lutte ouvrière n°2974)