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jeudi 22 février 2024

Panthéon : opération de récupération politicienne

Récupération d’hier et d’aujourd’hui

 

 

Missak Manouchian et ses camarades, qui menaient la lutte armée contre l’occupation allemande en 1943, ont été panthéonisés par Macron.

         Communistes, leur dévouement avait déjà été récupéré à cette époque par la politique nationaliste du Parti communiste stalinien. Passant sous silence le sacrifice de ses militants immigrés, le PCF avait aidé en 1944-45 de Gaulle a rétablir l’autorité de l’État, qui continuait a écraser les travailleurs de privations, et de sa police, qui avait pourchassé ses propres militants et s’apprêtait à recommencer.

         Aujourd’hui Macron, qui stigmatise les migrants et promulgue des lois pour les refouler, utilise l’héroïsme de l’arménien Manouchian et de ses camarades immigrés pour redorer son piteux blason. Au Panthéon, du PCF à l’extrême-droite, les partis qui vont communier dans le nationalisme se placeront sur le terrain de la bourgeoisie française, tout comme dans les années 1940.

 

Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :

- Vendredi 23 février : de 15h40 à 16 h40 au marché du Val-Nord ;

-et de 17 h.15 à 18 h.15, « Carrefour Babou » ;

-Samedi 24 février : de 10 h. à 10 h.30 marché des Coteaux ;

-et de 11 h à midi au marché de la Colonie ;

-10 h.30 à midi, Centre Cl de la cité Joliot-Curie ;

-Dimanche 25 février, de 9 h.30 à 10 h15 devant l’Intermarché du Centre ;

-Lundi 26 février : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à Saint-Gratien ;

-Mercredi 28 février : de 11 h.30 à midi, marché des Champioux.

 

Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.

 

Réservez votre billet d’entrée pour notre banquet local qui aura lieu en journée le dimanche 24 mars prochain. Le prix du repas : 17 euros pour les adultes, 8 pour les enfants jusqu’à 14 ans.

 

mercredi 28 juin 2023

Manouchian au Panthéon : morts d’hier et combines politiques d’aujourd’hui

Manouchian au Panthéon : morts d’hier et combines politiques d’aujourd’hui

21 Juin 2023

Le 18 juin, lors du traditionnel et obligatoire discours présidentiel sur la Résistance, de Gaulle, l’unité nationale et l’habituel fatras tricolore, Macron a annoncé l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon.

Ainsi, au milieu d’une campagne permanente contre les immigrés, les sans-papiers, les étrangers, après l’envoi de la police contre les travailleurs qui se battent pour leurs droits, après les litanies injurieuses contre « l’ultra gauche », le geste de Macron se voudrait dirigé vers sa gauche, en offrant à deux ouvriers communistes, arméniens arrivés clandestinement en France, une place aux côtés des grands hommes méritant la « reconnaissance de la patrie ». Cela ne concerne évidemment pas leur engagement communiste dans la lutte de classe des années 1930, mais le fait d’avoir été sous l’Occupation les organisateurs des FTP-MOI, les groupes armés issus du secteur Main-d’œuvre immigrée du PCF d’avant-guerre. Missak Manouchian et 23 de ses camarades, espagnols, italiens, juifs, arméniens, furent pour cela arrêtés et fusillés au mont Valérien en février 1944.

Après la tragédie de 1944 vient la comédie politique d’aujourd’hui, soigneusement calibrée, du petit intérêt immédiat jusqu’à la préparation de sombres lendemains. Ce geste en direction de la gauche, et singulièrement du PCF, qui milite depuis longtemps pour la panthéonisation de Manouchian, veut démontrer la largeur d’esprit de Macron, son attachement au roman national, version de Gaulle-Jean Moulin-Résistance. Il lui fallait bien cela pour faire pendant à la quasi-réhabilitation du maréchal Pétain opérée en 2018. Cette célébration participe aussi du constant effort étatique et politique pour installer l’idée de l’unité nationale. Il s’agit, comme en toute circonstance, de persuader les travailleurs que, nés ici ou ailleurs, ils doivent être prêts à mourir pour la mère patrie, c’est-à-dire pour ses banquiers et ses industriels.

L’opération politique n’est pas nouvelle et toute l’histoire de Missak Manouchian et des militants communistes entrés dans le combat contre le nazisme et l’État de Pétain en fut une tragique illustration. Leur courage et, pour beaucoup, le sacrifice de leur vie furent mis au service d’une bien mauvaise cause. Le PCF suivait depuis juin 1941 une politique d’union sacrée derrière de Gaulle, Roosevelt et Staline. Il s’agissait de vaincre l’Allemagne sans risquer de provoquer de crise révolutionnaire, comme celle commencée lors de la Première Guerre mondiale ou comme celle qui s’annonçait dès 1943, en Italie. Toute idée de lutte de classe devait donc être abandonnée au profit de l’unité nationale derrière la bourgeoisie. Personne ne peut savoir ce que Manouchian et ses camarades pensaient de l’abandon par le PC de tout internationalisme, de toute perspective révolutionnaire et de son alignement derrière un général réactionnaire. Quoi qu’il en soit, la direction stalinienne les envoya à la mort pour se faire admettre par les autres partis de la Résistance comme un parti « combattant pour la France ». Cette politique purement nationaliste allait contribuer à réinstaller après la guerre la république en tant que régime « démocratique » de la bourgeoisie capitaliste. C’est cette politique qui est aujourd’hui honorée par Macron, les médias unanimes et les héritiers revendiqués, à tort ou à raison, du PCF de l’époque.

Missak et Mélinée Manouchian et leurs camarades, militants ouvriers abusés par les staliniens, combattants assassinés par les fascistes, internationalistes transformés malgré eux en icones nationales, avaient eu suffisamment de courage et de foi dans l’avenir pour offrir leur vie dans la lutte contre l’oppression. Cela les place hors d’atteinte des combinaisons minables d’un Macron et de l’exploitation de leur image par un PCF qui ne sait plus depuis longtemps ce que le mot communisme signifie.

                                                     Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2864)

 

mercredi 17 août 2022

Bonnes lectures de l’été (16) : Dans la maison de l’autre et L’assassin des ruines. Chaque jour un livre parmi mes bonnes lectures de cette année 2021-2022, aujourd’hui deux livres…

 

Dans la maison de l’autre, de Rhidian Brook, 10-18 et L’assassin des ruines de Cay Rademacher, éditions du masque



Deux livres qui se rapportent au même sujet. En ces temps de montée des tensions internationales, deux livres qui nous rappellent où elles peuvent nous conduire.

         Nous sommes à Hambourg dans les années immédiates qui suivent la reddition de l’Allemagne hitlérienne. Hambourg est détruite. L’Allemagne est exsangue.

         Je rappelle à ce propos les effroyables bombardements de juillet 1943 que subit la ville qui était au cœur de la production industrielle allemande et qui fit des dizaines de milliers de victimes en quelques jours. On parle de 40 000. Bombes au phosphore qui transformèrent des habitants en torches vivantes. Un million d’habitants fuirent la ville. Cela nous rappelle que la guerre n’est pas seulement une histoire militaire. Ses victimes sont en nombre, civiles.

         À la fin de la guerre, Hambourg n’est plus que l’ombre de ce que la grande ville hanséatique fut.

         Elle est dévolue à la Grande-Bretagne qui a récupéré une des zones d’occupation.

         Dans ce cadre général se développent les intrigues de ces deux romans. Misère, trafic, mort, déshumanisation marquent des rapports sociaux qui n’ont justement plus rien d’humain. Dans cette société décomposée règnent d’abord les maîtres du jour, les occupants et finalement le maintien chez les occupés des mêmes différenciations sociales.

         Ces deux livres m’ont rappelé l’excellent Enfants de Vienne, de Robert Neumann, paru dans les années 1960, qui m’avait beaucoup marqué, et que l’on peut retrouver chez les bouquinistes.

         Même drame de la guerre, mêmes trafics, mêmes horreurs. Et cette déshumanisation qui touche les plus faibles, et en premier lieu, les faibles parmi les faibles, les enfants. Lorsque la société de la civilisation de l’enfance laisse ces enfants à l’abandon dans un cadre dramatique, ils peuvent devenir des bandits et des assassins. Dans les trois livres que je viens de citer, cette question est sous-jacente.

         Et cela m’a fait penser, qui l’aurait cru, aux problèmes de la banlieue, et à ceux d’une fraction « marginalisée » de celle- ci.

         Oh bien sûr, nous ne sommes pas dans le Hambourg exsangue de 1945. Mais quand la société se décompose et pourrit, c’est ce qui a été construit laborieusement par la « civilisation des mœurs » qui est détruit. Un peu, beaucoup, immensément, à la mesure de ce pourrissement.