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mercredi 15 octobre 2025

80 ans de Sécurité sociale : comptes et légendes

 80 ans de Sécurité sociale : comptes et légendes

Les 80 ans de la Sécurité sociale, instaurée par les ordonnances des 4 et 19octobre 1945, sont diversement célébrés.

Publié le 08/10/2025

L’institution elle-même s’autocongratule dans diverses manifestations, colloques et expositions dans tout le pays. Elle est suivie en cela par la gauche politique et syndicale, particulièrement le PCF et la CGT, qui se targuent d’être à l’origine de cet incontestable progrès social. D’autre part, l’arc politique partant de la droite du PS jusqu’au RN, tout en affirmant son attachement à « notre modèle social », n’a eu de cesse d’imposer des coupes budgétaires, des régressions et, pour certains, de proposer la destruction même du système de sécurité sociale tel qu’il existe depuis 1945.

Le recul de l’âge de la retraite, la moindre protection contre la maladie, le déremboursement de nombreux médicaments, les mauvais coups contre l’hôpital public, les franchises et leur augmentation rognent les effets de la Sécurité sociale au prétexte d’équilibrer ses comptes. Mais l’équilibre mathématique des comptes en question, tel que prévu à sa fondation, est basé sur l’illusion, ou plutôt le mensonge, d’une société dans laquelle chacun contribue selon ses moyens. Salariés et employeurs, cotisant à la hauteur prévue, assureraient ainsi de concert, sous l’œil bienveillant des représentants syndicaux et grâce à la neutralité de l’État, la retraite des vieux travailleurs, la couverture des blessés et malades et l’harmonie sociale pour tous.

En fait, le patronat fait pression en permanence sur les salaires, avec évidemment l’aide de l’État et c’est bien la principale raison du prétendu « trou de la sécu », découvert opportunément en 1967 et jamais comblé depuis. Aujourd’hui, les employeurs sont exonérés de cotisations sur les bas salaires pour un montant de 80milliards deuros par an, ils ont fait repousser l’âge de départ en retraite à 62 puis à 64 ans, ils trouvent tous les biais pour ne pas déclarer les accidents de travail, réduisent ainsi leurs pénalités et, de plus, exigent et obtiennent de l’État toujours plus de cadeaux, au détriment entre autres des budgets de santé publique.

En fait, le ver était dans le fruit dès le départ puisque la création de la Sécurité sociale a commencé par un recul. La CGT et le PCF, qui participait alors au gouvernement, avaient accepté ce que le mouvement ouvrier refusait depuis toujours, le fait que les ouvriers cotisent sur leur salaire. La CGT, du moins celle d’avant 1914, avait pourtant toujours affirmé que c’est aux patrons, qui disposent de toute la richesse sociale créée par le travail, de payer pour les retraites. Ce n’était pas le seul reniement dans cette période où l’appareil stalinien défendait l’ordre social, depuis l’obligation de travailler le ventre vide jusqu’à celle de défendre l’Empire français, y compris contre les révoltes des colonisés. Mais c’est cela que leurs lointains héritiers veulent aujourd’hui faire passer pour le summum de ce que les travailleurs peuvent obtenir dans ce monde.

En 1945 les salaires étaient bas et les travailleurs mouraient jeunes, ce qui fait que l’instauration de la Sécurité sociale n’a pas coûté cher au patronat. Mais, dès qu’il a fallu commencer à payer, trente ans plus tard, il a refusé de le faire et trouvé pour cela l’oreille complaisante des gouvernements successifs, présidents « socialistes » et ministres « communistes » compris. Aujourd’hui, l’attaque patronale passe donc en bonne partie par la destruction du système de sécurité sociale. Les institutions, les questions comptables et les légendes politiques sont là ; mais derrière ces écrans de fumée, les travailleurs doivent distinguer leurs intérêts de classe et les défendre.

                                                           Paul Galois (Lutte ouvrière n°2984

 


Le "produire d'abord, revendiquer ensuite" du PCF et de la CGT

Capture d'écran DM, exposition Robert Doisneau, 2025) 

dimanche 8 juin 2025

Un local du PCF attaqué par l’extrême droite à Alès

Le Prolé – Alès : un local communiste attaqué par l’extrême droite

Vendredi 30mai, lors de la Feria dAlès, une douzaine de militants d’extrême droite du Bloc montpelliérain ont provoqué une violente bagarre au café Le Prolé.

Publié le 04/06/2025

Ce lieu associatif héberge entre autres le local du Parti communiste (PCF). Il y a eu une vingtaine de blessés, dont un sérieux avec hospitalisation en urgence.

L’agression avait été préméditée puisque, quelques jours auparavant, des militants du Bloc montpelliérain étaient déjà venus apposer leurs autocollants en guise de provocation. En choisissant le week-end de l’Ascension, où il y avait foule, les militants d’extrême droite, armés de bombes gazeuses et de gants coqués, voulaient faire publiquement une démonstration de force et intimider.

Pour dénoncer cette attaque, le PCF a appelé lundi 2juin à un rassemblement devant la sous-préfecture. Près de 1 000 personnes s’y sont retrouvées, dont des militants du Parti et des Jeunesses communistes, de la France insoumise, de Lutte ouvrière, de la CGT, des organisations anarchistes et des élus locaux.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, y a pris la parole, réclamant de Retailleau, ministre de la droite extrême, qu’il dissolve ce groupuscule. Il a peu de chances d’être entendu, tant la prolifération de tels groupuscules est encouragée, non seulement par les résultats du RN, mais aussi par le discours raciste et anti- immigrés de ce même ministre de l’Intérieur ou des médias aux ordres !

Et ce discours haineux peut tuer, comme on le voit alors que l’assassinat raciste dans le Var vient s’ajouter à celui, il y a un mois seulement, d’un jeune Malien dans la mosquée de la Grande- Combe, toute proche.

                                         Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2966)

 

lundi 19 mai 2025

Guerre d’Algérie : 8 mai 1945 : massacres coloniaux en Algérie

 8 mai 1945 : massacres coloniaux en Algérie

À partir du 8 mai 1945, à Sétif, Guelma, Kherrata et d’autres localités de la vaste région autour de Constantine, l’armée française, la gendarmerie et des milices de colons se sont livrés à des massacres de masse contre les Algériens. Longtemps occultés par l’État français, tardivement reconnus mais minimisés, ces massacres sont l’un des nombreux crimes de la France en Algérie.

Publié le 14/05/2025

Ce jour-là, alors que des manifestations destinées à fêter la fin de la guerre mondiale et la libération de l’occupation nazie étaient organisées dans toutes les villes françaises, des militants nationalistes algériens décidèrent de défiler avec leurs propres slogans. Dans cette Algérie alors département français, ils affirmaient « À bas le colonialisme ! », « Vive l’Algérie libre et indépendante ! », « Libérez Messali ! ». Deux semaines plus tôt, Messali Hadj, dirigeant du Parti du peuple algérien (PPA), constamment surveillé et régulièrement emprisonné, venait en effet d’être arrêté et déporté à Brazzaville, au Congo.

L’oppression alimente la révolte

Messali Hadj et ses camarades dénonçaient, depuis les années 1920, les oppressions multiples subies par l’immense majorité des Algériens et furent les premiers à revendiquer l’indépendance. Privées de droits civils, d’accès à l’éducation et aux soins, en butte au racisme et aux humiliations permanentes des colons et de l’administration coloniale, les classes populaires algériennes subissaient en outre des privations terribles, y compris la famine. En 1939, Albert Camus dénonçait la « misère en Kabylie », décrivant « des familles restant deux ou trois jours sans manger » et des enfants « morts pour avoir mangé des racines vénéneuses ». La guerre avait durement aggravé ces privations. Sous la pression des colons, le nouveau gouvernement français, dirigé par de Gaulle avec la participation des partis du Conseil national de la résistance (CNR), dont le Parti communiste français, qui avait cinq ministres, ne voulait rien changer ni au statut ni au sort de la population algérienne.

Malgré les mots creux sur la liberté et la démocratie retrouvées, malgré les dizaines de milliers de tirailleurs algériens morts en Italie ou en Provence pour « libérer la France », la seule concession faite par de Gaulle fut d’accorder la citoyenneté française à 63 000 Algériens dits « évolués »… sur 7 millions d’Algériens musulmans. Ce mépris réitéré fit basculer Ferhat Abbas, pharmacien à Sétif et nationaliste modéré qui réclamait encore en 1936 « une République autonome algérienne fédérée à une République française rénovée », vers la revendication de l’indépendance. En mars 1944, il fonda les Amis du Manifeste et de la liberté (AML), soutenus par le PPA clandestin de Messali Hadj et les oulémas, les docteurs de la foi islamique. L’AML réclamait l’indépendance et une Assemblée constituante algérienne. Lors de son premier congrès, en avril 1945, le mouvement avait déjà 100 000 militants, issus de divers milieux sociaux, décidés à ne plus baisser la tête. L’AML ne voulait pas organiser une insurrection armée mais souhaitait profiter des manifestations du 1er mai puis du 8 mai 1945 pour montrer ses forces et affirmer ses revendications.

Le pouvoir colonial massacre

En face, le pouvoir colonial, les préfets et sous-préfets, les représentants des gros colons, les chefs de la gendarmerie et de l’armée se préparaient au contraire à provoquer les manifestants. Il s’agissait de « crever l’abcès » selon les mots du sous-préfet de Guelma, ce que le préfet de Sétif avait formulé par « faites tirer sur tous ceux qui arborent le drapeau algérien ». Se sentant menacés par ce qu’ils appelaient « l’arrogance des musulmans » qui osaient relever la tête et n’acceptaient plus d’être traités en sous- hommes, un certain nombre de colons s’étaient organisés en milices armées. Autant dire que les massacres étaient prévisibles sinon prémédités. Déjà le 1er mai, la police attaqua les manifestants, tuant trois personnes à Alger et à Oran.

À Sétif, le 8 mai, la manifestation algérienne, organisée le matin, jour de marché, rassembla 10 000 personnes non armées. Outre des slogans dénonçant le colonialisme et exigeant la libération de Messali Hadj, un drapeau national algérien apparut et un jeune scout qui le brandissait fut abattu par un policier, ce qui déclencha de violentes représailles contre les colons français. L’après-midi, la manifestation de Guelma, composée surtout de jeunes, dégénéra de la même façon : un drapeau algérien fut arboré, la police chargea et tua plusieurs manifestants qui s’en prirent à des colons. Certains furent tués dans des fermes isolées. Immédiatement, Achiary, sous-préfet de Guelma, ordonna l’arrestation de tous les membres de l’AML et du PPA connus, autorisa une milice de 280 colons armés à lancer une chasse à l’homme et déploya tous les moyens militaires à sa disposition.

Une terrible répression allait s’abattre sur les habitants arabes de toute la région et durer près de sept semaines. Les militants nationalistes furent traqués, torturés et abattus. L’armée déploya des chars et des automitrailleuses, détruisit et incendia des villages entiers. Des fermes avec tout le bétail, le matériel, les récoltes furent méthodiquement détruites. Dans une localité, tous les Algériens sachant lire furent passés par les armes. À Kherrata, des centaines, peut-être des milliers d’habitants, furent jetés morts ou vifs dans les gorges voisines. Le gouvernement de De Gaulle envoya des renforts depuis la France. Il fit bombarder des villages par l’aviation et des villes côtières, comme Bejaïa, par des navires de guerre. Pour cacher l’ampleur du massacre, des cadavres furent brûlés dans des fours à chaux, jetés dans des puits ou des rivières. Pour 102 colons français tués les 8 et 9 mai 1945, plusieurs dizaines de milliers d’Algériens furent massacrés. Le gouvernement français a reconnu 1 000 à 1 500 morts, le PPA en a dénoncé 45 000 tandis que les historiens évaluent le nombre de victimes entre 20 000 et 30 000.

La complicité du PCF

Les massacres du Constantinois creusèrent d’autant plus un fossé de sang entre la population musulmane d’Algérie et la France, qu’ils furent cautionnés par tous les partis. Dans cette ignominie, le Parti communiste français, le plus influent dans la classe ouvrière, qui mettait alors tout son poids pour faire accepter la restauration de l’appareil d’État bourgeois et s’opposait à toute perspective d’indépendance des colonies, porte une responsabilité particulière. Dès le 9 mai, les dirigeants du PCF qualifiaient les chefs nationalistes de « provocateurs à gages hitlériens » et demandaient que « les meneurs soient passés par les armes ». Cet alignement du PCF sur la bourgeoise française contribua à séparer les exploités algériens et français. Il discrédita les militants communistes en Algérie et renforça le courant nationaliste, qui allait s’imposer comme direction unique au cours de la guerre d’indépendance qui commença neuf ans après ces massacres de 1945.

                                           Xavier Lachau (Lutte ouvrière n°2963)

jeudi 27 février 2025

Argenteuil, les fleurs dérobées devant la stèle Rino Della Negra, un acte imbécile et inquiétant

Acte minable ou acte politique, imbécile dans tous les cas

 

 

La section du PCF nous a informés que les gerbes et les fleurs qui avaient été déposées ce dimanche à Mazagran devant la stèle à la mémoire de Rino Della Negra fusillé par l’armée allemande le 21 février 1944 avaient été toutes dérobées.

         On peut imaginer qu’elles l’aient été par des récupérateurs imbéciles de fleurs à la petite semaine, ou que ce soit le fait de personnes inconscientes.

         Mais cela arrive à ma connaissance pour la première fois alors que cette cérémonie existe depuis plusieurs décennies. Cela se produit aussi dans un contexte où les idées d’extrême-droit se répandent. Cet acte imbécile peut donc aussi avoir une origine politique.

         Pour les nationalistes d’extrême-droite, Rino Della Negra et le réseau Manouchian dit de « L’affiche rouge » auquel il appartint ne fleurent pas un bon nationalisme. Certes lié au PCF, ce groupe s’engagea pour sa part dans l’action au nom de valeurs qui ne se réclamaient pas d’une France éternelle, mais l’inscrivit dans le combat contre le nazisme et les horreurs de l’Occupation. C’est Manouchian écrivant dans sa dernière lettre à la veille de son exécution, qu’il n’avait « pas de haine pour le peuple allemand » et son souhait que l’union des peuples d’Europe sorte de la guerre. Les dernières lettres de Rino en sont également la preuve.

         Si l’acte est politique, c’est du côté de l’extrême-droite d’aujourd’hui qu’il faut regarder, qui mêle dans une même musique la référence au nationalisme de De Gaulle et la nostalgie de la Collaboration pétainiste de sinistre mémoire. Et puis, fils d’immigrés ou immigrés eux-mêmes, le réseau de l’Affiche rouge représente ce qui est au cœur de la détestation et de la démagogie de l’extrême-droite, aujourd'hui comme hier.

         Nous partageons bien sûr l’émoi des militants du PCF d’Argenteuil, et en particulier des membres du Comité local de Châteaubriand-Voves-Rouillé-Aincourt qui organise chaque année cette cérémonie de la mémoire. DM

 

mercredi 4 septembre 2024

Guerre d’Algérie, la mort d’Alban Liechti. 1956, un jeune du PCF cohérent avec ses engagements

La disparition d’un réfractaire à l’embrigadement

 

Photo de L’Humanité

Je me souviens qu’il était présent lors de l’inauguration dans les années 2010 du Parc Maurice Audin d’Argenteuil. Alban Liechti est décédé ces jours derniers. Toute sa vie fut liée à celle du PCF qu’il n’a jamais renié.

         Il fut de ces quelques-uns membres du PCF à prendre une position dans leur choix personnel en cohérence avec son refus d’aller combattre les partisans de l’indépendance algérienne. Il paya son refus de porter les armes de quatre années de prison.

         Dans le communiqué d’hommage qu’il lui a consacré ces jours derniers, le PCF n’entre pas dans le détail de ce que fut la politique de ce parti face à cette indépendance algérienne. Son axe n’était pas réclamer cette indépendance, mais seulement « Paix en Algérie ». Son choix politique le conduisit à voter en 1956 les Pouvoirs spéciaux réclamés par le dirigeant socialiste Guy Mollet qui allaient non seulement développer l’envoi du contingent en Algérie, intensifier les moyens militaires, mais aussi accroître les moyens de répression sans contrôle de l’armée par la suspension d’un certain nombre de droits dits « démocratiques ».

         Le PCF ne mena pas campagne pour la défense d’Alban Liechti. Il laissa ce soin gros de signification au Secours Populaire qui était alors une de ses organisations satellites.

         Même demeurant fidèles à leur parti, de très nombreux militants du PCF furent solidaires du combat pour l’indépendance. Alban Liechti fut de ceux-là, avec une cohérence toute particulière. DM