Déremboursement,
jours de carence : du vol en toute franchise
Le gouvernement démolit
méthodiquement le droit à la santé pour les travailleurs. Au 31 mars, le
reste-à-charge par boîte de médicament est passé de 50 centimes à un euro,
comme pour les actes paramédicaux. Les franchises médicales ont aussi doublé
pour le transport sanitaire, passant à quatre euros par trajet.
Ces mesures représentent
800 millions d’euros par an payés directement par la population.
Prochainement, le gouvernement entend aussi faire passer d’un à deux euros la
franchise concernant les consultations et actes médicaux ainsi que les examens
de biologie médicale et de radiologie. En plus du recul de leur niveau de vie,
cela signifie que les familles populaires vont devoir renoncer à des soins
essentiels, faute de moyens.
Le gouvernement ose parler à ce
propos de « participation forfaitaire », comme si l’ensemble des travailleurs
ne finançaient pas déjà, par leurs cotisations, les caisses de la Sécurité
sociale. Le patronat, lui, bénéficie d’au moins 85 milliards d’euros
d’exonérations de cotisations, d’après la loi de financement de la sécurité
sociale.
Le gouvernement parle aussi
d’augmenter le nombre de jours de carence dans le secteur privé en cas d’arrêt
de travail. Actuellement, les indemnités journalières de la sécurité sociale
sont versées à partir du quatrième jour d’arrêt. Le gouvernement propose
d’allonger encore d’un à trois jours ce délai. Pour les deux tiers des
salariés, souvent dans les plus grandes entreprises, les trois jours actuels de
carence sont pris en charge par l’employeur. Le patronat a donc répondu qu’il
n’était pas question pour lui d’augmenter le nombre de jours pris en charge, à
moins d’instaurer des « carences d’ordre public », que personne ne remboursera
et restant donc à la charge des salariés.
Un salarié du privé sur trois
subit déjà les trois jours de carence non remboursés. Les agents du secteur
public ont de leur côté depuis 2018 un jour de carence non remboursé. Cela a
comme seule conséquence d’obliger les malades à venir travailler, ou à voir
leur salaire amputé.
Le gouvernement veut s’attaquer
au droit d’être en arrêt-maladie et de se soigner pour tous les travailleurs.
Les actionnaires, dont il est le serviteur, pourront, eux, encaisser leur
argent, qu’ils soient malades ou pas : depuis leur yacht ou au fond de leur
lit.
Christian
Bernac (Lutte ouvrière n°2905)