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mercredi 13 juillet 2022

Sri Lanka : journée du patrimoine au palais présidentiel

 

La force que les exploités représentent lorsqu’ils se révoltent

Après des mois de manifestations et de lutte, et malgré la répression, les manifestants ont réussi à faire fuir le président qui a annoncé sa prochaine démission.

         Ils ont envahi le palais présidentiel, ses pièces, ses bureaux et même sa piscine, montrant dans quelle richesse le président Sri Lankais vit pendant que la population pauvre subit une inflation explosive et le manque de produits de première nécessité.

         Évidemment l’armée, qui a lâché le président, reste dans l’ombre. Sous son égide, d’autres politiciens sont prêts à prendre le pouvoir pour faire subir le même sort à la population pauvre. Mais ce premier succès montre à tous les exploités la force qu’ils représentent lorsqu’ils se révoltent.

lundi 11 juillet 2022

Sri Lanka, face à la crise qui le touche de plein fouet, la force de la révolte du peuple

Qui sème le vent récolte la colère

Au Sri-Lanka, dans la capitale Colombo, les manifestants ont pris d’assaut la résidence du président Rajapaska, le forçant à fuir. Ce dernier et son premier ministre ont promis de démissionner. À voir.

         Immédiatement, ce sont les dirigeants américains qui sont montés au créneau. Que des manifestants opèrent de la sorte avec leurs dirigeants est toujours pour eux de mauvaise augure, pour les dominants du pays bien sûr mais surtout par l’exemple qui est donné à tous les peuples de la région et pour l’inquiétude créée parmi les dominants du monde. Leur refrain actuel : contre la menace du chaos, la « stabilité économique à long terme » qui puisse calmer « le mécontentement du peuple ».

         Voilà ci-dessous, ce que nous écrivions il y a deux mois

Sri Lanka : de la crise à la faillite

18 Mai 2022

Bousculée par des semaines de manifestations, la famille Rajapaska, qui contrôle le sommet de l’État au Sri Lanka, a été obligée de sacrifier le grand frère, Mahinda.

Le 9 mai, celui-ci a démissionné de son poste de Premier ministre, pour tenter de sauver la présidence de son cadet, Gotabaya. Plusieurs autres membres du clan avaient déjà démissionné de leur ministère ces dernières semaines.

L’ascension des Rajapaska tient à leur rôle dans la répression que l’armée a exercée contre la minorité tamoule, mettant fin dans le sang à la rébellion des Tigres en 2009. Mahinda, président de 2005 à 2015, avait dû céder sa place à l’opposition après avoir perdu les élections. Mais en 2019, profitant de l’émotion suscitée par des attentats islamistes – 258 morts et près de 500 blessés – ce clan avait repris le pouvoir, jamais avare de démagogie nationaliste flattant la majorité cinghalaise et bouddhiste.

Depuis, le Sri Lanka s’enfonce dans une crise économique sans solution. La pandémie, renforçant l’effet des attentats, l’a privé des ressources du tourisme. Le pays s’est endetté considérablement et n’a plus de réserves de devises. L’accélération de l’inflation mondiale a rendu les importations hors de prix : la roupie sri lankaise a perdu 30 % de sa valeur en mars. L’électricité ne fonctionne plus que de manière intermittente, les malades ne trouvent plus de médicaments, ou bien hors de prix. Même les chaussures sont considérées comme des biens non-essentiels dont l’importation est stoppée. Le gouvernement a cru bon de maquiller l’impossibilité financière d’importer des engrais chimiques, dont les prix s’envolent sur les marchés internationaux, en une bonne action pour l’environnement. Mais la production agricole a chuté, la disette est là et dans la population pauvre on saute des repas.

Depuis un mois et demi, les manifestations sont quotidiennes dans la capitale, Colombo, demandant le départ du président. Même le clergé bouddhiste, qui avait soutenu le nationalisme violent des Rajapaska, s’est retourné contre eux et s’est montré dans la rue. Les manifestants, repoussés par la police lorsqu’ils essayaient d’atteindre le palais présentiel et les ministères, ont incendié les maisons de certains ministres.

Le 8 mai, les Rajapaska ont mobilisé leurs partisans, qui ont attaqué les protestataires antigouvernementaux à coups de bâtons, accompagnés par les gaz lacrymogènes de la police. Deux députés ont tiré sur des manifestants et ont fait des morts. Le couvre-feu a été décrété sur toute l’île, neuf personnes sont mortes et 300 ont été blessées, mais le Premier ministre a quand même dû jeter l’éponge, après avoir essayé en vain de convaincre l’opposition de rejoindre son gouvernement pour le stabiliser. Dès que la place a été libre, les politiciens de l’opposition ont formé un nouveau gouvernement, sous l’autorité affaiblie du président Gotabaya Rajapaska.

Le nouveau Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, est un cheval de retour qui gouverne pour la quatrième fois. Au vu de la déconfiture économique, il n’a pu que promettre des sacrifices à la population, annonçant : « Les deux mois à venir seront les plus difficiles de nos vies », la crise économique « va aller de pire en pire avant une amélioration ». Le 16 mai, il a dû avouer qu’il n’y avait plus qu’une journée de stock de carburant. Quatre pétroliers ont été financés par une ligne de crédit d’urgence débloquée par l’Inde voisine mais, quand ils accosteront, le sursis ne sera que de quelques jours. Avec son ministre de l’Économie, Wickremesinghe a supplié la population d’arrêter de faire la queue aux stations-service, où les gens se rencontrent et d’où partent des manifestations spontanées. Impuissant, le nouveau gouvernement a indiqué qu’il allait imprimer plus de billets de banque, tout en reconnaissant que cela accélérerait l’inflation.

Il voudrait en finir avec les manifestations et l’instabilité politique qu’elle provoque. Mais, pour desserrer l’étau de la crise économique mondiale dans laquelle ce pays se débat, la classe ouvrière et la population pauvre n’ont rien à attendre d’un tel pouvoir politique.

                                               Lucien DÉTROIT (Lutte ouvrière n°2807)

 

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Les prochaines permanences prévues.

-aujourd’hui de 18 à 19 heures, centre commercial des Raguenets à Saint-Gratien ;

-Mardi 12 juillet, de 11 h.45 à midi 15, devant la boulangerie de la cité Champagne ;

Et de 18 h.30 à 19 h. devant Monoprix.

 

lundi 25 avril 2022

Pérou : l’avenir proche pour de nombreux pays

Pérou : révolte contre l’envolée des prix

20 Avril 2022

Confronté à une révolte populaire en riposte à l’inflation, le président du Pérou, Pedro Castillo, présenté comme de la gauche radicale, a choisi la répression, décrété l’état d’urgence dans plusieurs régions et déployé l’armée.

Le Pérou est la sixième économie de l’Amérique latine. Riche en ressources minières (cuivre, argent, or, étain, molybdène) ou en hydrocarbures (gaz, pétrole) et en productions agricoles, elle se place dans le premier tiers des économies de la planète (50e place selon la Banque mondiale). Mais le Pérou n’est que 92e pour le PIB par habitant. La grande majorité des 33 millions d’habitants ne voient jamais la couleur de ces richesses. En outre, avec plus de 200 000 décès, c’est le pays du monde qui a été le plus frappé par le Covid. C’est aussi là que la récession a été la plus forte dans la région. Le taux de pauvreté, ramené de 59 à 20 % ces quinze dernières années, est remonté à 30 % en 2021.

C’est dans ce contexte que, le 28 mars, les syndicats des chauffeurs de poids lourds et de bus ont appelé à la grève contre l’augmentation du prix de l’essence, installant des barrages routiers sur la route centrale qui part de la capitale Lima vers le centre andin du pays.

Ce qui aurait pu rester un mouvement limité d’une corporation a été l’étincelle qui a permis à la colère populaire d’exploser. Des péages ont été incendiés et la population pauvre s’est jointe aux transporteurs ou a organisé ses propres barrages. Des grèves ont éclaté. Des manifestations ont été réprimées par la police, faisant au moins six morts.

La forte hausse des prix, au moins 10 % dans plusieurs régions, concerne le prix des engrais, mobilisant les paysans pauvres qui ne peuvent plus en acheter. Tous les produits de première nécessité augmentent aussi. Le sucre a grimpé en une semaine de 2,5 à 6 soles (0,6 à 1,5 euro) et celui du poulet de 12 à 16 soles (3 à 4 euros) en deux jours.

Castillo a dénoncé des manifestants « malintentionnés » et même « achetés » pour entretenir le désordre. Il a instauré le 5 avril l’état d’urgence et le couvre-feu dans la capitale et le port de Callao. Loin d’intimider les manifestants, cela a élargi la colère populaire, qui a déferlé dans Lima : des magasins ont été pillés et des bâtiments officiels attaqués, dont la Cour suprême de justice.

Castillo a dû remballer ses propos injurieux, suspendre les taxes sur certains carburants et les produits de consommation courante et promettre une augmentation du salaire minimum de 930 à 1 025 soles (253 euros) en mai. Ces mesures restent cependant limitées car l’inflation s’aggrave et la majorité des travailleurs travaillent au noir, donc hors de toute législation du travail. Si l’état d’urgence a été levé dans la capitale, il était maintenu sur les principaux axes routiers. L’armée reste déployée, le droit de réunion suspendu et les arrestations arbitraires continuent.

En juillet 2021, la victoire de Castillo contre la droite dure représentée par Keito Fujimori, fille de l’ex-président-dictateur, avait soulevé l’enthousiasme des classes populaires. Avec le slogan « Plus de pauvres dans un pays riche », il avait obtenu dans des bureaux de vote populaires des scores dépassant 80 %.

Fils de paysans pauvres, devenu instituteur et syndicaliste, Castillo était apparu à la tête d’une grève nationale de l’Éducation en 2017. Une assemblée d’enseignants l’avait choisi pour les représenter pour l’élection présidentielle.

Le candidat avait promis notamment d’arracher les mines aux compagnies étrangères, de changer la Constitution de Fujimori et de moderniser l’éducation. Mais, dès le deuxième tour de la présidentielle, il renonçait à changer la Constitution et le changement n’est pas venu. Une fois élu, Castillo a été contrecarré par l’opposition déterminée des milieux patronaux et de la droite, un sport auquel le Parlement péruvien est aguerri. Composé de politiciens corrompus, il sait mettre la pression sur les présidents successifs, même très modérés, pour écarter ceux qui ne sont pas à son goût. Et, comme pour ses prédécesseurs, ces parlementaires ont mis en avant des affaires de corruption, insignifiantes, pour exiger la destitution de Castillo. L’arrivée d’un simple enseignant soutenu par des paysans pauvres a déclenché en outre une bronca de l’extrême droite raciste, forte au Congrès, qui voit en lui le « communiste » qu’il n’est pas.

Face à cela, Castillo s’est bien gardé de faire appel à la mobilisation populaire, et a tenté de se préserver en multipliant les concessions. Il n’a cessé de remanier son gouvernement pour tenter, sans succès, d’amadouer ses opposants, y faisant entrer des personnalités de plus en plus à droite, comme Ricardo Belmont, patron de télévision, xénophobe, homophobe, antivax et admirateur de Trump, devenu conseiller de la présidence.

Parmi les manifestants, nombreux sont les enseignants qui ont compris qu’aucune promesse éducative ne sera tenue. Et, avec l’envolée de l’inflation, de plus en plus de pauvres de ce « pays riche » réalisent qu’ils n’ont pas un allié à la tête de l’État mais un adversaire au service des capitalistes nationaux et de l’impérialisme, comme tous les présidents avant lui. L’élection n’a rien changé, mais la voie de la lutte est ouverte.

                                                Antoine FERRER (Lutte ouvrière n°2803)