Bus
FSO-région parisienne : après 4 mois de grève, le patron a reculé
Le 12 mars, une soixantaine
de conducteurs des bus de Cergy, Conflans et Achères fêtaient par un grand
couscous la fin de leur grève, dure et âpre, de 124 jours. Ils ont obtenu
l’essentiel, notamment un taux horaire unique aligné sur le meilleur, et ont
limité l’opération de la baisse programmée de leur salaire.
Publié le 26/03/2025
Au départ, le 7 novembre,
forts de leur nombre et de leur détermination, les chauffeurs des bus FSO des
dépôts de Saint- Ouen-l’Aumône et de Conflans-Sainte-Honorine pensaient en
avoir pour une semaine, deux au plus, lorsqu’ils ont répondu à l’appel à la
grève du syndicat FO qui a dirigé le mouvement de bout en bout. Sauf que
l’enjeu de ce conflit dépassait leur seule société.
Le marché des transports en
commun en Île-de-France, géré par Île -de-France Mobilités (IDFM) est ouvert depuis
2021 à la concurrence et pour cela, divisé en Délégations de services publics
(DSP) temporaires de quatre à huit ans.
Or, non seulement les premières
DSP arrivent à renouvellement, mais la mise en concurrence, achevée pour la
grande banlieue, va commencer cette année pour la première couronne de la
région parisienne. Ce système de DSP renouvelables est une machine à baisser
les salaires, à supprimer des emplois et aussi à démembrer la RATP dans la
première couronne.
FSO, qui a récupéré en janvier
2024 la DSP du secteur Cergy, Conflans, Achères, voulait en profiter pour
baisser le taux horaire de plus de trois quarts des chauffeurs, supprimer de
nombreuses primes, des postes et aggraver les conditions de travail. Avec le
plein soutien d’IDFM, il a fait traîner la grève, ne dévoilant que tard son
projet, s’est montré menaçant, arrogant, mettant les grévistes au défi de
poursuivre leur mouvement. Un chauffeur, militant syndical, pris à la gorge par
des problèmes financiers, s’est suicidé. Trois chauffeurs ont été licenciés
pour des faits liés à la grève.
Les grévistes ont cependant tenu.
Ils ont consommé tous leurs congés, multiplié autant que possible les arrêts
maladie. Bien des chauffeurs, qui ont dû reprendre, montraient leur sympathie
pour la grève. Et, jusqu’au bout, FSO s’est montré incapable de faire tourner
le réseau, même à minima.
En l’absence d’accord, c’est la
convention collective, encore en dessous des conditions réelles, qui se serait
appliquée au 30 mars. Les pouvoirs publics préfèrent les accords maison,
qui aident à segmenter les forces de la classe ouvrière.
Cette grève longue et courageuse
était connue par les travailleurs d’autres entreprises du secteur. Elle montre
quel est l’enjeu face à la hargne des patrons et des pouvoirs publics. Loin
d’être « décourageante », elle peut donner l’idée que, tout le monde étant visé
à terme, tous les travailleurs des transports de la région parisienne devraient
unir leurs forces pour se défendre. C’est aussi cela que transporteurs et
pouvoirs publics craignent.
Correspondant
LO (Lutte ouvrière n°2956)