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mardi 1 avril 2025

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 31 mars 2025 : Le Pen inéligible, et alors ?

Le Pen inéligible, et alors ?

 

31/03/2025

Le tribunal correctionnel a jugé Marine Le Pen et huit autres dirigeants du RN coupables de détournements de fonds publics dans le procès des assistants parlementaires européens. Il a assorti la peine de Le Pen d’une inéligibilité de cinq ans, ce qui l’éliminerait de la course à la présidentielle.  

Le Pen a été jugée avec la sévérité qu’elle a toujours demandée à la justice quand il s’agissait de condamner les autres. C’est un retour à l’envoyeur !

S’il s’agit d’un coup de tonnerre pour sa carrière politique, cela ne change rien pour les travailleurs car leur sort ne dépend d’aucune élection. Celles-ci sont précisément faites pour donner l’illusion du changement, alors même que le pouvoir reste dans les mains de la classe capitaliste.

Les travailleurs n’ont sûrement pas à regretter que Marine Le Pen soit écartée par une décision de justice. Quant à ceux qui se réjouissent de son revers, il faut qu’ils réalisent qu’il y a des dizaines, sinon des centaines de politiciens et de politiciennes anti-ouvriers comme elle.

Le Pen et son parti se distinguent par leur histoire, puisqu’ils sont les héritiers du Front national fondé par des collaborateurs de l’Allemagne nazie et des militants de l’Algérie française. Ils ont porté les idées racistes les plus abjectes et ont une responsabilité particulière dans leur diffusion.

Mais Le Pen et Bardella ont une chose en commun avec tous les autres politiciens : leur profond respect du système capitaliste et de la bourgeoisie. Et comme on l’a vu avec les politiciens de tous bords, on peut être sûr qu’une fois au pouvoir, ils gouverneront pour les riches et en ennemis des travailleurs.

Il faut se rappeler comment, en juin dernier, alors qu’il était aux portes de Matignon, Bardella jetait par-dessus bord les promesses sociales du RN, comme le retour à la retraite à 62 ans et la suppression de la TVA sur les produits alimentaires.

Aujourd'hui, Bardella et Le Pen font plus que jamais la danse du ventre devant le grand patronat. Quand Bernard Arnault, dont la fortune approche les 200 milliards, s’est plaint de payer trop d’impôts et a menacé de délocaliser, Bardella a volé à son secours !

« J'ai entendu le cri d'alarme de Bernard Arnault » a-t-il déclaré. Et joignant sa voix à celle de tous les patrons dont les poches débordent, il a dénoncé l’« enfer fiscal ». Pour lui, l’injustice n’est pas que les travailleurs soient confrontés au matraquage des prix, ni qu’ils soient exploités et licenciés pour les profits capitalistes. Non, ce que Bardella trouve injuste, c’est qu’Arnault, qui touche un Smic toutes les 15 secondes en dividendes, paye un tout petit peu d’impôts !

Le RN n’est pas le parti du peuple et encore moins celui des exploités. Aucune de ses propositions ne s’en prend aux puissants et à ceux qui ont du pouvoir. Comme la droite et le gouvernement actuel, Bardella et Le Pen expliquent aux travailleurs que leurs problèmes viennent de plus pauvres qu’eux, et en particulier des travailleurs immigrés.

Et bien malin qui peut distinguer la politique du RN de celle d’un Retailleau ou d’un Darmanin ! Ils mettent tous en cause les travailleurs immigrés pour cacher les responsabilités du grand patronat dans l’état de la société. Tous répandent le poison de la division qui désarme le monde du travail face à ses exploiteurs. Et si le RN, héritier d’un parti ouvertement antisémite, se reconvertit en défenseur des Juifs, c’est en espérant pouvoir instrumentaliser la guerre à Gaza pour stigmatiser les musulmans. 

Alors que la crise du capitalisme s’aggrave et nous conduit vers de nouvelles catastrophes, les idées du RN, non seulement sa xénophobie, mais aussi son nationalisme et ses appels au repli protectionniste, alimentent l’évolution militariste et guerrière de toute la société.

Le Pen prend, aujourd'hui, de faux airs pacifistes car elle est moins va-t-en guerre que Macron vis-à-vis de la Russie. Mais comme Trump aux États-Unis, elle est la première à attiser le chauvinisme en prétendant que le danger vient de l’étranger, de la concurrence internationale et qu’il faut se préparer à y faire face, y compris par la guerre.

L’avenir que le RN nous réserve est le même que celui de Macron et des politiciens de droite comme de gauche : celui d’un capitalisme de plus en plus dur contre les travailleurs, de plus en plus prédateur, nationaliste et guerrier.

Quelle que soit la couleur des partis et du gouvernement qui dirigeront dans ce contexte, ils demanderont toujours plus de sacrifices aux travailleurs. Alors, au lieu de chercher un sauveur suprême qui n’existe pas, les travailleurs doivent retrouver le chemin de la lutte de classe, l’unité de la classe ouvrière pour défendre ses intérêts, détrôner la classe capitaliste et changer le cours de l’histoire.

                                                                                Nathalie Arthaud  

 

mardi 25 mars 2025

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du 24 mars 2025

Ni chair à canons, ni chair à patrons !

24/03/2025

 


Macron et le gouvernement se sont mis sur le pied de guerre. La semaine dernière, ils ont rassemblé industriels de l’armement, banquiers et investisseurs pour organiser l’augmentation de la production de poudre, de canons, de missiles, de chars, d’avions de chasse, de drones...

Le gouvernement disait impossible de trouver 20 milliards pour les retraites. Eh bien, il veut en trouver 50 pour porter le budget militaire à 100 milliards par an, après l’avoir déjà doublé depuis 2017 !

 D’après les calculs du ministre des Armées, Lecornu, il faudrait 20 à 30 Rafale supplémentaires, trois frégates de plus, des drones de toutes sortes et doubler la réserve militaire pour la faire passer de 44 500 soldats à 100 000.

À l’échelle de l’Union européenne, Ursula von der Leyen projette jusqu’à 800 milliards de dépenses militaires. Le nouveau chancelier allemand a fait entériner par son Parlement un plan « bazooka » autorisant des centaines de milliards d’euros de dépenses pour l’armée.

C’est une gigantesque manne pour tous les marchands d’armes, « une décennie de croissance et peut-être plus » comme l’explique le PDG de Thales qui produit des systèmes de radars, notamment pour le Rafale.

De nombreux économistes se félicitent déjà de la relance économique engendrée par la course à l’armement. Et oui, ce sera un nouveau bond pour les actions et les profits des Dassault et des Thales ! Mais pour les travailleurs du secteur, ce sera surtout la relance de la pression et de l’exploitation. Et s’il y a des usines agrandies et des emplois créés ici et là, il n’y a sûrement pas à s’en réjouir, car la relance de l’industrie militaire est une nouvelle étape dans la marche à la guerre.

Si la guerre éclate, les parents auront du travail, mais leurs enfants, eux, seront envoyés au combat, comme c’est le cas en Ukraine et en Russie. Et en première ligne, il y aura, comme toujours, les enfants de la classe ouvrière. Déjà aujourd'hui, l’armée recrute à tour de bras. Et qui s’engage sinon les jeunes des classes populaires qui en ont marre de galérer de petit boulot en petit boulot ?

Cette préparation à la guerre est absolument contraire aux intérêts des travailleurs. Et il ne faut pas marcher dans cet embrigadement.

Le gouvernement ne prépare pas « la défense du pays », comme il tente de le faire croire. S’il s’agissait de cela, pourquoi se doter de frégates qui « assurent une présence navale solide sur plusieurs fronts stratégiques, de la mer Rouge à l'Indopacifique, en passant par la Baltique et la Méditerranée », comme le dit Lecornu ?

Le gouvernement et les généraux se préparent à une guerre bien plus vaste et à des opérations à des centaines et des milliers de kilomètres. Tout cela pourquoi ? Pour défendre la place de l’impérialisme français dans le monde et donc les intérêts de la bourgeoisie française.

Ces dernières décennies, l’armée française a participé à une multitude d’opérations militaires et de guerres, en Afrique notamment. Elle n’y a pas défendu la France d’un envahisseur ni protégé la veuve et l’orphelin au Mali ou au Tchad. Elle s’est battue pour le droit au pillage et l’exploitation des Total, Bolloré, Saint Gobain et pour les débouchés de Vinci, Orange, Schneider Electric et Alstom...

Aujourd'hui, la préoccupation du gouvernement est la même. S’il s’intéresse autant à la guerre en Ukraine, c’est dans le même esprit que les États-Unis : pour que la bourgeoisie française accède à sa part de gâteau.

Qu’est-ce que cela nous apporte, à nous travailleurs, que SFR remporte le marché de la téléphonie en Ukraine, ou qu’un consortium français décroche des contrats pour la reconstruction ? Peut-on en espérer plus d’emplois et de meilleurs salaires ? Bien sûr que non !

Les guerres décidées par nos dirigeants sont dans la continuité de la politique qu’ils mènent au quotidien : elles servent les intérêts des capitalistes.

Les porte-parole patronaux se frottent les mains et n’ont plus que « l’effort de guerre » à la bouche. Tous y voient le moyen de nous forcer à travailler plus et d’en finir avec ce qu’ils appellent le modèle social français. Au nom de l’effort de guerre, certains disent vouloir « remettre la France au travail », comme si les travailleurs ne laissaient pas déjà leur peau au boulot !

Alors, en plus de défendre nos salaires, nos retraites et nos conditions de travail, il faut nous opposer au conditionnement guerrier. Nous opposer au gâchis et à la folie que signifient l’augmentation du budget militaire et la marche à la guerre.

Leurs guerres ne sont pas les nôtres ! Nous n’avons pas besoin de Rafale ni de chars, mais de logements et de médecins ! Ne marchons pas derrière les Macron, Bolloré, Arnault ou Michelin qui passent leur temps à attaquer nos conditions d’existence !                       

                                                                                      Nathalie Arthaud

 

mardi 18 mars 2025

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 17 mars 2025

Si tu veux la paix, prépare la révolution !

 

 

16/03/2025

Depuis l’allocution martiale de Macron contre la Russie, de nombreux travailleurs se demandent s’il en rajoute dans la dramatisation ou si l’on marche pour de bon vers la guerre.

Il y a, c’est sûr, une partie de cinéma. Macron, comme tous les dirigeants européens, sait pertinemment que Poutine n’a ni le projet ni les moyens d’envahir l’Europe.

Par ailleurs, Macron affectionne cette posture de chef de guerre, qu’il avait déjà adoptée lors du Covid. Elle lui a permis de se faire réélire en 2022 et, aujourd'hui, elle le ramène au centre du jeu politique.

Mais tous les pays se réarment pour des raisons bien plus fondamentales que l’arrivisme ou la dinguerie de tel ou tel politicien.

Partout, les tensions montent du fait de la guerre économique toujours plus féroce. La lutte pour la suprématie sur telle ou telle région et la guerre pour les minerais, le pétrole, l’énergie ou les marchés font rage. La concurrence entre rapaces plonge depuis longtemps des régions entières dans des guerres sanglantes, et pas qu’en Ukraine. La République démocratique du Congo, le Soudan et le Moyen-Orient sont aussi ravagés par des guerres alimentées par les appétits et les manœuvres des grandes puissances.

Alors oui, la situation est grave. Poutine a déclenché une boucherie fratricide en envahissant l’Ukraine pour contrer la pression occidentale et protéger les intérêts des oligarques russes. C’est un dictateur doublé d’un assassin. Mais les dirigeants occidentaux, qui ont attisé cette guerre pour défendre leurs propres intérêts impérialistes, ne sont pas moins rapaces, cyniques et meurtriers. 

Trump est en train de négocier avec Poutine un partage de l’Ukraine, car il veut un « retour sur investissement ». Et que font les dirigeants européens ? Ils trépignent pour être invités à la table et arracher, eux aussi, leur part du gâteau !

La guerre en Ukraine est loin d’être réglée. Macron et Starmer veulent imposer la présence de troupes françaises et britanniques sur place. Seront-elles garantes du cessez-le-feu ou serviront-elles de prétextes à de nouveaux affrontements ? Et puis, comment va évoluer la rivalité entre les États-Unis et la Chine ? Jusqu’où ira la guerre commerciale entre les États-Unis et l’Europe ?

Il est impossible de prédire quel affrontement finira en conflagration armée. Impossible même de prédire quelles alliances prévaudront alors.

Henry Kissinger, secrétaire d’État américain au début des années 1970, avait expliqué que « l’Amérique n’a pas d’amis ni d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts ».

Trump a fait sienne cette règle cynique, et c’est celle d’absolument tous les dirigeants politiques de la bourgeoisie, y compris des dirigeants européens, même s’ils cherchent, aujourd'hui, à se donner le beau rôle en parlant de démocratie, de droit des peuples.

Mais c’est aussi et surtout la ligne de conduite de la classe bourgeoise qui tire toutes les ficelles. C’est une règle de base de la société capitaliste : rien ne doit faire obstacle à l’accumulation de milliards entre les mains de la grande bourgeoisie et des financiers, ni le respect des hommes et de la planète ni celui de quelconques valeurs morales. Et s’ils ont besoin de la guerre pour faire fructifier leur capital, guerre il y aura.

C’est cette classe sociale qui est capable de nous envoyer à la mort pour ses intérêts. C’est elle qui, déjà, nous exploite et nous crève pour ses profits. C’est elle et sa domination que nous avons à combattre.

Trump, Poutine, Xi Jinping ou un second couteau comme Macron peuvent disparaître de leur belle mort, pas la bourgeoisie et son système capitaliste à la base de l’exploitation et des guerres. Pour que ceux-ci disparaissent, il faudra les renverser, c’est-à-dire exproprier les capitalistes et diriger la société et l’économie collectivement à l’échelle du monde.

Aujourd’hui, les travailleurs s’en sentent incapables. Pire, ils n’en ont même plus la perspective car ils ne se voient plus comme une classe sociale capable d’agir pour ses intérêts et pour changer la société de fond en comble.

Les travailleurs constituent pourtant une force sociale comparable à nulle autre. Sans eux rien ne peut se faire, pas même la guerre.

On l’a vu dans le passé quand, en février 1917, les paysans et les ouvriers russes ont arrêté la guerre en se révoltant contre cette abominable boucherie. Ils ont non seulement renversé un tsar, mais ils se sont aussi emparés du pouvoir pour tenter de construire une tout autre société.

Ces combats passés des travailleurs prouvent que l’intervention politique consciente et indépendante des exploités est possible. Cette voie est la seule chance de stopper l’évolution réactionnaire, nationaliste, guerrière et barbare de la société.                          

                                                                     Nathalie ARTHAUD