PSA – Aulnay-sous-Bois :
onzième semaine de grève – les travailleurs face à l'alliance
patrons-gouvernement
Le 16 janvier dernier, lors du
démarrage de la grève à PSA-Aulnay, personne n'aurait imaginé partir pour un
mouvement de cette durée. Et pourtant la grève dure et tient.
La direction rejette toute idée de négociations
et le gouvernement a refusé d'envisager les possibilités de contraindre PSA. De
plus, huit militants de la grève sont menacés de licenciements, dont deux déjà
prononcés.
Toute
la semaine, les discussions se sont multipliées au sein du comité de grève et
en assemblée générale, pour trouver comment réagir collectivement à cette
situation. Du fait de leur capacité à discuter, à décider ensemble, à diriger
leur lutte démocratiquement et consciemment, les travailleurs ont trouvé le
moyen de ressouder les rangs. C'est ensemble qu'ils continuent, ensemble qu'ils
refusent de reprendre le travail sans leurs camarades licenciés, ensemble
qu'ils veulent continuer à donner des coups au patron et au gouvernement.
La direction voudrait faire
reprendre la production
Vendredi 22 mars, la direction de PSA
annonçait en comité d'entreprise son intention de mettre en chômage partiel les
travailleurs de l'usine une semaine sur deux, à partir du 8 avril. Cette
annonce a aussi fait beaucoup discuter. La direction a un besoin crucial de
voitures et la production est toujours à l'arrêt à Aulnay. Mettre tout le monde
en une équipe serait une solution pour elle. Et en même temps, en faisant jouer
le chômage partiel, la direction de PSA ferait payer à l'État – ô combien
consentant – une partie des salaires des travailleurs non grévistes.
Mais
pour faire tourner les chaînes, même au ralenti, la direction devra faire
pression sur les non-grévistes, en particulier les intérimaires, pour leur
demander de faire plusieurs postes. Elle a déjà commencé à le faire dans
certains coins. Au Ferrage, les grévistes ont eu la mauvaise surprise de
trouver un chef qui imposait quatre postes à un intérimaire. Face à leur
colère, le contremaître a vite reculé. Les grévistes sont donc passés sur les
chaînes à l'arrêt, vendredi 22 mars, pour demander aux non-grévistes de
refuser de tenir plusieurs postes. Ils ont pu constater que bien peu d'entre
eux sont prêts à aider la direction à briser la grève. Les liens entre grévistes
et non-grévistes dans l'usine restent donc une force contre la direction.
Une grève toujours aussi populaire
Lundi 25 mars au matin, la grève a repris
sans souci. Les grévistes ont accueilli des délégations venues d'autres usines
comme Renault Cléon, pour leur apporter un soutien moral... et pécuniaire.
La
solidarité financière ne s'est pas tarie durant toutes ces semaines. La caisse
de grève compte de nouveau près de 250 000 euros. Les grévistes
discutent pour décider ensemble de la façon de partager et de répartir cet
argent à la fin du mois.
Derrière
cette somme, ce sont toujours des milliers de salariés, de retraités qui
soutiennent la grève. Ils le font car ils sentent que ce combat est aussi le
leur, que la lutte des ouvriers de PSA renforce tous les travailleurs.
Une direction pas si forte qu'elle
voudrait le faire croire
Mardi 26 mars, plus de 200 travailleurs
d'Aulnay sont allés manifester devant le tribunal de Versailles pour soutenir
la plainte déposée par la fédération CGT de la métallurgie. La direction de
PSA, que cette possibilité de procédure juridique contre son projet dérange, a
tout fait pour renvoyer le jugement à plus tard. Ce renvoi a été plaidé, non
seulement par l'avocat de la direction, mais par d'autres avocats qui ont eu beau
se présenter comme des amis des ouvriers, mais n'en ont pas moins agi contre la
volonté des grévistes. Autant dire que ce n'est pas ce genre d'individus qui
peuvent servir le combat contre les licenciements. La décision a été renvoyée
et cela arrange PSA.
Mais, dans le même temps, la
direction a reçu dernièrement plusieurs camouflets. Après avoir reculé sur le
licenciement d'un militant de la grève, elle a dû encaisser le refus par
l'inspectrice du travail du licenciement de deux délégués, venant après un
précédent refus de licenciement. Ces enquêtes mettent à jour les incohérences
et les mensonges de la direction, qui pourrait bien se retrouver obligée de reculer sur les sanctions et les
licenciements. Tant que la grève dure, les travailleurs ont les moyens de la
faire céder là-dessus.
Ce que les travailleurs vivent dans cette lutte durant ces semaines, ce
qu'ils apprennent, ce sont des armes pour l'avenir. Sur ce terrain, le patron a
déjà perdu bien plus que des dizaines de milliers de voitures.
Correspondant LO
Des amis d'Argenteuil ont remis hier au soir au Comité de grève la
collecte de soutien collectée par nos soins sur la localité. La somme de
celle-ci s'est élevée à 1240 euros.
Dans le petit mot qui accompagnait la somme nous
avons tenu à répéter toute notre solidarité à l'égard des grévistes de cette
"grève courageuse".