Guerre
commerciale : avec la peau des travailleurs
Publié le 12/02/2025
Dans la guerre des tarifs
douaniers qu’il a réenclenchée, Trump a multiplié les annonces contradictoires.
Les taxes de 25 % à l’encontre des produits mexicains et canadiens, annoncées
le 31 janvier, ont été reportées quelques jours plus tard.
En revanche une taxe
supplémentaire de 10 % sur les produits en provenance de Chine devrait
s’appliquer.
Les droits de douane sur les
produits chinois ne sont pas nouveaux. Il est significatif que Trump ait
renoncé aux 60 % de taxes douanières qu’il se promettait, pendant sa campagne
électorale, d’appliquer aux produits venant de Chine. L’économie américaine
dépend en grande partie des produits chinois, qui sont intégrés ou revendus
avec profits par les capitalistes américains. Ceux-ci ne voulant pas baisser
leurs marges, ils peuvent s’entendre pour augmenter leurs prix : 60 % des
produits des supermarchés populaires Walmart viendraient de Chine. Ce sont donc
les consommateurs américains qui subiront sans doute les conséquences de cette
taxation. Si les capitalistes américains changent de fournisseurs, ce seront
les travailleurs chinois qui seront mis au chômage.
La Chine a protesté contre la
majoration de 10 % des droits de douane sur ses produits importés aux
États-Unis. Certains se sont moqués des prétextes avancés par Washington… la
lutte contre le trafic de Fentanyl, la guerre de l’opium à l’envers. Mais
l’Angleterre, au 19e siècle, a réellement fait la guerre à la
Chine pour pouvoir y vendre son opium. Aujourd’hui, la drogue n’est qu’un
ridicule prétexte dans la bouche de Trump, mais cache des enjeux plus sérieux.
Plus qu’un moyen d’inciter les capitalistes à produire sur le sol américain,
les 10 % de droits de douane supplémentaires sont un moyen de coercition et de
chantage dans la guerre commerciale avec Pékin. Les dirigeants chinois ont
d’ailleurs répliqué mollement et proposé de relancer la première phase de
l’accord commercial avec les États-Unis signé en 2020 à la fin du précédent mandat
de Trump. La Chine s’était alors engagée à augmenter ses achats et ses
importations de produits manufacturés, agricoles, énergétiques, et de services
en provenance des États-Unis, pour un montant d’au moins 200 milliards de
dollars, du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2021. Elle
n’avait rempli cet engagement qu’à moitié, invoquant la pandémie de Covid-19.
Cette guerre commerciale ne fait
que se prolonger et sans doute s’approfondir. Le monde du travail y est perdant
économiquement de tous les côtés. Et il sera perdant politiquement s’il emboîte
le pas aux nationalistes de tout bord.
Serge Benham (Lutte ouvrière
n°2950)