Ce
tract que je transmets bien sûr déjà à tous nos proches d’Argenteuil s’adresse
particulièrement aux militants qui s’affirment militants du mouvement ouvrier
et qui s’interrogent aujourd’hui. J’aimerais qu’ils le lisent comme un geste
fraternel à leur égard, et qu’ils le discutent si possible en me faisant
remonter leurs commentaires. Salut et fraternité, Dominique
Travailleuses,
travailleurs,
Militantes,
militants de la classe ouvrière,
Camarades,
Ce qui nous réunit dans cette manifestation,
c’est la volonté de pousser un cri de protestation contre l’aggravation des
conditions d’existence du monde du travail.
On nous saoule de discours sur la
responsabilité du coronavirus dans cette situation. Mais si la pandémie est une
réalité avec laquelle il faudra vivre le temps de la vaincre, ce dont
l’humanité crève littéralement, c’est de l’organisation capitaliste de la société
et de la domination de la grande bourgeoisie.
Derrière la pandémie, l’oppression de classe
La découverte rapide du vaccin, un succès pour
les capacités de l’homme, se traduit en même temps par une exacerbation de la
concurrence entre gros requins des trusts pharmaceutiques, par
l’intensification de la rivalité entre nations capitalistes, avant même que la
vaccination massive ait sérieusement commencée. Quant aux pays pauvres qui ne
peuvent pas payer, le système les laissera sans défense face au coronavirus,
comme il les laisse déjà face à tant de maladie que l’on sait guérir depuis
longtemps.
Cette crise sanitaire nous renforce, nous militants de Lutte ouvrière,
dans la conviction que, sans renverser le pouvoir de cette classe privilégiée,
sans détruire le capitalisme, il n’y a pas d’avenir vivable pour l’humanité.
Nous faisons nôtre la perspective, défendue par les éléments les plus
conscients du mouvement ouvrier depuis ses origines, que c’est aux travailleurs
de diriger la société, pas à la minorité de parasites capitalistes. L’émancipation
des travailleurs, et par là-même l’émancipation de la société, sera l’œuvre des
travailleurs eux-mêmes !
Manifester, brandir le drapeau des intérêts
ouvriers, même par dizaines de milliers, n’a jamais suffi pour inverser le
rapport de forces, et les militants présents le savent bien. Pour être en
mesure de stopper l’offensive patronale et gouvernementale, il faut qu’une
partie significative des travailleurs entre dans l’action et soit prête à se
battre de façon assez déterminée pour entraîner le reste de la classe ouvrière,
au point de se faire craindre de la classe privilégiée et de son État.
Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Cela peut le
devenir demain, tant la société capitaliste est rongée par sa propre pourriture,
sur le plan matériel comme sur le plan politique et même simplement humain.
Contre le capitalisme en faillite, défendre
nos exigences d’exploités
Coronavirus ou pas, il n’y a aucune raison de
se résigner à la politique anti-ouvrière du gouvernement et du patronat. Il n’y
a aucune raison de se taire face au refus du gouvernement d’embaucher dans les
hôpitaux et dans les écoles. Aucune raison de se résigner aux licenciements et
aux attaques patronales. Aucune raison d’accepter que les classes populaires
soient poussées vers la misère pendant que la plupart des grandes entreprises
capitalistes réalisent des profits exceptionnels et que leurs actionnaires
empochent plus de dividendes que jamais.
Mettre en avant des objectifs qui correspondent aux intérêts de la
classe ouvrière et des classes exploitées est une nécessité lorsque les
travailleurs, surmontant leurs inquiétudes et leur désorientation actuelles,
reprendront confiance en eux-mêmes et se lanceront dans la lutte.
Il faut stopper les licenciements de la seule façon possible : en
répartissant le travail entre tous avec
maintien du salaire.
Les actionnaires n’ont pas besoin de plus de dividendes pour vivre. Un
travailleur, lui, n’a que son salaire ou sa pension de retraite pour joindre
les deux bouts : il faut les augmenter en prenant sur les profits !
Si l’on ne veut pas que les 100 milliards du
plan de relance atterrissent dans les profits, puis dans la spéculation, il faut que les salariés puissent contrôler
ce que le grand patronat va encaisser, car cet argent doit servir aux salaires
et aux emplois !
Une manifestation comme celle d’aujourd’hui
permet de mettre en avant les intérêts généraux de la classe ouvrière, alors
même que le réflexe des bureaucraties syndicales est de se replier sur des causes
locales. L’illusion qu’il sera plus facile de se battre entreprise par
entreprise, corporation par corporation, voire service par service, et qu’il
est ainsi possible d’obtenir ne serait-ce que des avancées minimes, est
toujours vive dans les périodes de recul du mouvement ouvrier. Cela va de pair
avec la résignation. Mais, dans cette période de crise, on ne peut se faire
respecter par le grand patronat et le gouvernement qu’en étant unis et
déterminés à mener un bras de fer long et difficile.
Relever la tête
Nous sommes conscients que notre conviction
que la classe ouvrière sera amenée à reprendre le combat n’est pas partagée par
une grande partie des militants ouvriers. Même parmi ceux qui ne sont pas
démoralisés au point d’abandonner le combat, nombreux sont ceux qui
s’accrochent au vain espoir des améliorations à petits pas, aux négociations
avec le patronat et le gouvernement. Et combien d’entre eux s’alignent sur ces
derniers au nom de « la solidarité nationale » face à la
pandémie ?
C’est une supercherie propagée par les porte-paroles,
conscients ou inconscients de la classe privilégiée ! Il n’y a pas plus de
solidarité entre exploiteurs et exploités par temps de coronavirus qu’en
dehors. Pour une minorité capitaliste, c’est une occasion de bâtir des
fortunes. Pour la majorité des classes populaires, c’est ajouter les mesures de
contraintes sanitaires aux conséquences bien plus graves de la crise économique.
Pour difficile que soit la période, la classe
ouvrière relèvera la tête. La
principale responsabilité d’un militant ouvrier par les temps qui courent est de
ne pas perdre le moral, de garder la tête haute et, surtout, de ne pas perdre
confiance en sa classe !
Il leur faut retrouver le langage et la pratique de la lutte de
classe. Aussi morose que puisse paraître aujourd’hui le climat, la lutte de
classe continue et la force de la classe ouvrière reste intacte.
Les forces vives de la société, ce ne sont
certainement pas les actionnaires spéculateurs, ni les milliardaires qui vivent
de la sueur et du sang des exploités. Ce sont les travailleurs qui font tourner
l’économie et qui font vivre la société.
Plus la crise de l’économie capitaliste
s’aggravera, plus la classe dominante et ses serviteurs politiques au
gouvernement se battront bec et ongles pour conserver leurs privilèges. Il n’y
a à en attendre ni compréhension ni compassion.
Face à la guerre que mène la grande
bourgeoisie aux travailleurs, ceux-ci seront amenés à reprendre leur propre
guerre. Comme ils y ont été contraints tout au long de l’histoire du mouvement
ouvrier. Ils ont leur nombre et le fait d’être irremplaçables à opposer à
l’argent de la grande bourgeoisie. Il
faut que la multitude d’individus, qui constituent le monde du travail dans
toute sa diversité, prennent conscience de l’identité de leurs intérêts
fondamentaux contre la grande bourgeoisie. Il faut qu’ils retrouvent leur
conscience de classe et la confiance en leurs propres forces. Ils deviendront
alors cette armée de prolétaires, capables non seulement de se défendre, mais de
reprendre son combat séculaire pour l’émancipation des travailleurs, avec, pour
objectif, de prendre en main les destinées de la société.
LUTTE OUVRIERE