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samedi 7 novembre 2020

Cliniques privées, argent public

 

Un secteur capitaliste déjà en excellent santé

 


Le président de la Fédération de l'hospitalisation privée s'est dit satisfait que le privé soit associé à l'hôpital public pour l'accueil des malades du Covid. Ce qui le réjouit, c'est que le gouvernement a « couvert nos risques par la garantie des recettes et la prise en charge de nos surcoûts Covid ».

Les groupes de santé privés tirent profit à la fois de la Sécurité sociale, qui finance les soins des patients, et de l'hôpital public, qui forme leurs médecins. Ils auraient dû être réquisitionnés dès le début de la pandémie pour être mis au service de la collectivité. Au lieu de cela, le gouvernement leur garantit qu'ils resteront rentables et pourront continuer à rémunérer leurs actionnaires.

Face à une situation sanitaire qui s'aggrave de jour en jour, l'imprévoyance du gouvernement n'est donc pas totale. Il a continué à démanteler les services de santé publique mais se préoccupe de la santé des actionnaires des groupes privés.

samedi 4 avril 2020

Cliniques privées : des actionnaires assurent leurs arrières. Quant aux agents… L’exemple d’une clinique à Bordeaux


Tester le personnel devrait être une évidence



Les cliniques privées prennent leur part de prise en charge du Covid-19. Et c’est parfaitement normal. Des personnels soignants aux agents de service, les salariés prennent des risques pour cela.
         Du côté des patrons, avant même de s’engager dans cette participation, ils avaient obtenu que l’État les garantisse contre la perte de revenus éventuelle due au ralentissement de leurs autres activités en leur assurant une allocation de l’URSSAF identique à celle que leur permettrait une activité normale.
         On voit que, quoi qu’il arrive, les patrons assurent leurs arrières contre toute perte éventuelle.
         Pour les soignants, il en va autrement. Maintenant que des malades de Mulhouse dans un état grave sont pris en charge dans la clinique Bordeaux-nord, le personnel est particulièrement exposé. Pourtant, la direction continue à opposer un refus à celles et ceux qui expriment la demande d’être testé ou testée au virus, s’ils ou elles ne présentent pas de symptômes.
         Au début, on nous disait de voix officielle que ce n’était pas justifié. Mais on sait maintenant qu’on peut être porteur et transmettre le virus sans présenter de symptômes, et que c’était juste une manière de cacher le manque de tests.
         Pour le reste, c’est à l’avenant. À mesure que les stocks de gants, de blouses et d’autres équipements de protection s’amenuisent, on a remarqué que les consignes de sécurité que tiennent les responsables de l’entretien aux agents de service rétrécissent également. Il paraît maintenant que les équipements complets ne sont plus nécessaires, que rien ne vaut un bon lavage de mains régulier ! Le gouvernement nous a fait le même cinéma en nous mentant sur comment se passer de l’indispensable.
         Alors on ne leur fait plus confiance, ni aux uns, ni aux autres. Le personnel ne veut pas ramener le corona à la maison. Et il lui faut les protections nécessaires !

Clinique privée : Journal d’un aide-soignant vacataire nouvellement embauché dans une clinique privée d’Ile de France


Il faut avoir le moral pour un salaire de misère


1ère journée :

J'ai commencé mes vacations Lundi matin dans un service de médecine interne. De mon domicile à la clinique, c’est très rapide, car il n’y a personne sur la route.
         Dans ce service, pratiquement toute l'équipe est en arrêt à cause du virus ! J’ai été très vite mis dans le bain ! Dès le matin on nous annonce aux transmissions qu'il y a eu trois décès dans la nuit ! La chambre mortuaire étant pleine, les patients sont encore dans leur chambre ! Ils y sont restés jusqu'à 16h00. Décédés seuls, sans aucun accompagnement ni même visite de la famille, Covid oblige…  
         Je suis accueilli par une infirmière et deux élèves aides-soignantes.
         Le service est plein. Il y a plusieurs patients infectés.
         L'infirmière a un sachet avec quelques masques FFP2 qu’elle distribue au compte-goutte : 1 pour la journée, pas plus !
         Une cadre passe tous les jours déposer les masques dans le service.
         Une sur-blousse pour la journée. Ce sont les deux élèves qui me prennent en charge et m'expliquent le fonctionnement du service.
         Il y a du travail en pagaille, les repas, les toilettes, les commandes à ranger, les aides aux collègues, faire informatiquement les commandes des repas des patients, et surtout faire les transmissions informatiques. La journée est bien remplie.
         L’ambiance est vraiment bizarre. On sent que les patients sont angoissés. Ils posent beaucoup de questions, et l'impression d’une chape de plomb sur la clinique. Les soignant sont hyper stressés, inquiets, et surtout ont peur de se choper le virus.

2ème journée

Je suis dans le même service que la veille. Le stress est palpable ce matin. Les soignants apprennent que plusieurs patients sont infectés. Du coup, il y a 4 patients en plus des 5 déjà infectés du Covid, soit 9 patients.
         Miracle, ce matin nous étions 8, 2 aides-soignants, 2 élèves AS, 1 étudiante IDE, 1 étudiant en  médecine , 2 infirmières .
         Franchement, quand il y a du personnel, tout va bien.

3ème journée

Aujourd'hui ça se corse. Je suis dans un service spécial COVID 19, une aille complète avec 12 patients infectés sur 25.
         Plusieurs patients sont en train de mourir seuls dans des chambres à deux patients. Je m'explique. Souvent, les patients en fin de vie sont installés seuls dans une chambre. Vu le contexte, pas d’accès à une telle chambre. Du coup, ils meurent dans une chambre avec un autre patient conscient. C 'est hallucinant.
         Un patient m’a supplié de demander au médecin de le transférer en réanimation. Ça fait vraiment mal au cœur de vivre cette situation.
         Pas de chance aujourd’hui, nous ne sommes que deux aides-soignants pour un service de 25 patients.  La cadre de santé est venue nous passer de la pommade dans le dos, mais elle n’a trouvé personne pour nous aider…
         Nous avons dû faire le choix de faire le minimum de toilette.  Même en faisant ce choix, nous avons été en retard pour distribuer le repas du midi ! Ce jour-là même, certains patients n’ont eu aucune toilette !
(Petite douceur d’une pizzéria qui a offert des pizzas au service COVID 19 et à d'autres services de la clinique)
         Franchement c'était une journée super galère.
         Cerise amère sur le gâteau si l’on peut dire. Vers 19h30, 2 cadres hygiénistes, 1 cadre sup, 2 cadres de la direction du siège de la clinique sont venus nous expliquer comment se servir de masques, des gants, des sur-blouses, et des sur-chaussons, tout en nous confirmant que nous n’aurions qu'un masque ffp2 par jour ! Qu'il fallait se laver les mains à chaque fois que l'on sortait des chambres, mettre les tabliers en plastique pour faire les toilettes… Bref, tout cela on le sait depuis 20 ans !
         À la fin de cette pseudo réunion qui s'est tenue dans un couloir, les deux cadres de la direction du siège ont menacé tous les paramédicaux (aides-soignants, infirmiers, agent de service hospitalier, vacataires) de sanction lourde s’il y avait manquement aux directives de la direction.
         A partir de samedi, j'attaque mes vacations dans le service de réanimation (14 vacations).
          J'ai oublié : pas de vestiaire pour les vacataires. je me change dans les toilettes du public.
         Je suis payé en tant que vacataire, je travaille 12 heures par jour.
         La moyenne pour un aide-soignant, c'est environ 115 euros la vacation de douze heures. Moins de 10 euros par heure.