Guadeloupe
: la lutte continue.
02
Décembre 2021
La
révolte populaire qui se poursuit en Martinique et en Guadeloupe commence à
tinter très fort aux oreilles du gouvernement.
Sebastien
Lecornu, ministre des Outre-Mer, est venu aux Antilles. Il est resté dimanche
28 novembre après midi et lundi 29 en Guadeloupe, et le 30 en Martinique.
Samedi 27, près de 15 000 manifestants à Pointe-à-Pitre et Basse-Terre
avaient défilé avec les groupes de carnaval des quartiers aux côtés des
militants du mouvement de contestation. Une vraie marée humaine. La voilà donc,
cette minorité dont parle Macron ! Les deux défilés étaient extrêmement
impressionnants.
Pour ce
qui est de la Guadeloupe, la première visite de Lecornu est allée aux forces de
répression à la caserne de la Jaille. Il a d’ailleurs annoncé 70 gendarmes
supplémentaires, ainsi qu’un supplément de 10 gendarmes du GIGN. Voilà pour
l’arrogance.
Lundi
29 donc, la rencontre était prévue à la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre à 9
heures. Trois cents manifestants s’étaient rendus en face sur la place de la
Victoire quadrillée par les forces de police. Lecornu exigeait de la trentaine
d’organisations syndicales et politiques à l’origine de la révolte populaire
une délégation de seulement six personnes, puis de dix, à des négociations.
C’était une insulte : évidemment, la trentaine d’organisations ont exigé
la présence d’au moins un membre pour chacune.
Lecornu
a ensuite voulu imposer comme préalable que les organisations en lutte
condamnent « les violences. » Incroyable mais vrai ! Il n’était
pas venu pour tenter d’apaiser la révolte mais seulement pour faire une
démonstration politique, rencontrer certains élus et pérorer sur l’autonomie.
La
manifestation du lundi 29 novembre de plusieurs centaines de personnes sur la
place de la Victoire au son du tambour a duré longtemps après le départ des
délégations. Le voyage de Lecornu était un voyage pour la forme et pour
démontrer la fermeté de la République et de la « loi républicaine »,
il n’a eu que ces mots à la bouche. La loi du 5 août, la loi de la République,
sera maintenue. Mais les manifestants réclament le retour des travailleurs
suspendus et le paiement intégral de leurs salaires. Lecornu a reculé juste un
peu pour dire que l’échéance de la mise en règle du personnel de santé non
vacciné serait maintenant comme en Martinique reportée au 31 décembre. Ce petit
recul apparaît comme bien insignifiant à tous.
Mais la
démonstration contraire est venue de la rue car les barrages se sont
multipliés, la colère s’est amplifiée. L’île a été bloquée. Le soir du départ
de Lecornu, des barrages se sont enflammés un peu partout démontrant la colère
des militants et des jeunes. Mardi 30 novembre allait être encore une période de
blocage car beaucoup pensent que le niveau de la lutte doit encore monter.
Pierre
JEAN-CHRISTOPHE (Lutte ouvrière n°2782)