Dérives à
gauche
28 Février 2024
Depuis l’installation des
barrages, quand les représentants de la gauche ou des syndicats de Mayotte
s’expriment, ils reprennent le discours des Forces vives, contre l’insécurité
mais aussi contre les étrangers comoriens ou africains.
Interviewée sur Mayotte 1ère,
Yasmina Aouny, ancienne candidate LFI, a utilisé trois fois le mot
« terroristes » pour désigner les gangs de délinquants qui rançonnent
la population, avant de dénoncer l’occupation du stade de Cavani par des
réfugiés africains. Dans une interview à L’Humanité, Haoussi Boinahedja,
secrétaire général de la CGT Mayotte, a dénoncé « une immigration
d’appropriation, car l’État comorien revendique notre territoire ».
Bien sûr, la situation
d’insécurité et de violence subie par la population mahoraise, à commencer par
les classes populaires, est bien réelle et ne cesse de s’aggraver. La pauvreté
qui touche 75 % de la population, le chômage massif et la présence de
quelques dizaines de milliers d’enfants et de jeunes Comoriens livrés à
eux-mêmes, parce que leurs parents ont été expulsés, alimentent les gangs, les
vols et les agressions, y compris contre des écoles.
Cette situation insupportable est
d’abord la responsabilité de l’État français, qui maintient Mayotte dans un
état de sous-développement. Le secrétaire de la CGT le dit lui-même
clairement : « Le smic mahorais est inférieur de 25 % par
rapport au smic national ; le montant moyen de la retraite s’élève à 278
euros ; celui du RSA reste inférieur de moitié au RSA national. »
C’est aussi l’État français qui bloque à Mayotte des dizaines de milliers de
migrants ayant obtenu un titre de séjour « territorialisé »,
c’est-à-dire leur interdisant de partir à La Réunion ou en métropole. Ce titre
doit être renouvelé chaque année contre un timbre fiscal qui coûte 300 euros,
une somme importante à Mayotte.
Les habitants de Mayotte,
transformé en département français en 2011 sans en avoir la totalité des droits
et surtout sans moyens, ont donc bien raison de se sentir méprisés par l’État.
La représentante LFI ou le secrétaire de la CGT dénoncent à juste titre cette
situation. Mais quand ils reprennent à leur compte les propos xénophobes de
l’extrême droite et la propagande anti-Comores des notables mahorais qui ont
lié leur sort à la bourgeoisie française, ils sèment un poison mortel parmi les
classes pauvres. Ils apportent la caution de leurs organisations, supposées
progressistes, à une campagne xénophobe.
L’État français a manœuvré il y
a quarante ans pour séparer Mayotte du reste de l’archipel des Comores,
introduisant une frontière au sein du même peuple. Il porte une grande
responsabilité dans les guerres en Afrique qui poussent des femmes et des
hommes à chercher un exil à Mayotte ou ailleurs. Ces migrants ne sont en rien
responsables du chaos. En faire des boucs émissaires n’améliorera pas le sort
des travailleurs mahorais.
Un militant qui ne garde pas
cette boussole de classe ne peut défendre les intérêts des travailleurs. Les
travailleurs et les pauvres de Mayotte ont tout à perdre s’ils s’alignent
derrière des Forces vives dominées par les notables et gangrenées par l’extrême
droite.
Xavier
LACHAU (Lutte ouvrière n°2900)
Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :
-Aujourd’hui dimanche 3 mars, de 10 h15 à 10 h.55 devant l’Intermarché du
Centre ;
-et de 11 h. à midi marché Héloïse ;
-Lundi 4 mars : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à
Saint-Gratien ;
-Mercredi 6 mars : de 11 h.30 à midi, marché des Champioux.
Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est
aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la
Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.
Réservez votre billet
d’entrée pour notre banquet local qui aura lieu en journée le dimanche 24
mars prochain. Le prix du repas : 17 euros pour les adultes, 8 pour
les enfants jusqu’à 14 ans.