Retailleau : le narco-démagogue
Publié le 06/11/2024
Jeudi 31 octobre, à Poitiers lors de la soirée d’Halloween, un adolescent de 15 ans a été tué par des coups de feu tirés dans un kebab et quatre autres jeunes ont été blessés. Ce meurtre semble avoir été commis par trois individus liés au trafic de drogue.
L’enquête indique qu’il n’y a pas eu de rixe entre bandes, qu’il n’y avait qu’une cinquantaine de jeunes sur place et que le jeune assassiné n’avait aucun problème de délinquance. Il avait dit à sa mère vouloir s’acheter un sandwich et s’est retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.
Mais la version du ministère de l’Intérieur n’a rien à voir avec les faits. Loin de s’émouvoir de cette mort dramatique, le ministre l’a utilisée pour sa propre propagande. Il a diffusé dans les médias une version évoquant une rixe entre bandes impliquant entre 400 et 600 personnes, équipées de « toutes sortes d’armes. » Et Retailleau de fustiger les « narcoracailles », parlant d’un « point de bascule » dans le trafic de drogue, avec un risque de « mexicanisation » du pays.
Mensonges, récupération scandaleuse et amplifications lui servent à emballer ses inutiles discours. Car il n’a aucune solution à offrir face aux problèmes bien réels de la drogue et des violences qui ravagent bien des quartiers et endeuillent des familles. Comme tous les gouvernements précédents, il ne sait que promettre de nouvelles lois répressives, alors que les anciennes n’ont rien changé. Désormais Retailleau montre aussi du doigt les consommateurs, les accusant d’avoir du sang sur les mains et menace de sévir encore plus contre les dealers des quartiers.
Mais tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg, la partie visible d’un trafic international dont les vrais responsables, les vrais criminels ne portent pas casquette ni jogging mais des costumes d’hommes d’affaires. Le commerce de la drogue est l’un des plus lucratifs du monde. Il n’existe qu’avec la complicité de bien des banques qui blanchissent l’argent, de bien des gouvernements, de bien des dirigeants haut placés dans la police ou la justice. Mais ce n’est jamais dans cette direction que le doigt accusateur de Retailleau et de ses semblables est pointé. Car dans cette direction ils ne savent que s’incliner.
Charles Legoda (Lutte ouvrière n°