Israël :
un député antiguerre suspendu
Publié le 13/11/2024
Oler Cassif, député du Parti
communiste, a été suspendu du Parlement israélien, la Knesset, pour six mois
par la commission d’éthique de cette assemblée pour avoir dénoncé la barbarie
de la guerre menée par l’armée israélienne à Gaza.
Lorsque la Knesset a voté le 28 octobre à
la presque unanimité l’interdiction de l’UNRWA (l’agence de l’ONU venant en
aide aux Palestiniens), Cassif a fait partie des dix députés ayant voté contre
cette décision. Les neuf autres étaient les députés arabes de la Knesset :
quatre de la coalition du Parti communiste et cinq de la « liste arabe unie ».
L’exclusion d’Oler Cassif avait
déjà été demandée en février, à l’initiative d’un député du groupe « Israël
notre maison », parti officiellement dans l’opposition à Netanyahou. La raison
invoquée alors était qu’il avait soutenu la plainte déposée à l’échelle
internationale par le gouvernement sud-africain contre les massacres perpétrés
à Gaza. Il avait alors manqué 5 voix sur 90 pour atteindre les trois quarts de
voix nécessaires à son exclusion.
Maintenant que celle-ci est
effective, ce député affirme : « Mes déclarations politiques contre
l’occupation, le nettoyage ethnique, les crimes de guerre et le génocide commis
par le gouvernement israélien à Gaza – dont le monde entier est témoin – sont
parfaitement fondées. »
Cette exclusion intervient alors
que le 5 novembre,
Netanyahou a limogé son
ministre de la Défense,
Yoav Gallant. Ce dernier a reçu immédiatement un soutien des dirigeants des
quatre partis prétendant
représenter l’opposition
au gouvernement. Yoav Gallant est du même parti que Netanyahou, le Likoud, et
les désaccords affichés avec son Premier ministre concernent la marche de la
guerre, dont Gallant en tant que ministre de la Défense a assumé jusqu’à
présent toutes les étapes. C’est d’ailleurs Gallant qui, au lendemain du 7 octobre
2023, avait dit à propos
des Palestiniens : «
nous combattons des animaux humains ».
Parmi les dirigeants venus
soutenir Gallant, on trouvait le chef du Parti travailliste, Yaïr Golan, et le
chef du parti « Israël notre maison », Avigdor Liberman connu pour avoir
appelé, il y a quelques années, à « décapiter à la hache les Arabes
israéliens infidèles à Israël ». Telle est l’opposition parlementaire
officielle à Netanyahou, avec laquelle s’affiche le chef du Parti travailliste
et qui comprend des dirigeants pas moins réactionnaires, va-t-en-guerre et
anti-arabes que le gouvernement et ses alliés d’extrême droite.
Alors que l’échiquier politique
israélien est ainsi orienté vers l’extrême droite, les voix antiguerre, comme
celle d’Oler Cassif ou encore celles des 130 réservistes qui ont signé
récemment une pétition disant qu’ils ne retourneraient pas dans leur unité,
sont très isolées. Elles n’en sont pas moins le seul gage d’avenir.
Pierre Royan (Lutte ouvrière n°2937)