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mardi 25 février 2025

Valls, la colonie et ses défenseurs

 

Avec ces colonialistes qui n’apprendront jamais rien

 

 

EPA-EFE/Ludovic Marin

« Ici c’est la France !» : c’est par ce cri que Manuel Valls, ministre des Outre-Mer, a été accueilli en Nouvelle-Calédonie. Ceux qui lui ont réservé cet accueil voudraient que les descendants des colons et les populations non kanakes conservent leur statut privilégié dans l’île, alors que la population autochtone, les Kanaks, est la plus pauvre et la plus méprisée. 

Nul doute qu’ils sauront se faire entendre de Valls, représentant de l’État français qui a tué plusieurs personnes et en a arrêté des milliers d’autres afin de mettre fin à la révolte des Kanaks au printemps dernier.

samedi 18 janvier 2025

Nouvelle-Calédonie : manœuvres politiciennes et antiouvrières

 Nouvelle-Calédonie : manœuvres politiciennes et antiouvrières

Publié le 15/01/2025

Mercredi 8 janvier, Alcide Ponga, de la droite loyaliste, a été élu chef du gouvernement local à la place de l’indépendantiste Louis Mapou.

Louis Mapou a chuté le 24 décembre, au moment où les élus calédoniens au Congrès, le Parlement local, votaient les trois « réformes » fiscales exigées par Paris en échange d’une aide d’urgence de 236 millions d’euros. Ces « réformes » constituent une véritable attaque antiouvrière : instauration d’un jour de carence pour les fonctionnaires territoriaux, hausse de 50 % de l’équivalent calédonien de la CSG, qui touche directement les salariés, et une hausse de la TGC, équivalent local de la TVA. Les deux premières mesures ont été votées le 23 décembre à une très large majorité, par les élus anti-indépendantistes comme par les élus indépendantistes. Les députés ont même enchéri sur les exigences de Paris, en instaurant à l’unanimité le jour de carence dès le premier arrêt maladie et non au troisième, comme le proposait le gouvernement.

Si la hausse de la TGC n’a pas encore été votée, ce n’est pas en raison du caractère antipauvre de la mesure mais parce que, à la suite du deuxième vote, un des partis de droite a interrompu la procédure, en démissionnant du gouvernement de Louis Mapou, donc en le faisant chuter car il lui reprochait de négocier dans son coin avec Paris. Bayrou a alors accentué son chantage, informant les élus calédoniens que, comme seulement deux des trois mesures antiouvrières étaient votées, ils n’auraient que deux tiers de l’aide.

En Nouvelle- Calédonie, le gouvernement local est collégial, élu à la proportionnelle des 54 élus au Congrès. Grâce à l’alliance formée avec l’Éveil océanien, un parti qui veut représenter la communauté des îles du Pacifique, les partis indépendantistes ont eu la majorité en 2019, permettant à Louis Mapou, du Palika, de prendre la tête du gouvernement et au Kanak Roch Wamytan, de l’Union calédonienne, de prendre la présidence du Congrès.

Mais après la mobilisation de la jeunesse kanake et océanienne contre la réforme du corps électoral le 13 mai dernier, les partis ont multiplié les manœuvres. Les élections territoriales qui devaient avoir lieu fin 2024 ont été repoussées pour la fin 2025. L’Éveil océanien, qui a voulu prendre ses distances avec la révolte de la jeunesse, a fait chuter Roch Wamytan de la présidence du Congrès en s’alliant avec la droite loyaliste pour prendre sa place. Pour l’élection du gouvernement, l’Éveil océanien a réitéré la manœuvre en constituant une liste avec un des partis de droite, offrant ainsi une majorité aux anti-indépendantistes. C’est ainsi que le chef du gouvernement est maintenant Alcide Ponga, élu d’origine kanake, anti-indépendantiste et un des dirigeants de la droite loyaliste, symbole de l’intégration par l’État français d’une couche de notables kanaks. Cadre à la société Le Nickel, il a été un des directeurs de l’usine KNS, celle de la province Nord, jusqu’à sa fermeture au mois d’août dernier.

Les travailleurs de Nouvelle-Calédonie n’ont rien de bon à attendre de ce nouveau gouvernement ni d’aucun de ces partis de notables qui, même s’ils veulent se démarquer les uns des autres à l’approche des élections territoriales, veulent tous montrer à l’État français qu’ils sont responsables et capables de voter les mesures qui font payer les plus pauvres.

                                                        Serge Benham (Lutte ouvrière n°2946)

mercredi 30 octobre 2024

Nouvelle-Calédonie : l’arbitraire colonial

 

Rien n’est réglé. Ces militants sont toujours en prison

 

 

Christian Tein

La justice française a cassé la décision d'incarcérer en métropole, à 17000 km de chez eux, deux dirigeants kanaks, Christian Tein et Steeve Unë. Ils sont emprisonnés depuis le 19 juin pour leurs responsabilités dans la révolte contre la manœuvre du gouvernement qui aurait permis aux partis non-indépendantistes de l’archipel d’assurer leur domination sur les institutions locales.

Malgré la suspension du projet gouvernemental qui avait mis le feu aux poudres, rien n’est réglé. Ces militants sont toujours en prison, victimes du colonialisme.

samedi 26 octobre 2024

Nouvelle-Calédonie : les travailleurs du nickel attaqués

 Nouvelle-Calédonie : les travailleurs du nickel attaqués

Publié le 23/10/2024

Le 14 octobre, la Société Le Nickel (la SLN) a annoncé « mettre en sommeil » ses activités à Thio en Nouvelle-Calédonie. 230 salariés et 120 emplois indirects sont menacés.

La direction a promis que le dispositif de chômage partiel couvrirait les salaires des 230 salariés de la SLN. Mais cela ne sera de toute façon pas le cas pour tous ceux qui travaillent autour des mines. La SLN accuse les jeunes kanaks révoltés contre le dégel du corps électoral d’être responsables « de blocages, de menaces et d’intrusions répétées empêchant d’accéder et d’exploiter les mines ». Les jeunes ont bon dos. La mise en sommeil ressemble bien plus à une opportunité pour la SLN de ne plus avoir à payer ces salaires pendant plusieurs mois et de faire pression sur l’État et les collectivités pour obtenir de nouvelles subventions et autres ristournes, par exemple sur le prix de l’électricité.

C’est d’ailleurs ce même message que le patronat local a voulu faire passer au nouveau ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, venu en visite dans l’archipel du 16 au 19 octobre : le patronat, les notables locaux en veulent plus et plus vite.

Pourtant de l’argent, il y en a et, côté subventions, la SLN est aux premières loges. Elle est une société coloniale, la première société ayant implanté une usine transformant le nickel issu des mines de l’archipel pour l’exporter. La SLN a justement démarré ses activités à la fin du 19e siècle dans la commune de Thio, qu’on appelait alors Thio-les-Rothschild du nom de la banque propriétaire de l’époque. Exploitant des générations de travailleurs, de bagnards, d’engagés recrutés de force au Vietnam ou en Indonésie, et maintenant des travailleurs de toutes origines, elle est à la source de quelques fortunes en métropole. Elle est ainsi aujourd’hui une filiale d’Eramet, un trust spécialisé dans les matières premières appartenant à la famille de milliardaires Duval, 64e fortune de France. Darmanin lui-même affirmait il y a quelques mois que la filière nickel avait été subventionnée à hauteur de deux milliards d’euros en six ans et que la SLN en avait capté une grande part.

Pour les travailleurs de Nouvelle-Calédonie, pour les habitants de Thio, cette « mise en sommeil » est une nouvelle catastrophe après le licenciement fin août de 1 200 travailleurs de l’usine Nord – KNS – par le trust suisse Glencore. Comme le dit le maire de Thio, « toute l’économie, nos magasins, nos marchés dépendent de la mine ». En Nouvelle- Calédonie comme ailleurs, il faut renverser la dictature de ces trusts, en commençant par les exproprier.

                                                                   Serge Benham

lundi 21 octobre 2024

Argenteuil, Nouvelle-Calédonie, Frapper l’épopée, avec Alice Zeniter la connaissance et la réflexion au rendez-vous mercredi dernier au Jean Gabin

 

Grâce à Alice Zeniter et Benoît Trépied, une soirée de culture totalement réussie

 

 

Mercredi dernier, l’association du Livre Sous les couvertures et la MJC d’Argenteuil organisaient une soirée autour du dernier roman d’Alice Zeniter, Frapper l’épopée. Cet évènement se tenait au cinéma Jean Gabin totalement adapté pour ce genre de rencontre. Une centaine de participants, un succès.

         L’autrice a pu échanger avec un chercheur spécialiste de l’archipel néo-calédonien, Benoît Trépied. Ils se rencontraient pour la première fois. Les propos du scientifique ont fait totalement écho au fond historique et sociologique du roman de l’autrice, preuve que le roman d’Alice Zeniter est aussi un puits de connaissances stimulant la réflexion sur ce « Caillou » situé à 20 000 kilomètres d’ici, et qui est ici dans le pays une terre largement méconnue.

         La Nouvelle-Calédonie est le fruit d’un épisode colonial inauguré pour l’État français en 1853. Longtemps, les autorités escomptèrent que le peuple « premier » kanak qui l’occupait allait s’éteindre à la manière des aborigènes d’Australie. Il n’en fut rien. Il survécut mais fut relégué dans une partie Nord du territoire.

         La Nouvelle-Calédonie devint une colonie pénitentiaire. La Commune de Paris du printemps 1871 et la révolte des Mokranis kabyles de la même année, défaites l’une et l’autre, y envoyèrent leur lot de forçats. Louise Michel fut l’une d’entre eux. D’autres flux migratoires y compliquèrent le peuplement. C’est un fait majeur aujourd’hui.

         La Nouvelle-Calédonie est une société de la complexité avec ses conséquences, dont témoigne la situation politique de l’archipel du demi-siècle passé et l’actualité de ces derniers mois.

         L’objectif de cet « Atelier d’histoire » n’était pas de réfléchir et de supputer sur cette actualité récente et de faire des pronostics pour l’avenir. Il était d’apporter des connaissances en partant d’un roman qui aident à les poser. Mission remplie. Maintenant, lisez le roman d’Alice Zeniter, Frapper l’épopée.

         On se met à rêver, au vu de la satisfaction de tous à la fin de cette excellente soirée, que bien d’autres initiatives du même genre aient lieu régulièrement dans cette salle du Jean Gabin. DM

Frapper l’épopée, Alice Zeniter, Flammarion, 22 euros, bien sûr à la librairie du Presse-papier à Argenteuil