Ni
députés, ni chefs syndicaux : aux travailleurs de décider
22 Février 2023
« Spectacle honteux et désolant à
l’Assemblée » (Laurent Berger de la CFDT) ; « en empêchant
l’examen de l’article 7, LFI a voulu s’approprier le mouvement social »
(Philippe Martinez de la CGT) : les deux chefs de l’intersyndicale ont dénoncé
avec virulence l’obstruction des députés de la Nupes.
Il faut dire que le spectacle
donné pendant quinze jours à l’Assemblée nationale, par tous les députés, est
édifiant. Entre les macronistes, qui ont limité la durée des débats et n’ont
cessé de mentir comme des cochons, les députés LR qui ont marchandé chaque
ligne pour mieux soutenir la réforme, les RN qui prétendent s’opposer mais
dénoncent la grève et les manifestations, et la Nupes qui a déposé près de
20 000 amendements pour empêcher l’examen du projet, ce cirque aura convaincu
les travailleurs qui en doutaient encore que rien d’utile pour eux ne peut
sortir du Parlement.
Mais ce n’était pas la raison du
courroux des chefs syndicaux. Au contraire, en opposant « les
manifestants qui défilent de façon responsable contre les 64 ans » au « comportement
des députés LFI », Berger et Martinez laissent entendre que le
Parlement aurait pu modifier la loi, si les débats avaient été plus sereins.
Pour eux, comme pour les députés de gauche d’ailleurs, les manifestations
servent à faire pression sur le gouvernement et sur l’Assemblée pour qu’ils
acceptent amendements et concessions. Ils se gardent bien de dire aux
travailleurs qu’ils ne peuvent compter que sur leur force collective, sur leur
poids dans l’économie pour défendre leurs intérêts, et sûrement pas sur les
institutions, les élus de la République ou les tribunaux. Les chefs syndicaux,
quant à eux, aspirent à retrouver leur place, réduite par Macron, d’avocats
officiels des travailleurs auprès du gouvernement.
Martinez l’a formulé d’une autre
façon, en reprochant à Mélenchon et aux députés LFI de vouloir « faire
passer les organisations syndicales au second plan ». Le mouvement
contre la réforme des retraites, parce qu’il « ressemble à la
CFDT » comme l’a dit Laurent Berger, c’est-à-dire qu’il ne déborde
pas, à ce jour, le cadre et le rythme fixés par l’intersyndicale, permet à
celle-ci de montrer au gouvernement son utilité. Les chefs syndicaux ne veulent
pas se laisser voler la lumière par les politiciens, fussent-ils de gauche.
Pour défendre leurs intérêts,
pour empêcher ce recul sur la retraite ou pour ne pas tomber dans la pauvreté,
les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ils doivent engager la
lutte contre les capitalistes, donneurs d’ordres de Macron, et doivent se donner
les moyens de la diriger eux-mêmes par l’intermédiaire d’assemblées générales
et de comités de grève élus démocratiquement. C’est aux travailleurs mobilisés,
et à eux seuls, de décider de leur lutte.
Xavier LACHAU (Lutte ouvrière
n°2847)
Les prochaines
permanences prévues.
-vendredi de 17
h.15 à 18 h.15 au carrefour Babou ;
-lundi 27 février,
de 18 à 19 heures, centre commercial des Raguenets, à Saint-Gratien ;
-mardi 28
février, de 11 h. à midi centre commercial Jolio ;t-Curie
-mercredi 22
février, de 11 h. à 11 h.30 au marché
des Champioux.
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