Pour
rassembler 140 patrons de ces géants économiques, Macron n’avait pas fait les
choses à moitié. L’accueil au château de Versailles démontrait s’il en était
encore besoin que le pouvoir en place sert les patrons comme des rois. Le personnel
trié sur le volet, avec un Premier ministre au déjeuner, des entretiens à la
demande avec 16 membres du gouvernement l’après-midi, et un président fringant
pour le dîner : tout était fait pour répondre aux exigences de ces messieurs,
loin des oreilles pourtant bien rarement indiscrètes de la presse vis-à-vis des
milieux patronaux.
Il y
avait peu d’annonces nouvelles de la part des représentants du gouvernement, à
part de petites gâteries fiscales en faveur des hauts cadres s’installant ici.
Mais était-il nécessaire d’en faire vraiment plus quand, en moins d’un an,
l’exécutif peut déjà afficher à son actif la suppression de l’impôt sur les
grandes fortunes, des impôts fortement réduits sur les revenus financiers, la
baisse programmée de l’impôt sur les sociétés, des facilités nouvelles pour
licencier et la suppression de pans entiers du droit du travail ?
Au-delà
des ronds de jambe de damoiseau en direction des affairistes de tout poil, le
gouvernement voulait continuer à faire la démonstration d’une attractivité
nouvelle de la France depuis l’arrivée au pouvoir de Macron. À l’issue du
sommet, il a donc fait claironner par ses porte-parole les résultats qui
auraient été obtenus : environ 3,5 milliards d’investissements et la création
de 2 200 emplois. Mais en réalité il s’agit de décisions déjà prises, depuis
longtemps pour certaines, aussi bien les investissements de Toyota à
Valenciennes que la construction du nouveau siège de Novartis à
Rueil-Malmaison, commencée il y a trois ans.
Côté
emplois créés, l’entourloupe est du même calibre. Est comptée comme création
d’emplois la promesse par Manpower de faire signer 1 000 contrats de CDI
intérimaire, c’est-à-dire la transformation d’emplois intérimaires existants en
contrats qui condamnent à la précarité perpétuelle tout en supprimant les
primes censées la compenser en partie. Autre entreprise citée en exemple,
Google ne créerait au total que 30 emplois supplémentaires.
Macron
a donc réussi à détourner des grands patrons, le temps d’une après-midi, des
routes du sommet de Davos où ils se rendaient, en leur promettant un repas
étoilé à Versailles. Mais, loin de signifier une quelconque relance de
l’activité économique, il s’agit surtout d’esbroufe pour faire croire que tout
va de mieux en mieux, alors même qu’une bonne partie des groupes présents au
salon préparent de nouveaux plans de suppressions d’emplois partout dans le
monde et y compris ici.
Gilles
BOTI (Lutte ouvrière n°2582)