Martinique :
les agents de la Saur en grève
Les salariés de la Saur
Martinique ont entamé leur sixième semaine de grève commencée le 11 août. Leur
direction refuse de respecter des accords prévus en faveur des salariés et
aujourd’hui, pour « sortir du conflit », elle voudrait leur faire payer les
jours de grève.
Publié le 17/09/2025
Pour les travailleurs, organisés
avec leur comité de grève, il n’est pas question de payer ces journées car ils
ne sont nullement responsables du conflit. Le contrat d’attribution du marché
de la production et de la distribution de l’eau potable signé entre le groupe
Saur et la communauté d’agglomération Cap Nord a pris effet au 1er janvier
2025, et il était assorti d’accords concernant une prime dite « de bienvenue ».
Elle devait être versée aux salariés rejoignant la Saur en début de marché,
soit la majorité des agents provenant du délégataire précédent. La vingtaine de
salariés déjà présents à la Saur Martinique devaient, eux aussi, bénéficier
d’une prime d’un même montant suite à un accord interne.
En début d’année, les salariés
n’ayant pas connaissance des termes exacts de l’accord, la direction s’est
permis de ne leur verser que la moitié de la prime. Puis, au moment de verser
la seconde moitié, elle a décrété que le montant serait conditionné aux
résultats, ce qui ne figurait nullement dans le contrat ! Elle ajoutait que le
versement de cette prime tiendrait lieu de NAO (négociation annuelle
obligatoire), en déclarant 2025 « année blanche ». Après ces déclarations
malhonnêtes et mensongères, elle s’est trouvée face à un mur. Salariés arrivant
dans la société ou anciens se sont mis en grève pour obtenir leur prime sans
condition. Un comité de grève de onze grévistes s’est mis en place pour
organiser leur mouvement, et une assemblée générale se réunit matin et soir
pour prendre les décisions.
Depuis, la direction emploie
toutes sortes de méthodes pour essayer d’affaiblir le mouvement. Elle souffle
le chaud et le froid, essaye de diviser les grévistes entre anciens et nouveaux
dans la société. Mais ceux-ci restent soudés et déterminés. Lorsque le
directeur a eu la mauvaise idée d’utiliser l’expression à connotation
méprisante « ces gens-là » pour désigner les agents arrivant dans la société, il
n’a fait que soulever une indignation générale.
Ces messieurs de la Saur
bénéficient néanmoins d’une forme de complaisance des autorités et au moins
d’une certaine mollesse de la plupart des élus des communes du Nord. À compter
du 29 août, le préfet a adressé des réquisitions aux grévistes. La
Saur, quant à elle, a décidé de se faire aider d’un médiateur pour sortir de ce
conflit dans lequel, en plus de la mauvaise foi, elle a accumulé les
irrégularités. De leur côté, les grévistes ont organisé des distributions de
tracts dans les communes et des réunions avec la population. Ils bénéficient de
son soutien malgré les perturbations de la distribution d’eau entraînées par la
grève.
Malhonnêtetés, agissements
retors, mépris : pour ces capitalistes, en Martinique comme ailleurs, tout est
bon pour exploiter les travailleurs et faire rentrer les profits. Les
grévistes, eux, restent déterminés et n’entendent nullement se laisser faire.
Marianne Tibus (Lutte ouvrière
n°2981)