Israël,
bras armé de l’impérialisme
01 Novembre 2023
« Les appels à un cessez-le-feu
sont des appels à se rendre face au Hamas. Cela ne se fera pas », a
déclaré Netanyahou, le 30 octobre. C’est dans le droit fil de ce qu’il répète
depuis des semaines, en écrasant sous les bombes la population civile de Gaza.
Dès le lendemain de l’attaque
dévastatrice du Hamas, s’adressant aux médias face au quartier général de
l’armée israélienne, Netanyahou avait déjà martelé par trois fois : « Nous
sommes en guerre. » De tels propos, on aurait pu les entendre un peu
n’importe quand depuis au moins un demi-siècle, car la politique des
gouvernements israéliens a toujours été de s’imposer par la force aux
populations arabes de Palestine et des pays voisins.
Des
guerres incessantes
En 75 ans d’existence, Israël a
mené six guerres régionales : celle de 1948 qui suivit la création de cet
État et l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens ; celle de
1956, où Israël soutint par les armes Paris et Londres contre l’Égypte qui
avait nationalisé le canal de Suez ; celle des Six-Jours, en 1967, qui
aboutit à l’occupation de Gaza, de la Cisjordanie, du plateau du Golan et du
Sinaï ; celle du Kippour, en octobre 1973, contre l’Égypte et la
Syrie ; l’invasion du Liban en 1982, avec les massacres des camps de
réfugiés de Sabra et Chatila par l’extrême droite libanaise, couverte par
l’armée israélienne ; une seconde guerre du Liban, en juillet 2006.
Il faut y ajouter une multitude
d’opérations armées d’Israël, dites de représailles ou préventives, contre ses
voisins et contre les Intifadas, ces soulèvements de la population
palestinienne dans les territoires occupés. Sans oublier plus d’une centaine
d’assassinats de dirigeants palestiniens et libanais menés par les services
secrets israéliens entre 1979 et 1983, dont les instigateurs disaient qu’ils
visaient à installer un « sentiment d’insécurité » au Liban,
provoquant des réactions qui pourraient servir de prétexte à une invasion
armée.
L’oppression systématique de la
population palestinienne et la répression de ceux qui la refusent, constituent
depuis des décennies le noyau de la politique des gouvernements d’Israël,
d’abord socialistes, puis de plus en plus à droite. Ces derniers mois, 23
divisions ont été envoyées en Cisjordanie pour briser les réactions des
Palestiniens à l’intensification des saisies de terres et aux créations de
colonies juives sur leur territoire. Par leur choix de s’aligner sur
l’impérialisme et de servir de bras armé des États-Unis au Moyen-Orient, en se
faisant les oppresseurs des populations arabes, ces gouvernements ont conduit
leur propre peuple, le peuple d’Israël, dans une impasse.
La succession de guerres,
d’opérations militaires plus ou moins vastes, avec le maintien sous les armes
de la population israélienne, l’écrasement des Palestiniens, ont fait de la vie
un enfer pour les populations arabes, mais aussi pour la population
israélienne. Celle-ci est ainsi contrainte de vivre sur le pied de guerre, dans
un environnement rendu de plus en plus hostile par la politique belliciste de
ses propres dirigeants.
Le
prétexte de la sécurité
Membre du gouvernement depuis
1996, puis à sa tête avec de rares intermèdes, l’homme de droite Netanyahou
s’était vanté d’assurer, par la force, une sécurité absolue aux Israéliens.
Avec le Dôme de fer, une défense aérienne de pointe, il prétendait mettre le
pays à l’abri des tirs de missiles du Hamas depuis Gaza et du Hezbollah depuis
le Liban. Et si cela ne parvenait pas à sanctuariser Israël, il suffisait de
bombarder Gaza et de soumettre sa population à un blocus total.
Ce discours sécuritaire visait à
faire croire que « nous avions le droit de faire n’importe quoi, que nous
ne paierions jamais le prix ni ne serions punis pour cela », comme l’a
écrit le quotidien israélien de centre-gauche Haaretz après le massacre
du 7 octobre. Certains en venaient même à ne plus voir l’effroyable réalité à
leur porte. Ainsi, les jeunes venus à une rave party tout près de Gaza sont
tombés sous les balles du Hamas pour avoir oublié, dit Haaretz, qu’il
est « impossible d’emprisonner deux millions de personnes sans payer un
lourd tribut ».
On voit les résultats de cet
engrenage. Ils sont horribles pour les Gazaouis comme pour les Israéliens, mais
aussi pour les habitants de Cisjordanie, victimes de pogromes de la part de
colons chauffés à blanc par l’extrême droite et protégés par l’armée
israélienne. Et ce n’est probablement qu’un début. Netanyahou a déclaré à Biden
et à Macron que cette guerre serait longue. Et quand ce chef d’un cabinet de
guerre, qui englobe en une union sacrée les partis de la gauche à l’extrême
droite, déclare que « tout membre du Hamas est un homme mort »,
il affirme qu’il va poursuivre ce que font les dirigeants israéliens depuis des
années, et qui a conduit à la situation tragique actuelle, sous le regard
complice des grandes puissances, États-Unis en tête.
Les dirigeants israéliens
s’assoient sur les centaines de résolutions de l’ONU leur enjoignant de quitter
la Cisjordanie, au lieu de la coloniser en n’en laissant que des confettis à
l’impuissante Autorité palestinienne. Mais les grandes puissances n’en ont que
faire. De même, du fait du blocage israélien, les accords d’Oslo, passés il y a
trente ans entre l’Israélien Rabin et le Palestinien Arafat sous le patronage
de Clinton, n’ont jamais abouti à la création promise d’un État palestinien.
Tout cela convient aux puissances impérialistes, trop contentes qu’elles sont d’avoir
un peuple à leur disposition pour défendre leurs intérêts, un peuple gardien de
prison des Gazaouis, mais lui-même captif des intérêts de l’impérialisme.
Les dirigeants israéliens font de
leurs citoyens les supplétifs à vie et forcés des armées occidentales. Une
partie de la population israélienne le perçoit, au moins confusément, et il est
urgent d’ouvrir une perspective autre que cette sanglante fuite en avant. Elle
implique la rupture avec l’impérialisme, pour instaurer une véritable
coexistence des peuples israélien et arabes, dans le respect de leurs droits
nationaux respectifs. Pour défendre une telle politique, des organisations
communistes comme celles qui ont existé dans la région après la révolution
russe de 1917 doivent resurgir. Car seule cette voie révolutionnaire pourra
ouvrir une issue aux classes laborieuses, en Palestine comme en Israël et dans
tout le Moyen-Orient.
Pierre
LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2883)
Les prochaines
permanences prévues :
-Lundi 6
novembre, de 18 h. à 19 h. centre commercial des Raguenets ;
-Mercredi 8
novembre, de 11 h.30 à midi marché des Champioux ;
Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est aussi en vente à la
librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la Terrasse du
quartier du Val-Nord que nous remercions.
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la situation au Proche-Orient. Ce sont des articles dont la lecture est
particulièrement nécessaire actuellement.