Grèce : la croisière s’amuse
Publié le 03/07/2024
Vendredi 21 juin, un incendie a détruit une partie de la végétation de l’île très touristique d’Hydra, au sud-ouest d’Athènes. La responsabilité en incombe à des incendiaires parfaitement identifiés qui ont pris la fuite sans vergogne.
C’est en effet un feu d’artifice tiré pour agrémenter la croisière des passagers du Persephoni, un yacht de luxe, qui a déclenché l’incendie. D’après la presse grecque, des fonctionnaires ont révélé que figuraient sur la liste des passagers de riches hommes d’affaires kazakhs de l’entourage de l’ancien président Nazarbaïev, des oligarques enrichis dans l’exploitation pétrolière et impliqués dans des affaires douteuses.
L’un d’eux, à la tête d’une fortune de plusieurs centaines de millions de dollars, aurait loué avec quelques amis ce yacht pour au moins 200 000 euros la semaine. Leur forfait accompli, ils sont retournés à Athènes et ont pris tranquillement un avion de ligne régulière pour rentrer chez eux.
L’affaire fait scandale : l’île d’Hydra, renommée pour sa végétation, a perdu la plus grande partie de sa seule forêt de pins. La population, maire en tête, est en colère. Mais cela dépasse le problème local, d’abord parce que le risque d’incendie est une source d’angoisse dans tout le pays, et d’ailleurs, la même semaine, on comptait 45 départs de feux et des villages évacués dans différentes régions. Mais c’est aussi l’incroyable impunité des vrais responsables qui scandalise. Seuls les membres de l’équipage ont été interpellés, puis libérés sous caution, sauf le capitaine et son second. Ils risquent jusqu’à 200 000 euros d’amende et vingt ans de prison !
Sylvie Maréchal (Lutte ouvrière n°2918)