Nathalie
ARTHAUD : “ Ma première mesure ? L’abolition du secret des affaires ”
02 Mars 2022
Entre le 22 et le 27 février,
Nathalie Arthaud a tenu trois meetings, à Bourges, au Mans et à Nice. Elle est
aussi intervenue dans une réunion de travailleurs de la RATP et de la SNCF à
Paris, ainsi qu’au banquet Lutte ouvrière de Maisons-Alfort.
Au cours de ses interviews dans
les médias, comme dans les débats organisés lors des meetings, il arrive
fréquemment que l’on demande à Nathalie quelle serait sa première mesure si
elle était présidente. Sa réponse – l’abolition du secret des affaires – met en
lumière le sens de sa campagne. Bien sûr, répond-elle, elle ne pourrait être
élue que dans un contexte de combattivité retrouvée du monde du travail, de
luttes multipliées, d’une mobilisation importante. Aussitôt une telle mesure
prise, il faudrait donc que les travailleurs en lutte s’en emparent et imposent
eux-mêmes la transparence, sur place, dans les entreprises et dans les banques,
en s’appuyant sur les travailleurs qui s’occupent de la comptabilité. Il
faudrait mettre en lumière les bénéfices réalisés par les entreprises, les
marges, l’utilisation faite de l’argent, les relations avec les fournisseurs et
les donneurs d’ordres, les montants des salaires. Rendre publiques toutes ces
informations ne serait plus passible de harcèlement, de renvoi ou de procès. À
la différence de la situation actuelle, cela aurait force de loi !
Un ancien routier a fait
remarquer qu’on devrait aussi faire un audit du gouvernement, « comme
il en existe dans les entreprises ». En effet, mais cet audit devrait
être effectué par les travailleurs et selon leurs propres critères. On verrait
alors qu’il y a assez d’argent dans la société pour satisfaire les besoins du
monde du travail, avant les intérêts des actionnaires. On verrait que c’est une
question de choix, et les travailleurs pourraient imposer les leurs propres.
Il arrive par exemple que l’on
s’étonne auprès de Nathalie de la revendication de 2 000 euros minimum
pour les salaires et les pensions, tant les revenus des travailleurs sont bas
aujourd’hui. Mais, dans une de ces réunions, un travailleur a estimé que
2 000 euros ne suffiraient même pas, dans sa situation, pour vivre
correctement ! Eh bien, si l’on dévoilait les comptes, les chiffres
d’affaires des entreprises et même, pourquoi pas, la fortune des actionnaires,
les travailleurs eux-mêmes fixeraient le montant des salaires qu’ils peuvent et
doivent verser à chacun en fonction de ses besoins. Contre le chômage, ils
pourraient répartir le travail existant entre tous, embaucher et aussi établir
des listes d’emplois nouveaux à créer immédiatement dans chaque secteur.
L’entrée des troupes russes en
Ukraine suscite bien sûr beaucoup d’émotion et de questions. Nathalie a pu
répondre en condamnant l’action de Poutine, qui ne se soucie ni des
travailleurs ukrainiens, ni même des travailleurs russes, mais joue un bras de
fer avec les pays de l’OTAN. Mais, a-t-elle ajouté, il faut d’abord « balayer
devant sa porte », c’est-à-dire dénoncer ici en France, contrairement
à ce que font les autres candidats de tous bords, les visées impérialistes des
États-Unis et de l’Union européenne. Par leur pression économique et militaire,
ils partagent la responsabilité d’un conflit qui dure depuis huit ans et vient
de franchir une nouvelle étape.
Notre perspective est que les
travailleurs du monde entier renversent le pouvoir des capitalistes et prennent
collectivement les rênes de la société. On a demandé à Nathalie si elle pensait
qu’il fallait bloquer les comptes des oligarques russes. Elle a remarqué que,
puisque cela s’avère possible, les travailleurs pourraient à bon droit bloquer,
outre les comptes des oligarques, ceux de tous les capitalistes d’ici qui,
lorsqu’il s’agit d’ouvrir les cordons de leur bourse, menacent toujours de
partir avec leurs capitaux !