Nouvelle-Calédonie :
les travailleurs du nickel attaqués
Publié le 23/10/2024
Le 14 octobre, la Société Le
Nickel (la SLN) a annoncé « mettre en sommeil » ses activités à Thio en
Nouvelle-Calédonie. 230 salariés et 120 emplois indirects sont menacés.
La direction a promis que le
dispositif de chômage partiel couvrirait les salaires des 230 salariés de la
SLN. Mais cela ne sera de toute façon pas le cas pour tous ceux qui travaillent
autour des mines. La SLN accuse les jeunes kanaks révoltés contre le dégel du
corps électoral d’être responsables « de blocages, de menaces et
d’intrusions répétées empêchant d’accéder et d’exploiter les mines ». Les
jeunes ont bon dos. La mise en sommeil ressemble bien plus à une opportunité
pour la SLN de ne plus avoir à payer ces salaires pendant plusieurs mois et de
faire pression sur l’État et les collectivités pour obtenir de nouvelles
subventions et autres ristournes, par exemple sur le prix de l’électricité.
C’est d’ailleurs ce même message
que le patronat local a voulu faire passer au nouveau ministre des Outre-mer,
François-Noël Buffet, venu en visite dans l’archipel du 16 au 19 octobre : le
patronat, les notables locaux en veulent plus et plus vite.
Pourtant de l’argent, il y en a
et, côté subventions, la SLN est aux premières loges. Elle est une société
coloniale, la première société ayant implanté une usine transformant le nickel
issu des mines de l’archipel pour l’exporter. La SLN a justement démarré ses
activités à la fin du 19e siècle dans la commune de Thio, qu’on
appelait alors Thio-les-Rothschild du nom de la banque propriétaire de
l’époque. Exploitant des générations de travailleurs, de bagnards, d’engagés
recrutés de force au Vietnam ou en Indonésie, et maintenant des travailleurs de
toutes origines, elle est à la source de quelques fortunes en métropole. Elle
est ainsi aujourd’hui une filiale d’Eramet, un trust spécialisé dans les
matières premières appartenant à la famille de milliardaires Duval, 64e fortune
de France. Darmanin lui-même affirmait il y a quelques mois que la filière
nickel avait été subventionnée à hauteur de deux milliards d’euros en six ans
et que la SLN en avait capté une grande part.
Pour les travailleurs de
Nouvelle-Calédonie, pour les habitants de Thio, cette « mise en sommeil » est
une nouvelle catastrophe après le licenciement fin août de 1 200 travailleurs
de l’usine Nord – KNS – par le trust suisse Glencore. Comme le dit le maire de
Thio, « toute l’économie, nos magasins, nos marchés dépendent de la mine ».
En Nouvelle- Calédonie comme ailleurs, il faut renverser la dictature de ces
trusts, en commençant par les exproprier.
Serge Benham