Affichage des articles dont le libellé est Bonnes lectures de l'été 2021. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bonnes lectures de l'été 2021. Afficher tous les articles

vendredi 27 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (55), Zouleikha ouvre les yeux, de Gouzel Iakhina, Éditions Noir et blanc, ou Libretto

 

Un roman russe sur les années 1930 tout en finesse

 


 

C’est un très bon livre. Il est extrêmement crédible, même s’il se rapporte à une  période folle de l’histoire de l’Union soviétique, celle de la « dékoulakisation » des années 1930, au moment de la collectivisation forcée. Les koulaks étaient alors pour la plupart des paysans un peu plus aisés que la masse misérable des paysans. Le couple de Zouleikha possède un cheval et une vache…

         Rien de simplifié dans ce roman, non une voie nette et droite sur laquelle Zouleikha se dirigerait vers l’émancipation et la conscience. Des petits pas, mais des reculs également, bref, un chemin tortueux, humain, qui la fait ouvrir les yeux sur un certain nombre de plans, et entendre, même si c’est très dur, ce qu’elle est et ses désirs, à travers des expériences de la vie, nouvelles pour elle.

         On est donc loin des romans du réalisme soviétique, avec ses héros taillés d’un seul bloc, qui ne sont pas humains, car ils n’existent pas dans la réalité. Ils furent seulement bons pour la propagande, et « l’édification » de la population.

         Zouleikha se retrouve sur le chemin de la relégation, au milieu d’un groupe hétérogène de condamnés à l’exil sibérien, composé de paysans certes mais aussi d’intellectuels et d’artistes.

         Ce groupe est dirigé par un « commandant », un militant communiste, mais qui conserve un certain nombre d’interrogations, et surtout un aspect humain, c’est-à-dire, là encore, réel. Ce convoi, ses membres  et son commandant se retrouvent oubliés au bord d’un fleuve sibérien. Le groupe va devoir, dans les circonstances d’une  nature très rude établir les moyens de sa survie. La petite colonie va « robinsonner » et survivre.    Et puis, il y a la taïga, un univers où l’on irait personnellement bien s’y perdre, de loin sans doute. Le temps d’une lecture au moins on y est.

         Et l’amour est bien présent, et là encore, tout en finesse.

         Une petite remarque personnelle. Je n’aime pas trop les quelques passages oniriques, mais ils sont rares et se lisent néanmoins très bien.

         Un beau roman russe, et surtout, un grand roman.

dimanche 22 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (54 et dernier), Les enfants de l’Arbat, d’Anatoli Rybakov, Livre de poche

 Chaque jour depuis début juillet, je vous ai proposé une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. J’ai épuisé mon stock de ces bonnes lectures. La rubrique reviendra avec mes prochaines bonnes lectures. La présente brève est donc la dernière du genre. DM

L’horreur du stalinisme


 

Anatoli Rybakov avait grandi dans le quartier de l'Arbat, avant d'être condamné en 1930 à trois d'exil puis à treize ans de bannissement de Moscou

« Exil et bannissement. Les Enfants de l'Arbat racontent le destin de jeunes moscovites du quartier de l'Arbat dans les années 30: dominé par la figure sinistre de Staline, c'est le premier roman russe contemporain à prendre à bras-le-corps la tragédie du stalinisme, en mettant en scène le dictateur lui-même, à travers de longs monologues. » (Babelio)

         Ce livre est resté longtemps dans un de mes tas de mes livres à lire. Une lecture très tardive, et donc un grand regret.

samedi 21 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (53), Papa, qu’as-tu fait en Algérie, Raphaëlle Branche, La découverte, 512 pages

 

Chaque jour jusque fin août, si je le peux, je vous propose une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain.DM

 

Avoir 20 ans en Algérie pour une guerre sans nom

Ils sont un grand nombre encore autour de nous à avoir été appelés en Algérie, de 1954 à 1962. Certains n’ont pas vu grand-chose de la Guerre, d’autres ont vécu l’horreur. Tous sont marqués à jamais par ces mois passés loin de la métropole des Trente Glorieuses (Lire les premières pages du grand livre de Philippe Labro, Les feux mal éteints).

         La mémoire de ces temps de rupture est lourde à porter. Comme pour d’autres grandes épreuves, celle-ci conduit au silence.

         C’est cette mémoire et tous se alentours que l’auteur tente d’exhumer.

         C’est une belle réussite d’enquête. Très émouvante de surcroît. Et un récit qui se lit très facilement.

vendredi 20 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (53), Dites-lui que je suis un homme, de Ernest J. Gaines, Liana Lévi, 304 pages

Chaque jour jusque fin août, je vous propose une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain.DM

Face au racisme et au mépris, la dignité

 


Je l’avais oublié dans mon calepin des lectures. C’est pourtant une de mes meilleures lectures de l’année écoulée. 5 sur 5 sur mon échelle de lecture. Il n’y en a que trois quatre qui récoltent ces étoiles l’an. Un livre percutant. Un réquisitoire sans appel.

         Le plus simple, reprenons ce qu’en dit Babélio : « Dans la Louisiane des années quarante, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé d'avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l'avocat commis d'office. Si le verdict ne fait aucun doute, l'accusé, lui, décide de mener un combat pour retrouver aux yeux de tous sa dignité humaine... ». Rien à ajouter

jeudi 19 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (52), Le corps noir, de Dominique Manotti, au Points-Seuil, 288 pages

Chaque jour jusque fin août, je vous propose une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain.DM

Quelles que soient les circonstances, l’État doit rester debout

De la détente, si l’on peut dire, voilà donc un roman policier. Avec Dominique Manotti, le fonds est toujours social et historique. En l’occurrence, nous voilà dans les deux derniers mois de l’occupation allemande. Le Débarquement vient de se produire sur les côtes normandes, mais les SS allemands et la Gestapo française sont toujours là. Liés à eux, les industriels et les banquiers, bref la bourgeoisie. La pègre les accompagne…

         Pas joli joli, d’autant plus que la fin approche, et que les retournements de veste vont bon train. Il en va de même pour la police parisienne…

mercredi 18 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (51), Dans la mer il y a des crocodiles, d’Enaiatollah Akbari et de Fabio Geda, chez Liana Lévi, 173 pages

Chaque jour jusque fin août, je vous propose une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain. (Le conseil d’aujourd’hui relève d’une lecture personnelle qui date de quelques années. Mais les évènements d’Afghanistan et la politique de Macron m’ont donné envie de rappeler cette ancienne mais très bonne lecture) DM

 

Migrer, une fantaisie ? Tant que le monde sera ce qu’il est…

 


Enaiat a dix ans lorsque sa mère l’oblige à fuir leur petit village en Afghanistan. Elle l’abandonne de l’autre côté de la frontière, au Pakistan, Il s’agir de le protéger car Enaiat appartient une ethnie persécutée par une autre, celle des Pachtounes, et par les Talibans. Pour lui débute alors un périple de cinq années jusqu’en Italie en passant par l’Iran, la Turquie et la Grèce. Cinq années pour connaître enfin le début d’une vie sans la crainte de mourir.

Un livre profondément émouvant, à lire et à faire partager.

mardi 17 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (50), La rue, de Ann Petry, 10-18

Chaque jour jusque fin août, je vous propose une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain. DM

Universel, le combat des pauvres pour survivre

 


Les années 1940 à Harlem, New-York, États-Unis. L’armée des États-Unis est entrée dans la guerre. Les conséquences de la crise des années 1930 ne sont toujours pas supprimées. La vie des habitants est très difficile, dans ce quartier noir, pour les femmes en particulier.

         Voilà l’histoire d’une femme seule, assaillie de multiples difficultés qui tente de s’en sortir, pour elle-même et pour son fils. Se battre pour qu’ils connaissent une vie meilleure.

         En toile de fond, les murs qui séparent les Blancs et les Noirs aux États-Unis, la ségrégation spatiale que subissent les seconds, et le pourrissement de la société toute entière que la misère génère.

         Oui, nous sommes aux États-Unis, mais cela évoque bien d’autres lieux, ici et ailleurs, et en d’autres temps.

         Un déterminisme inexorable entraîne les individus. Cette mère célibataire combative est victime d’un univers où règnent toutes les corruptions et les trafics. Mais malgré tout, il y a peut-être dans ce tunnel sombre de la rue, une petite lueur…

lundi 16 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (49), Fenua, de Patrick Deville, Le Seuil

Chaque jour jusque fin août, je vous propose une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain. DM

Voyages, diversité, un seul monde

 


J’ai pu lire Fenua avant qu’il ne sorte. Ce sera chose faite jeudi qui vient.

         C’est la dernière étape en date, le dernier livre, du grand voyage de Patrick Deville. Ce coup-là, le voyage nous amène en Polynésie, ce grand Fenua sur des milliers et des milliers de kilomètres de la mer océane. Fenua signifie « territoire »en tahitien.

Cela fait maintenant quelques livres que je lis de cet auteur. Toujours le même plaisir. Entre hier et aujourd’hui, histoire et géographie, son parcours personnel et le parcours des êtres rencontrés.

Comme toujours donc, dans Fenia, on fait beaucoup de rencontres, des marins découvreurs, des romanciers de l’exotisme tel Pierre Loti, Gauguin,  et des personnalités très particulières comme Victor Segalen ou Alain Gerbeau. Et d’autres, des simples, comme vous et moi.

Il est temps d’embarquer. Rejoignez vos rêves, et visitez ces îles où vous n’irez sans doute jamais.

dimanche 15 août 2021

Bonnes lectures de l’été 2021 (48), En Birmanie, de George Orwell, chez 10-18, 357 pages

Chaque jour jusque fin août, je vous propose une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain. DM

 

L’impérialisme britannique aussi barbare que… l’impérialisme français

 


Un grand moment de lecture. Très instructive, mais c’est néanmoins un vrai roman, basé sur l’expérience de l’auteur. Durant cinq années, de 1922 à 1927, celui-ci fut, mais oui, chef de la police d’un district reculé de Birmanie. Cette Birmanie, une part importante de l’immense empire colonial britannique des Indes et qui le resta jusqu’en 1948.

         Lorsqu’il arrive, Georg Orwell a 19 ans donc. Il va connaître cinq années d’isolement au sein d’une petite communauté de coloniaux, bien séparés de la population birmane qui la sert. C’est son expérience de l’exploitation coloniale des hommes et du pays, que relate l’auteur. Mais cette longue expérience le marquera à jamais, et aboutira à l’engagement personnel ultérieur que l’on connaît.

         Ce livre très riche avec une belle intrigue romanesque est un des meilleurs romans que j’ai lus sur ce thème du colonialisme.