Marins-pêcheurs
: dans la nasse de la crise
01 Mars 2023
Samedi 25 février, plus de six
cents personnes étaient réunies à Pont-l’Abbé, dans le Finistère, pour
protester contre le plan de sortie de flotte consécutif au Brexit.
Ce dispositif conduit à envoyer à
la casse 26 bateaux immatriculés au Guilvinec et à Loctudy, soit la moitié de
la flotte de ces ports, à débarquer leurs équipages et à menacer les emplois
des travailleurs de la filière.
Sur les 40 000 habitants de
la région, le pays bigouden, 2 000 vivent de la pêche, directement ou
indirectement. Après sa sortie de l’Union européenne, la Grande-Bretagne a
restreint l’accès de ses eaux aux pêcheurs des autres pays. Cela a mis de fait
des dizaines de bateaux au chômage, précisément ceux qui ont la taille,
l’équipement et l’habitude de travailler dans les eaux britanniques. Pour faire
passer la pilule et parce que cela cadre avec leur politique générale de
réduction du nombre d’artisans pêcheurs, les pays concernés proposent des plans
de sortie de flotte financés par l’Union européenne. L’Irlande dispose ainsi de
75 millions d’euros pour désarmer 57 navires, la France de 65 millions pour 90
navires.
La prime de sortie de flotte est
calculée selon la taille du navire et comprend les éventuelles indemnités de
licenciement de l’équipage. Le patron du chalutier hauturier du Guilvinec An
Triskell, cité par Le Télégramme, indique qu’il percevra
870 000 euros. 270 000 euros serviront à finir le payer le bateau,
200 000 à payer les fournisseurs, 300 000 aux impôts. Il restera
100 000 euros pour payer le prix d’une vie en mer. Six marins seront bons
pour pointer au chômage. Et que dire des travailleurs à terre, dans les criées,
les usines, la réparation et la logistique, qui perdront leur emploi sans bruit
d’ici quelques semaines ?
Au-delà de ce plan conjoncturel
post-Brexit, la destruction de la petite pêche et de ses équipages se
poursuivra. Tout simplement parce que la loi du profit, la concentration du
capital, l’augmentation de la taille des bateaux et de leurs engins de pêche,
ont vidé les eaux européennes de leurs poissons et attisé la concurrence entre
les grands armements au détriment des plus petits. Les règlements de l’UE, les
gouvernements, les discours des gestionnaires du système sont bien incapables
de mettre fin à cette évolution du capitalisme aussi naturelle que désastreuse.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2848)
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