La France
insoumise : Mélenchon veut nous faire marcher
Les 25 et 26 novembre, Mélenchon
a réuni son mouvement La France insoumise. Il s’agissait de fixer un cap à ses
militants, dont certains sont semble-t-il déboussolés par la situation, et
d’indiquer ses objectifs politiques : il est clair qu’il veut, durant la
présidence de Macron, apparaître comme la seule véritable opposition de gauche
et s’imposer contre tous les autres candidats à ce rôle.
Le leader de La France insoumise
a commencé par répondre à l’éventuelle démoralisation de ceux qui ont été déçus
par la mobilisation contre les ordonnances Macron. Il a rejeté la faute sur les
directions syndicales et leur désunion, qui aurait contribué à désorienter les
travailleurs. Au passage, il se dédouanait lui-même de l’accusation d’avoir
contribué à cette désunion en fixant sa propre journée d’action le 23 septembre
sans en avoir discuté avec personne. Le fait est pourtant qu’il ne visait pas à
mobiliser les travailleurs mais plutôt à saisir une occasion de s’afficher
comme le véritable opposant à Macron.
Après avoir donc affirmé que La
France insoumise avait « fait son devoir », Mélenchon en est venu aux objectifs
de la période à venir. Il a rappelé les différents points de son programme,
dans lequel on peut trouver de tout : contre le « carcan européen », contre les
cadeaux aux riches, pour la République laïque sans que soit menée une guerre de
religion, pour la défense des communes, « base de la liberté des Français
depuis des siècles », après quoi il a tendu quelques perches, s’adressant «
à ceux qui créent des plateformes de résistance populaire », aux Verts qui,
sur le nucléaire, « avaient raison contre beaucoup d’entre nous », aux
adeptes de la nourriture saine, un thème « qui a fait son chemin par la
mobilisation constante de toutes sortes de gens et notamment des véganes ».
Il y en a donc pour tous les
goûts, et Mélenchon d’annoncer que, sur cette stratégie d’ouverture, les
militants de La France insoumise vont se transformer à leur tour en marcheurs,
à l’écoute des habitants des quartiers populaires, « pour recueillir les
sujets de lutte et proposer leur aide ». La marche est décidément tendance
depuis que Macron l’a mise à la mode. Mélenchon cherche à montrer La France insoumise
comme une équipe capable de gouverner le pays, « une force alternative pour
exercer le pouvoir demain ». Mais en même temps, tout comme pour Macron en
son temps, la « marche », l’« écoute », sont un bon moyen de rester dans le
flou sur ce que cette « alternative » fera au pouvoir demain.
Alors pourquoi les travailleurs
feraient-ils plus confiance à Mélenchon qu’à ces prédécesseurs ? Que
pourraient-ils espérer de la nouvelle mouture d’Union de la gauche à la sauce
Mélenchon ?
Doivent-ils lui faire confiance
en attendant qu’il capitule à son tour devant les capitalistes ? Mélenchon
dénonce « une classe sociale qui pour l’instant s’est comportée en pur
parasite ». On en connaît un autre, Hollande, qui disait bien plus
clairement : « Mon ennemi, c’est la finance », avant de se soumettre à
elle une fois au gouvernement.
Les travailleurs, les militants
de la classe ouvrière, y compris ceux influencés par le Parti communiste,
devront se fier à leurs propres forces et à leurs luttes, bien plus qu’à cette
énième édition du sauveur suprême.
Sylvie MARÉCHAL (Lutte ouvrière
n°2574)