Nathalie
Arthaud face aux patrons : « Je combats votre système »
Invitée en tant que candidate aux
Régionales dans un débat organisé par le Medef Île-de-France et en présence de
Pierre Laurent (PCF, Front de gauche), d’Emmanuelle Cosse (EELV), de François
Kalfon qui a remplacé Claude Bartolone (Parti socialiste), de Valérie Pécresse
(Les Républicains/UDI/MoDem), de Wallerand de Saint-Just (FN) et de Nicolas
Dupont-Aignan (Debout la France), Nathalie Arthaud a affirmé, à l’opposé de
tous les autres candidats, qu’elle ne se présentait pas au Conseil régional
pour répondre aux demandes patronales mais pour que les travailleurs fassent
entendre leurs exigences contre les intérêts patronaux. Nous publions des
extraits de ses interventions.
« Je vous remercie pour cette
invitation et je tiens à saluer votre sens du pluralisme. C’est d’ailleurs la
raison essentielle de ma présence parce que vous imaginez bien que je ne suis
pas venue ici pour gagner des voix. Je sais que même les responsables
socialistes ont pris l’habitude de faire des déclarations d’amour devant un
parterre de patrons, mais cette maladie n’a pas frappé Lutte Ouvrière.
Je ne vous étonnerai pas non
plus, en vous disant que je me sens tout à fait étrangère à vos préoccupations.
Je ne parlerai pas au nom de l’intérêt général ni au nom de l’entreprise, parce
que l’intérêt de l’entreprise se confond – et ce n’est pas un hasard –toujours
avec celui du patronat, des propriétaires, des actionnaires, jamais avec celui
des salariés.
L’intérêt de l’entreprise, c’est
toujours comprimer les salaires, baisser ce que vous appelez le coût du
travail, raboter les droits des travailleurs, rallonger le temps de travail,
précariser la main-d’œuvre, pousser à la productivité, c’est-à-dire
l’exploitation... Jamais l’inverse ! »
Après une coupure du « modérateur
», en la personne d’Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro,
Nathalie Arthaud a poursuivi :
« J’ai bien compris, votre
préoccupation c’est encore et toujours de baisser les charges qui pèsent sur
les entreprises au nom de l’emploi. Mais cela fait 20 ans, 30 ans que votre
solution est mise en œuvre par tous les gouvernements qui se succèdent, de
droite et de gauche. Qui peut dire dans cette salle que cela a fait régresser
le chômage ? Qui, ici, peut prouver qu’il y a moins de chômeurs ? Et démontrer
que cette solution, votre solution, a fait baisser le chômage ? Personne.
Alors bien sûr vous allez me dire
que c’est plus compliqué que cela, que je n’ai rien compris aux lois du
capitalisme, qu’il y a la concurrence internationale. Eh bien, c’est la raison
pour laquelle je combats le système dans son ensemble, l’ensemble de ces lois
qui font que malgré votre envie formidable de créer des emplois vous n’y
arrivez pas. Voilà le sens de ma candidature, le sens de ma campagne, où je
dirai que pour lutter contre le chômage il faut lutter contre les
licenciements, contre les suppressions d’emplois, il faut même les interdire.
Et qu’il faut non pas aller vers une augmentation du temps de travail, mais une
diminution du temps de travail et une répartition de ce temps de travail entre
tous de façon à ce que tout le monde ait un emploi. »
Inutile de dire, qu’il n’y a pas
eu d’applaudissements ! Un débat a suivi où tous les autres candidats ont
rivalisé d’idées pour servir la soupe au patronat, en particulier sur la
question des transports et l’apprentissage. Sur ces deux points, Nathalie
Arthaud a affirmé que c’était au patronat d’assumer intégralement leur
financement. Le débat s’est conclu par une réponse à notre camarade venant de
Serge Dassault qui, le prenant sans doute pour lui, a tenté de démontrer que la
lutte de classe n’existe pas. Et pourtant elle est et sera bien là tant que des
personnages à la Dassault existeront !
Correspondant LO
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