Vocations
djihadistes dans une société sans avenir
En France, environ
1 200 jeunes d'une vingtaine d'années seraient partis ou aspireraient
à partir faire le « djihad » en Syrie ou en Irak, chiffre en très
forte augmentation.
Il est dramatique que des
organisations terroristes islamistes, des organisations d'extrême droite
religieuses qui visent à instaurer leur dictature sanguinaire sur les
populations, et en particulier sur les pauvres, arrivent à recruter des jeunes
par centaines.
Mais ce
phénomène est le produit de la pourriture de la société. La majorité de ces
jeunes « radicalisés » est issue des milieux populaires, des cités de
banlieue ou de petites villes de province. Pour eux, la perspective est le
chômage, l'absence d'avenir.
Certes,
tous les jeunes ne choisissent pas de suivre cette voie. Mais autour d'eux le
terrain est préparé par la montée des idées réactionnaires, sur fond de désert
culturel et d'échec scolaire. C'est cette société gangrénée par l'argent, le
système éducatif sans moyens dans les quartiers populaires, qui produisent
cette jeunesse déboussolée au point d'être attirée par des idées qui peuvent,
bien à tort, apparaître comme anti-système.
Mais ce
qui pèse surtout c'est la quasi-disparition d'un mouvement ouvrier digne de ce
nom, rendant possible la progression des idées réactionnaires dans une partie
de la jeunesse. C'est bien parce que personne ne leur a appris qu'ils sont
avant tout des prolétaires, que les jeunes s'identifient à telle ou telle
origine, se disent de telle ou telle religion, voire de telle ou telle cité. La
disparition dans les quartiers d'organisations construites sur une base de
classe aboutit à ce repli sur les soi-disant communautés, un terme fourre-tout
qui n'a pour logique que de diviser. Le poison de la religion, quel qu'en soit
le degré de radicalisme et la chapelle, y pénètre d'autant plus qu'il n'est
combattu par personne, et au contraire favorisé par l'État. Les préjugés
réactionnaires, en progrès dans toute la société, prennent alors la forme la
plus stupide et la plus radicale possible. Et, sur le terrain abandonné par le
mouvement ouvrier, préparé par la société bourgeoise qui vide les cervelles,
ensemencé par les religieux qui les remplissent avec des sornettes, les
organisations intégristes recrutent.
Il est
urgent que renaisse un mouvement ouvrier capable de donner une culture, un
drapeau et un avenir à la jeunesse travailleuse. Car c'est seulement sur cette
base-là que pourra être désamorcée et combattue la vague réactionnaire
actuelle.
Antoine Ferrer
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