Face aux exigences patronales, imposer celles des travailleurs
Tout en préparant une réforme des retraites et en prétendant qu’elle est indispensable, le gouvernement Hollande-Ayrault reste encore dans le vague sur son contenu. Mais le patronat, lui, n’a pas besoin de l’hypocrisie dont s’entoure le gouvernement, et annonce clairement la couleur.
Ainsi, selon son vice-président, le Medef voudrait que les années de cotisation exigées pour la retraite passent rapidement à 44. Quant aux cotisations patronales pour la retraite, il « pourrait envisager » qu’elles augmentent de 0,1 %... en échange d’une baisse de ses autres cotisations, notamment de la suppression de ses 5,4 % de cotisations pour les allocations familiales !
Sous prétexte de réforme des retraites, les patrons voudraient donc tout simplement que le gouvernement leur fasse un nouveau cadeau. Ils ont tous les culots, mais pourquoi se gêner puisqu’ils savent qu’ils seront entendus ?
Malgré ce que les ministres, la presse et la télévision nous serinent, il n’y a pas de problème des retraites, et en tout cas aucune raison, sous prétexte que la durée de la vie augmente, d’augmenter la durée de cotisation ou de repousser l’âge de départ. Simplement le patronat est à l’offensive pour réduire ce qu’il appelle ses charges, c’est-à-dire les salaires, les cotisations sociales, les impôts. Car la seule chose qui l’intéresse est de maintenir ou d’augmenter ses profits, et cela malgré la crise : alors qu’il en est responsable, il considère que c’est aux autres de la payer.
Ainsi les attaques qui se préparent contre les retraites ne sont qu’une partie d’une offensive plus générale. Elles sont dans la droite ligne des autres attaques, qu’il s’agisse des accords dits de compétitivité, de la flexibilité, du blocage des salaires, des licenciements facilités, de la généralisation de la précarité.
En même temps la hausse des prix, les impôts pèsent de plus en plus lourd sur les classes populaires, en face de services publics qui se dégradent.
Tout cela fait partie d’une même politique du grand patronat pour augmenter la part de richesse qu’il tire de l’exploitation du travail salarié, et donc pour diminuer la part qui revient aux travailleurs, aux retraités, aux chômeurs.
Le résultat, c’est d’ailleurs l’enrichissement croissant de ceux qui sont déjà les plus riches. Comme l’a montré une statistique récente, le patrimoine des 500 bourgeois les plus fortunés a augmenté de 25 % en un an. On constate d’ailleurs que la production de luxe, destinée à une petite minorité, est le seul secteur de l’économie vraiment en expansion.
C’est cette politique du patronat qui entraîne la stagnation ou le recul du reste de l’économie et qui augmente le chômage. Peu lui importe s’il plonge toute la société dans la crise, pourvu qu’il sauve ses profits. Il ne voit aucune raison de changer de politique, d’autant qu’il sait bénéficier de l’appui du gouvernement, de celui-ci comme du précédent.
Une journée de grèves et de manifestations est organisée le 10 septembre par des confédérations syndicales pour répondre au projet du gouvernement. Évidemment, une journée de protestation ne suffira pas à le faire reculer. Mais ne serait-ce que pour montrer leur désaccord et leur volonté de réagir, les travailleurs doivent y participer. Cependant il faut aussi poser la question des objectifs.
Il ne s’agit pas de réclamer une « bonne réforme des retraites », comme le font certains syndicats. Ils voudraient justifier leur participation au simulacre de dialogue avec le gouvernement et le patronat, comme s’il pouvait en sortir une réforme moins mauvaise que le pire qu’ils nous préparent. Mais en la matière, la seule réforme acceptable serait l’abolition de tous les reculs imposés depuis vingt ans par les gouvernements de droite et de gauche !
Et surtout, au-delà des retraites, c’est à toute cette offensive patronale et gouvernementale qu’il faut mettre un coup d’arrêt. Les travailleurs ne peuvent accepter d’être plongés progressivement dans la misère par le chômage, les licenciements, la hausse des prix, les exigences d’un patronat qui se croit tout permis.
Il faut inverser le rapport de forces, faire payer le patronat pour les dégâts qu’il provoque. Les travailleurs ont les moyens de l’y obliger, car ce sont eux qui produisent toutes les richesses.
Les travailleurs représentent une force énorme dans cette société, et c’est cette force qu’il faut mettre en oeuvre pour imposer leurs exigences, face à un patronat et à un gouvernement qui ne font que les enfoncer toujours plus bas.