Derrière
la guerre commerciale, la guerre sociale
Publié le 04/08/2025
Les nouvelles taxes voulues par
Trump sur les marchandises importées aux États-Unis entreront en vigueur le 7
août. Chaque pays a été sommé de négocier. Pour l’Union européenne, les
tractations ont abouti à une taxe de 15 % sur la plupart des produits.
En France, l’accord signé entre
Trump et Von der Leyen a été critiqué par tous les politiciens qui aspirent à
diriger les affaires de la bourgeoisie, qu’ils soient au pouvoir ou dans
l’opposition. Tous ont dénoncé « la soumission de l’Europe ». Ils voudraient
nous faire pleurer sur le sort des patrons français pour que l’on serre les
rangs derrière eux.
Mais depuis quand le capitalisme
est-il autre chose que la loi du plus fort ? Dans ce système, celui qui a le
plus de capitaux impose ses règles. Les travailleurs sont bien placés pour le
savoir, eux qui subissent sans cesse cette loi de la jungle pour trouver un
emploi ou un logement.
Trump, représentant de
l’impérialisme le plus puissant, a sorti le gros bâton du protectionnisme pour
renforcer les capitalistes américains dans un système en crise où les marchés
sont saturés.
Ces nouvelles règles feront des
perdants et des gagnants. Les gagnants seront les plus gros capitalistes,
américains ou pas. Certains grands patrons français, comme ceux de LVMH ou de
CMA CGM, négocient d’ailleurs directement avec l’administration américaine. Les
perdants seront à coup sûr les classes populaires, à commencer par celles des
États-Unis qui subiront l’inflation.
Si nous nous laissons faire, nous
paierons tous la guerre commerciale que se livrent les bourgeois du monde
entier. Si les capitalistes français ne font pas le poids face à leurs
concurrents américains, contre les travailleurs ils sauront montrer leurs muscles.
Les patrons annoncent déjà qu’ils
seront obligés de supprimer des emplois. Sous prétexte d’améliorer la
compétitivité, les pressions pour intensifier les cadences, supprimer des
postes, faire sauter des primes, vont s’accélérer.
Toutes ces exigences patronales
seront exaucées par le gouvernement en place ou par les suivants.
Bayrou rabâche qu’il faut
produire plus et travailler davantage. Pour y parvenir, il veut supprimer des
jours fériés, réviser le code du travail, permettre aux patrons de racheter des
congés payés.
Pour mettre toujours plus
d’argent public à la disposition de groupes richissimes et pour financer le
réarmement militaire, il s’apprête à tailler 44 milliards d’euros dans le
prochain budget.
Pour soutenir les profits de
Sanofi, Thales ou Dassault, le gouvernement attaque les retraités, les salariés
malades ou au chômage, les allocataires des minima sociaux. Pour aider les
capitalistes, l’État construira moins d’écoles, d’hôpitaux ou de logements
sociaux.
Depuis la mi-juillet, chaque ministre
décline la potion amère qu’il veut nous faire avaler. Ce week-end, Vautrin,
ministre du Travail et de la Santé, a détaillé comment elle entend mettre les
assurés sociaux sous contrôle, surveiller leurs comptes en banque, leurs
déplacements médicaux, vérifier s’ils possèdent un appartement ou une maison.
Elle prétend traquer les prétendus fraudeurs : pour les ministres, les
fraudeurs sont toujours les travailleurs, jamais les grands patrons gavés
d’argent public !
Il y a de quoi être en colère
contre toutes ces annonces et contre le mépris affiché par Macron, Bayrou et
Cie. Mais la colère doit nous pousser à nous organiser pour agir
collectivement.
Sans attendre des consignes
syndicales, des appels à diverses formes de mobilisations circulent sur les
réseaux sociaux pour le 10 septembre. Il est évident que, si on ne s’oppose pas
aux attaques en cours, nos conditions de vie et de travail seront ramenées des
décennies en arrière. Mais la question essentielle est de savoir quelles
revendications et quels objectifs doivent être mis en avant, qui doit diriger
ces luttes et contre quels adversaires ?
Pour défendre leur droit à
l’existence, c’est-à-dire leurs salaires, leurs emplois, leur accès aux soins
ou à l’éducation, les travailleurs, parce qu’ils produisent tout, parce qu’ils
font tout fonctionner, doivent prendre eux-mêmes la tête des combats à venir.
Mais ils ne devront pas se
contenter de remplacer Macron et les politiciens qui nous portent les coups par
d’autres qui aspirent à prendre leur place. Ceux qui dirigent le monde sont
tous au service des capitalistes qui possèdent toutes les entreprises et les
banques et se battent comme des fauves pour accumuler toujours plus d’argent.
Pour maintenir leurs profits, ils
entraînent toute la planète vers les catastrophes et la guerre. Pour enrayer
cette machine infernale, les travailleurs devront leur arracher le contrôle de
la société.