Air
France : la direction toujours à l’offensive
Lundi 26 octobre, le jour même où
la direction d’Air France débutait ses entretiens préalables aux sanctions
contre 18 salariés qu’elle accuse de violences ou de dégradations, son DRH
(directeur des ressources humaines) a choisi de s’exprimer sur deux pleines
pages du Parisien.
Ce cadre
dirigeant, rendu célèbre pour avoir perdu sa chemise lors du comité central
d’entreprise (CCE) où il annonçait 2 900 suppressions d’emplois, ne dit pas un
mot des témoins revenus sur leurs déclarations contre des salariés qu’Air
France veut licencier avant même leur procès. Rien non plus des vidéos qui
témoignent en faveur de travailleurs parfois arrêtés au petit matin, placés
deux jours en garde à vue et agonis d’insultes par le gouvernement, le
patronat, la droite et l’extrême droite.
Alors que
ces salariés, mis à pied parfois sans salaire, risquent trois ans de prison, 45
000 euros d’amende et un licenciement, on ne peut qu’être écœuré des omissions
délibérées du DRH. Mais sa présentation des faits est dans l’ordre des choses.
Car « les vérités du DRH d’Air France », selon la une du quotidien,
riment avec les mensonges de son patron. Et lui n’en démord pas : il veut
imposer à tous ses salariés, pilotes ou non, des hausses de productivité de 10
à 20 %. Et s’ils refusent, il veut le leur faire payer.
Dans
cette interview, ce haut cadre se présente en incompris, alors qu’il ne
chercherait qu’une chose, « que la boîte reparte de l’avant ». Il aurait
pu ajouter : et que ses salariés filent doux. Car il peut faire assaut
d’hypocrisie, il ne trompe personne.
Politique
de communication oblige, il en fait des tonnes. Il exhibe sa qualité de membre
du PS comme si c’était un label social ! Il décrit même les syndicalistes comme
« des bienfaiteurs de l’humanité », ajoutant que des responsables
syndicaux, dont certains même de la CGT prétend-il, lui auraient envoyé des sms
de soutien après le CCE du 5 octobre. Autant ménager ceux avec lesquels il
négocie, et dont il espère qu’ils finiront par avaliser les nouveaux sacrifices
que la compagnie veut imposer à ses salariés.
Trois
contrats pour les pilotes
Car c’est encore et toujours de
cela qu’il s’agit quand il annonce, au nom d’Air France, proposer trois
contrats de travail aux pilotes. Premier cas : leur salaire ne baisse pas s’ils
acceptent de travailler plus longtemps. Deuxième cas : ils gagnent un peu plus
pour beaucoup plus de travail. Dernier cas : ils refusent ces sacrifices et
leur salaire baisse.
Le DRH de
la compagnie se moque bien de savoir – et il ne peut l’ignorer – que, même
s’ils le voulaient, de nombreux pilotes ne pourraient pas faire une centaine
d’heures de vol de plus à salaire constant : chaque année, ils sont des
dizaines, voire des centaines à devoir arrêter de travailler avant décembre,
car ils ont déjà atteint la limite maximum légale de 850 heures annuelles de
vol. Et il ne dit pas quel passager aurait envie de monter dans un avion ayant
aux commandes un pilote devant enchaîner les heures pour compenser une baisse
de salaire.
En
revanche, ce porte-parole de la compagnie dit vouloir étendre ce système aux
hôtesses et stewards. Et ensuite, à qui le tour ?
Tout le
personnel est visé
En fait, tout le personnel est
visé. Et l’on voit bien pourquoi quand, après avoir reconnu qu’Air France va «
enfin afficher des résultats positifs », loin donc de la faillite qu’agite
la direction, il cite en exemple British Airways qui « a une rentabilité à
deux chiffres ». Faire au moins du 10 % de profits, c’est l’objectif de la
direction de la compagnie. Alors qu’elle affiche déjà un taux de remplissage
record de ses avions, avec plus de 90 % des sièges occupés et un chiffre
d’affaires au plus haut, elle entend s’assurer une marge accrue sur le dos du
personnel.
En cela Air France ne fait pas
exception. Partout les patrons s’attaquent aux salaires et conditions de
travail. Le patronat fait la guerre aux travailleurs. Ce n’est pas leur
chemise, c’est leur peau qui est en jeu. Et il voudrait que les travailleurs se
laissent faire ?
Correspondants LO