mardi 7 août 2012

Editorial des bulletins d'entreprise Lutte Ouvrière du 6.08.12.

Les irresponsables qui dirigent l’économie
Aucun travailleur aujourd’hui ne peut se sentir assuré de garder son emploi et d’être protégé du chômage. C’est ce que démontre l’avalanche de plans de suppressions d’emploi qui touchent des grandes entreprises dont la situation financière n’est pourtant nullement catastrophique, de PSA-Peugeot-Citroën à Doux et d’Alcatel à Air France. Mais ces plans touchent aussi tous ceux qui dépendent de ces groupes, travailleurs intérimaires ou d’entreprises sous-traitantes. C’est une vague de dizaines de milliers de licenciements dont nul ne sait où elle peut s’arrêter.
     C’est la crise, nous dit-on, et il n’y aurait rien à faire. Mais la crise a bon dos. Malgré leurs mensonges sur leur situation financière, il est visible que ces entreprises n’ont nullement leurs comptes dans le rouge. C’est d’abord pour maintenir et si possible augmenter leurs profits qu’elles licencient des milliers de personnes dont le travail, au cours des années passées, a fait leur richesse.
     Leur priorité, ce sont les dividendes exigés par les actionnaires et le cours de leurs actions. C’est en fonction de telles considérations que de grands patrons peuvent décider la fermeture de tel ou tel secteur, voire d’une usine entière, ou bien sa vente ou sa revente à un prétendu repreneur dont le seul objectif est de la liquider.
     Les travailleurs sont ainsi les otages de décisions prises dans le secret des conseils d’administration, sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle, mais au nom desquelles on vient leur annoncer qu’il va falloir licencier ou bien augmenter les horaires, baisser les salaires, « faire des efforts »... et au bout du compte licencier quand même.
     Ces décisions sont insensées alors que les entreprises sont là et les travailleurs sachant les faire fonctionner aussi, et que ce ne sont pas les besoins qui manquent. Seulement ceux qui sont aux commandes dans cette société ne raisonnent pas en fonction des besoins à satisfaire mais en fonction de leurs petits calculs de profit à court terme.
     Ce que l’on peut constater au niveau d’une entreprise, d’une ville ou d’une région, se retrouve au niveau plus général. C’est chaque jour que l’on nous annonce que les Bourses plongent, que les « marchés » sont inquiets, qu’il faut sauver les banques, que les gouvernements doivent intervenir. Les réunions de la dernière chance succèdent à d’autres réunions de la dernière chance, mais tout cela pourquoi ?
     La seule raison là aussi est que les grands capitalistes sont inquiets avant tout du rendement de leurs capitaux, ne prêtent aux États qu’en exigeant des taux d’intérêts usuraires, transfèrent leurs capitaux d’une place à l’autre en fonction de ce qu’ils peuvent y gagner. Les gouvernements leur obéissent, trouvent pour aider les banques les milliards qu’ils ne trouvent jamais quand il s’agit de dépenses utiles à la population, et déclarent ensuite qu’il faut de nouvelles mesures d’austérité pour rétablir leur équilibre financier.
     Tout cela met en accusation la façon dont cette société est gérée, en fonction de décisions des capitalistes dictées par le profit immédiat. Les gouvernements, qu’ils soient de droite et de gauche, s’inclinent devant ces décisions et c’est pourquoi ils sont totalement impuissants face à la crise. Mais les travailleurs et la population en général, eux, n’ont aucune raison de s’incliner devant cette absurdité. Car il en va de leur emploi, de leur salaire, de leur vie.
     Le problème de l’emploi n’est pas seulement celui des entreprises où un plan de licenciements est annoncé, c’est le problème de tous car dans un tel système aucun travailleur n’est à l’abri. Cette société est gérée par de dangereux irresponsables et, en attendant de pouvoir la diriger à leur place, il faut au moins les empêcher de nuire.
     C’est pourquoi il faut imposer l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires et leur garantie contre l’inflation. Il faut aussi que les travailleurs imposent leur contrôle sur les comptes des grandes entreprises et leur droit de bloquer les décisions.
     Ce sont là des mesures d’urgence, nécessitées par la situation. Les imposer doit devenir l’objectif de l’ensemble des travailleurs, et pas seulement des travailleurs immédiatement menacés. Car ce sont tous les travailleurs, et finalement toute la société, qui sont menacés de s’enfoncer dans le chômage et la misère.
     Il faut empêcher les irresponsables qui dirigent l’économie d’en faire ce qu’ils veulent : c’est aujourd’hui une question de survie pour tous.


Fillon : des amis de luxe

Il a fallu que Fillon, l’ex-premier ministre de la droite, tombe d’un scooter et se casse le pied pour apprendre où ce politicien, passait ses vacances. Il était tout bonnement l’invité en Italie du président de Ferrari, qui fabrique des voitures de très grand luxe.
     Fillon fréquente la bourgeoisie et ça se voit parfois. C’est moins hypocrite que quand il visitait les usines avec un casque de travail sur la tête. C’est ce qu’on appelle un homme d’État.

vendredi 3 août 2012

GDF Suez : ça gaze trop pour eux

GDF Suez a annoncé qu’il allait facturer aux particuliers 290 millions d’euros pour compenser le gel des prix du gaz au quatrième trimestre 2011. Cela devrait se traduire par un supplément à payer d’environ 40 euros en moyenne pour les sept millions de foyers chauffés individuellement au gaz. Devant le tollé suscité par son annonce, GDF-Suez a assuré que cette augmentation serait étalée !
  Ainsi donc, malgré les décisions gouvernementales qui imposaient de limiter la hausse, c’est GDF-Suez qui a le dernier mot... alors même qu’il annonçait le même jour un bénéfice de 2,3 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2012 !
     C’est vraiment eux les rois. A quand la révolution ?

Un budget d’austérité

Le Premier ministre a envoyé les lettres de cadrage budgétaire à tous les ministères. Résultat : gel des moyens, baisse des effectifs de 2,5 % en moyenne hors Education, justice et sécurité, baisse des dépenses de fonctionnement de 7 %.
     L’austérité de gauche n’est pas plus « juste » que celle de droite : ce sont toujours les services publics qui sont mis à la diète, ce qui signifie que ce sont les classes populaires qui sont le plus lésées. Comme avant !

BNP Paribas annonce ses profits

La banque BNP Paribas a annoncé un bénéfice, pour le deuxième trimestre 2012, de 1,85 milliard d’euros.
     Toutes les politiques d’austérité, les millions de personnes plongées dans la misère en Grèce et en Espagne, c’est bon pour les banquiers !

mercredi 1 août 2012

Financement des hôpitaux : un rapport du Sénat : ça ne marche pas mais on continue !

Un rapport du Sénat rendu public critique le mode de financement actuel des hôpitaux publics, la « T2A » ou tarification à l’activité, instauré en 2004. Le principe est simple : les soins prodigués sont facturés par l’hôpital ou la clinique à l’Assurance-maladie, qui les rembourse sur la base d’un prix fixé pour chaque acte médical.
     Les sénateurs relèvent que, pour chercher à équilibrer leurs budgets, les hôpitaux ont eu tendance à privilégier les actes les plus rentables. Mais ils ne proposent aucun véritable changement, et surtout pas de supprimer ce systeme de tarification, seulement d’en diminuer un peu la part dans le financement des hôpitaux.
     Et ils proposent encore moins de mettre fin à la politique d’austérité appliquée aux services publics hospitaliers, notamment en embauchant le personnel nécessaire !


Ségrégation raciale aux Etats-Unis : contre elle, un combat toujours d'actualité

Le pasteur d’une église baptiste de Crystal Springs, dans le Mississippi (sud des Etats-Unis), a refusé de marier un homme et une femme dans son église parce qu’ils étaient noirs. Il n’y a jamais eu de mariage de Noirs dans cette First Baptist Church de Crystal Springs depuis sa création en 1883, a expliqué le pasteur. Il a échappé à ce pasteur que nous sommes en 2012 et que les lois ségrégationnistes ont été supprimées depuis des années. Et qu’il y a même un président noir à la Maison Blanche !
    Pour obtenir l’égalité juridique dans le sud des Etats-Unis, les Noirs ont été obligé de mener des combats durs et déterminés. Cet exemple montre que le combat n’est pas fini.

Editorial des bulletins d'entreprises Lutte Ouvrière du 30 juillet 2012

C’est leur Bourse ou notre vie
Grâce aux efforts des sportifs et même de la reine d’Angleterre, mise à contribution malgré son grand âge, grâce aussi aux milliards engloutis à cette occasion et qui auraient pu être bien mieux employés, les Jeux Olympiques qui viennent de s’ouvrir permettent durant l’été d’amuser la galerie.
     Un certain nombre de journalistes déclarent crûment qu’ils tombent bien, en faisant penser à autre chose alors que le nombre de chômeurs britanniques vient de dépasser les trois millions et que la situation n’est pas meilleure dans la plupart des pays d’Europe, pour ne parler que de ceux-là.
     Dans la Rome antique, on amusait le bon peuple, selon la formule, avec “du pain et des jeux”. La société moderne n’a pas inventé grand-chose en offrant ces modernes jeux du cirque, où heureusement il ne meurt plus aucun gladiateur. Mais en même temps qu’elle diffuse ces jeux par télévision à des milliards d’hommes, elle est en passe de retirer le pain à nombre d’entre eux.
     En France, depuis deux mois les annonces de plans de licenciements se succèdent sans interruption et elles émanent de grandes entreprises dont chacun sait très bien qu’elles ne sont pas sur la paille.
     3 500 emplois sont menacés chez le volailler Doux dans l’Ouest, et ce n’est pas à ce qu’on sache parce que les gens ne mangeraient plus de poulet. Les laboratoires Sanofi projettent 2 000 licenciements alors qu’ils font des milliards de bénéfices. Air France et Alcatel Lucent ont annoncé 5 000 suppressions d’emplois chacun et le trust PSA Peugeot Citroën en a annoncé 8 000. Et, à chaque fois, le nombre de licenciements annoncés est en fait à multiplier par deux ou trois car il y a aussi les intérimaires, les sous-traitants et tous ceux dont l’emploi dépend de ces groupes.
     Ces patrons licencieurs invoquent la crise et la concurrence internationale. Mais l’une et l’autre ont bon dos. La concurrence en fait, c’est à qui fera plus de profits, et justement, un des moyens pour cela est de licencier. Et si crise il y a, c’est précisément celle d’un système qui place le profit avant tout.
     Parce que les banques exigent le paiement d’intérêts faramineux sur la dette des États et veulent la garantie qu’elles seront payées, tous les gouvernements multiplient les mesures d’austérité, de la Grèce à l’Espagne et de l’Italie à la France. Et c’est justement cela qui provoque l’appauvrissement d’une majorité de la population, le ralentissement de l’économie et la crise.
     Pour assurer les profits des banques et des grandes sociétés financières et industrielles, les États savent trouver de l’argent et, s’il le faut, ils en fabriqueront en faisant marcher la planche à billets. C’est le sens des déclarations du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, la semaine dernière à propos de la crise de l’euro. Il s’agissait de rassurer les capitalistes, et en effet ses déclarations ont fait remonter les cours de Bourse.
     Mais tout cet argent promis aux banquiers, ce sera autant qui n’ira pas aux salaires, aux services publics, à des dépenses utiles à la population et, en fin de compte, à l’économie, du moins celle qui concerne la vie de tous. Il ne faut pas chercher ailleurs la cause de la crise.
     Les vagues déclarations du gouvernement sur le fait qu’il n’acceptera pas les plans de licenciements comme ceux de PSA, du moins “en l’état” a-t-il précisé, sont l’aveu qu’il ne fera rien de sérieux pour les empêcher, même si son ministre dit du Redressement productif, Montebourg, fait de grandes moulinets avec les bras.
     Le gouvernement ne veut rien faire face à des décisions émanant du grand patronat. Il n’y a rien à attendre de lui car les ministres, ceux de ce gouvernement comme ceux du précédent, ne servent qu’à enregistrer les volontés de grands capitalistes qui, tous les matins, exigent d’être rassurés sur les profits qu’ils pourront encaisser.
     Tout cela, c’est un monde qui marche sur la tête car la priorité, la seule, ce doit être la vie de la majorité de la population.
     Les travailleurs ont besoin d’un emploi, d’un salaire qui permette de vivre décemment et qui soit garanti contre la hausse des prix. Il y a dans la société tous les moyens de l’assurer, à condition d’empêcher les capitalistes d’appliquer leur loi du profit. Les travailleurs peuvent l’imposer, car ils peuvent représenter une force immense. Et il est urgent de le faire car c’est vraiment leur Bourse ou notre vie.