C’est leur Bourse ou notre vie
Grâce aux efforts des sportifs et même de la reine d’Angleterre, mise à contribution malgré son grand âge, grâce aussi aux milliards engloutis à cette occasion et qui auraient pu être bien mieux employés, les Jeux Olympiques qui viennent de s’ouvrir permettent durant l’été d’amuser la galerie.
Un certain nombre de journalistes déclarent crûment qu’ils tombent bien, en faisant penser à autre chose alors que le nombre de chômeurs britanniques vient de dépasser les trois millions et que la situation n’est pas meilleure dans la plupart des pays d’Europe, pour ne parler que de ceux-là.
Dans la Rome antique, on amusait le bon peuple, selon la formule, avec “du pain et des jeux”. La société moderne n’a pas inventé grand-chose en offrant ces modernes jeux du cirque, où heureusement il ne meurt plus aucun gladiateur. Mais en même temps qu’elle diffuse ces jeux par télévision à des milliards d’hommes, elle est en passe de retirer le pain à nombre d’entre eux.
En France, depuis deux mois les annonces de plans de licenciements se succèdent sans interruption et elles émanent de grandes entreprises dont chacun sait très bien qu’elles ne sont pas sur la paille.
3 500 emplois sont menacés chez le volailler Doux dans l’Ouest, et ce n’est pas à ce qu’on sache parce que les gens ne mangeraient plus de poulet. Les laboratoires Sanofi projettent 2 000 licenciements alors qu’ils font des milliards de bénéfices. Air France et Alcatel Lucent ont annoncé 5 000 suppressions d’emplois chacun et le trust PSA Peugeot Citroën en a annoncé 8 000. Et, à chaque fois, le nombre de licenciements annoncés est en fait à multiplier par deux ou trois car il y a aussi les intérimaires, les sous-traitants et tous ceux dont l’emploi dépend de ces groupes.
Ces patrons licencieurs invoquent la crise et la concurrence internationale. Mais l’une et l’autre ont bon dos. La concurrence en fait, c’est à qui fera plus de profits, et justement, un des moyens pour cela est de licencier. Et si crise il y a, c’est précisément celle d’un système qui place le profit avant tout.
Parce que les banques exigent le paiement d’intérêts faramineux sur la dette des États et veulent la garantie qu’elles seront payées, tous les gouvernements multiplient les mesures d’austérité, de la Grèce à l’Espagne et de l’Italie à la France. Et c’est justement cela qui provoque l’appauvrissement d’une majorité de la population, le ralentissement de l’économie et la crise.
Pour assurer les profits des banques et des grandes sociétés financières et industrielles, les États savent trouver de l’argent et, s’il le faut, ils en fabriqueront en faisant marcher la planche à billets. C’est le sens des déclarations du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, la semaine dernière à propos de la crise de l’euro. Il s’agissait de rassurer les capitalistes, et en effet ses déclarations ont fait remonter les cours de Bourse.
Mais tout cet argent promis aux banquiers, ce sera autant qui n’ira pas aux salaires, aux services publics, à des dépenses utiles à la population et, en fin de compte, à l’économie, du moins celle qui concerne la vie de tous. Il ne faut pas chercher ailleurs la cause de la crise.
Les vagues déclarations du gouvernement sur le fait qu’il n’acceptera pas les plans de licenciements comme ceux de PSA, du moins “en l’état” a-t-il précisé, sont l’aveu qu’il ne fera rien de sérieux pour les empêcher, même si son ministre dit du Redressement productif, Montebourg, fait de grandes moulinets avec les bras.
Le gouvernement ne veut rien faire face à des décisions émanant du grand patronat. Il n’y a rien à attendre de lui car les ministres, ceux de ce gouvernement comme ceux du précédent, ne servent qu’à enregistrer les volontés de grands capitalistes qui, tous les matins, exigent d’être rassurés sur les profits qu’ils pourront encaisser.
Tout cela, c’est un monde qui marche sur la tête car la priorité, la seule, ce doit être la vie de la majorité de la population.
Les travailleurs ont besoin d’un emploi, d’un salaire qui permette de vivre décemment et qui soit garanti contre la hausse des prix. Il y a dans la société tous les moyens de l’assurer, à condition d’empêcher les capitalistes d’appliquer leur loi du profit. Les travailleurs peuvent l’imposer, car ils peuvent représenter une force immense. Et il est urgent de le faire car c’est vraiment leur Bourse ou notre vie.
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