Taxe sur les superprofits : un leurre
03 Août 2022
L’annonce des résultats semestriels des grandes entreprises, en particulier dans le secteur de l’énergie, a de quoi donner le tournis : plus de 10 milliards d’euros de bénéfices pour TotalEnergies et 5 milliards pour Engie.
Mais les actionnaires des autres entreprises, comme Stellantis, l’armateur CMA-CGM ou LVMH, peuvent se frotter les mains.
Seul problème : le fait qu’elles profitent aussi à un titre ou un autre de la crise et de l’inflation pour augmenter leurs bénéfices éclate aujourd’hui au grand jour. Le lien entre ces profits insolents et l’appauvrissement du plus grand nombre est évident.
À l’Assemblée nationale comme au Sénat, les parlementaires de la Nupes ont proposé de nouveau de taxer les « surprofits », provoquant aussitôt une levée de boucliers d’une partie du gouvernement. Le 1er août, le Sénat a rejeté cet amendement et le ministre Le Maire a déclaré : « Je suis fier des résultats de nos entreprises tricolores. Et je suis surpris de voir à quel point on accable de tous les maux les entreprises françaises qui affichent de bons résultats. » Pour ces défenseurs du grand capital, il est inenvisageable d’écorner ses profits.
Pourtant, cette mesure n’aurait rien de révolutionnaire. Des pays comme l’Italie et le Royaume-Uni ont décidé d’appliquer une taxe sur les superprofits des entreprises énergétiques, et la mesure est en discussion en Allemagne et en Espagne. Certains membres de la majorité Renaissance (ex-LREM) et des sénateurs de la droite centriste avaient même déposé un amendement dans ce sens.
Instaurer une taxe de ce type serait une façon de satisfaire l’opinion publique sans pour autant réduire vraiment les profits des capitalistes, d’abord parce que nombre d’entreprises sont passées maîtres dans l’art de l’optimisation fiscale, échappant ainsi aux impôts. Quant aux sommes récupérées par les États, en admettant qu’elles soient consistantes, rien ne garantit qu’elles soient utilisées dans l’intérêt de la population.
L’opposition du gouvernement s’explique avant tout par sa volonté de démontrer à l’ensemble du patronat français et européen que, dans ce pays, le profit des patrons passe avant tout.
Les profits annoncés par de grands groupes comme TotalEnergies ou Stellantis sont révoltants. Ils viennent de l’exploitation des travailleurs. Pour défendre leur niveau de vie et même leur vie tout court, ceux-ci ne pourront se contenter de taxer une partie de ces profits. Ils devront s’attaquer à la dictature des grands groupes capitalistes.
Aline URBAIN (Lutte ouvrière n°2818)
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