Airbus :
prendre sur les profits pour sauver les emplois – Toulouse
08 Juillet 2020
L’annonce par Airbus de 15 000
suppressions de postes, dont 5 000 en France, a abasourdi bien des
travailleurs.
Dès le début, face à la situation
créée par la crise sanitaire, l’inquiétude s’est installée dans les bureaux.
C’était moins le cas à la production, où les ouvriers pensaient être un peu
protégés. Certains chefs assuraient d’ailleurs les travailleurs qu’après les
coups tombés sur la sous-traitance et les intérimaires, les embauchés d’Airbus
seraient épargnés.
Mais au gré des annonces qui se
sont succédé, prévoyant au final 3 378 suppressions de postes à Toulouse
dont 980 au siège, 776 dans les ateliers et 1 622 dans les bureaux, bien
des illusions sont tombées. À côté de l’abattement de ceux qui se demandent où
le couperet va tomber, il y a aussi de la colère.
La direction assure qu’elle fera
le maximum pour limiter l’impact de son plan, tout en expliquant ne pas pouvoir
exclure les licenciements secs. Et s’appuyant sur la loi travail, elle appelle
les syndicats à négocier. Sous le prétexte hypocrite de diminuer le nombre de
licenciements secs et d’améliorer les conditions de départ, elle entend
profiter de l’occasion pour s’attaquer aux salaires et aux primes de ceux qui
vont rester. En effet, il est question d’un accord de performance collective,
que les travailleurs appellent « accord de pauvreté collective ». Les
quatre mois de négociations prévus ont pour objectif de faire accepter
l’essentiel aux yeux de la direction. Réorganiser, restructurer, réduire les
effectifs, baisser significativement les salaires, intensifier le travail,
grâce à la mise en place de nouveaux horaires et avec la menace d’une réduction
drastique des congés : voilà les vraies raisons de ce « plan
d’adaptation ».
La direction prétend qu’elle va
faire des efforts, mais c’est aux seuls travailleurs qu’elle s’en prend. L’an
dernier, le bénéfice opérationnel d’Airbus a atteint 6,9 milliards d’euros.
L’argent a servi à payer l’amende pour « corruption », à faire des
provisions pour l’A400M, etc. Si on considère un salaire moyen de 2 800
euros par mois (et bien des salariés sont très loin de les gagner), la masse
salariale annuelle – cotisations sociales comprises – des 15 000
travailleurs dont ils veulent se débarrasser équivaut à 1,10 milliard d’euros.
C’est dire qu’avec les seuls profits de l’an dernier, les patrons d’Airbus
pourraient payer ces salaires pendant au moins six ans…
Correspondant
LO (Lutte ouvrière n°2710)
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