Covid-19
: pour le gouvernement, tout s’est bien passé
08 Juillet 2020
Les ministres, responsables
médicaux et hauts fonctionnaires se succèdent actuellement devant la commission
parlementaire pour commenter la gestion de la crise sanitaire. Ils apparaissent
tous satisfaits d’eux-mêmes et présentent ainsi une interprétation très
lointaine de ce qui s’est réellement passé.
Agnès Buzyn, ministre de la Santé
jusqu’au 16 février, a par exemple affirmé : « Je suis partie avec le
sentiment d’avoir fait une bonne préparation. » De son côté, le directeur
général de la Santé, Jérôme Salomon, a déclaré : « Nous avons été
réactifs.»
Quelques-unes des autres
personnalités auditionnées brossent un tableau un peu différent. Le directeur
de l’APHP, Martin Hirsch, est revenu sur le manque de personnel et affirme
qu’au premier mars, les hôpitaux n’étaient pas prêts. L’ex-ministre de la santé
Roselyne Bachelot s’est vantée d’avoir laissé un stock de 1,7 milliard de
masques en 2010. Chacun de ses successeurs a accompagné ensuite la diminution
dudit stock même si personne n’en prend la responsabilité.
Si devant la commission les
critiques sont restées mesurées, certains médecins dénoncent clairement, en
d’autres lieux, les pénuries de masques, de tests ou de médicaments qui ont
marqué le début de l’épidémie. Un rapport de la Fédération nationale des
sapeurs- pompiers dénonce la gestion par le ministère de la Santé et les
Agences régionales de Santé qui auraient, entre autres, « oublié les
Ehpad ».
Cette crise sanitaire est devenue
une catastrophe parce que le secteur de la santé était déjà à la limite de la
rupture, alors que les gouvernants multipliaient les déclarations mensongères.
Il faudrait être naïf pour
attendre d’une commission parlementaire une dénonciation claire de l’incurie du
gouvernement dans la crise actuelle comme dans d’autres. Les gouvernants se
font juger par leurs pairs qui, à leur place, auraient mené la même politique.
La présidente de la commission d’enquête, Brigitte Bourguignon, ne vient-elle
pas d’être nommée ministre déléguée ?
C’est dans la rue, dans les
luttes, que le personnel soignant et la population pourront demander des
comptes à tous ces gens-là.
Jean
POLLUS (Lutte ouvrière n°2710)
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