Manifestons
le 16 juin : pour financer l’hôpital, il faut faire payer le capital !
10 Juin 2020
Alors qu’une longue séquence de
parlottes s’est ouverte au ministère de la Santé, avenue de Ségur à Paris,
autour de l’avenir de l’hôpital, des manifestations sont organisées dans tout
le pays mardi 16 juin pour rappeler les exigences des travailleurs de la santé
: des hausses de salaire et des embauches immédiates. Des travailleurs d’autres
secteurs s’y joindront aussi.
Les discussions dans le cadre de
ce Ségur de la santé sont programmées pour durer tout l’été et déboucher sur
des propositions qui seront, ou pas, reprises dans le projet gouvernemental de
loi de financement de la Sécurité sociale examiné à l’automne par le Parlement.
Ce n’est donc pas avant janvier prochain qu’il y aura, peut-être, une
quelconque réalité issue de ces discussions chapeautées par Nicole Notat, une
ancienne dirigeante de la CFDT recrutée pour l’occasion par Macron.
Bien des discussions avenue de
Ségur porteront sur la gouvernance des hôpitaux, sur le découpage géographique
des territoires de santé, ou encore sur l’architecture administrative des
Agences régionales de santé. Toutes ces questions sont secondaires, tant que
l’étranglement financier que subit le système hospitalier depuis des lustres
n’est pas remis radicalement en cause.
Chaque année, l’Objectif national
des dépenses d’assurance maladie, l’Ondam, proposé par le gouvernement et voté
docilement par le Parlement, augmente bien trop peu en regard de l’inflation,
et surtout en regard des besoins de santé de la population, dont une part
toujours plus grande est âgée. En réalité les dépenses de santé couvrent de
moins en moins bien les besoins.
Les résultats, tout le monde les
connaît depuis longtemps : des structures hospitalières qui ferment, trop
peu de personnel dans les hôpitaux et les Ehpad, des salaires trop faibles, du
manque de matériel, etc. Les différents « plans hôpitaux » concoctés
en catastrophe l’an dernier par la précédente ministre de la Santé, Agnès
Buzyn, sous la pression croissante des protestations du personnel hospitalier,
n’y ont rien changé – la pénurie récente de masques, de gel, de lits, etc., en
témoigne – car il manque le nerf de la guerre : le financement massif dont
a besoin le système de santé.
Or les recettes de la Sécurité
sociale, qui finance entièrement le système hospitalier, sont rognées
constamment pour accorder au patronat toujours plus d’allégements de
cotisations. La crise économique est une nouvelle occasion de faire reposer sur
la Sécurité sociale une grande partie de l’aide apportée aux entreprises, dont
les cotisations sont reportées ou carrément annulées. Son déficit devrait être
multiplié par dix en 2020. De ce côté-là, il faut plutôt s’attendre à de
nouvelles restrictions qu’à des largesses.
Il est significatif que le
gouvernement lie la question de l’augmentation des salaires à l’hôpital à celle
de l’augmentation du temps de travail. Autrement dit, il ne faut espérer ni
embauches ni augmentation de salaire ; ou alors il faudrait que les
hospitaliers se les paient eux-mêmes en travaillant encore plus. Les autorités
veulent, comme avant, que les trous dans les plannings, créés par le
sous-effectif, soient comblés tant bien que mal par l’épuisement au travail du
personnel déjà surchargé.
Si les travailleurs hospitaliers et la population qui a besoin de se faire soigner veulent que les salaires augmentent significativement, que des lits ne soient plus fermés et que des embauches massives soient réalisées pour soigner dignement les malades et les personnes âgées des Ehpad, il faudra imposer que l’on prenne sur les milliards versés en dividendes aux gros actionnaires du Cac 40 et à quelques autres. C’est une exigence qu’il faudra faire entendre haut et fort, le 16 juin et au-delà.
Si les travailleurs hospitaliers et la population qui a besoin de se faire soigner veulent que les salaires augmentent significativement, que des lits ne soient plus fermés et que des embauches massives soient réalisées pour soigner dignement les malades et les personnes âgées des Ehpad, il faudra imposer que l’on prenne sur les milliards versés en dividendes aux gros actionnaires du Cac 40 et à quelques autres. C’est une exigence qu’il faudra faire entendre haut et fort, le 16 juin et au-delà.
Lucien
DÉTROIT (Lutte ouvrière n°2706)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire