Les
travailleurs doivent diriger eux-mêmes leurs luttes
27 Novembre 2019
Lundi 25 et mardi 26 novembre,
les dirigeants des principales centrales syndicales ont été reçus à Matignon. À
une semaine de la journée de grève interprofessionnelle du 5 décembre, le
gouvernement cherche à fissurer le front syndical qui s’est constitué contre
son projet de réforme des retraites. Avec peu de succès pour le moment.
Au contraire, le nombre
d’organisations appelant à participer au 5 décembre s’est encore accru, avec
notamment le ralliement de la CFE-CGC. Même des syndicats de police, dont
Alliance et l’UNSA, ont menacé de se joindre au mouvement, si le ministère de
l’Intérieur « ne répond pas à leurs attentes ».
La CFDT-Cheminots s’est
finalement décidée jeudi 21 novembre à déposer elle aussi un préavis de grève
reconductible à partir du 5 décembre. Mais Laurent Berger, secrétaire général
de la CFDT, a tenu à préciser que cela ne constituait pas un appel à faire
grève : « Non, les militants CFDT-Cheminots ne seront pas
forcément dans la rue, a-t-il déclaré dimanche 24 novembre, ils ont
déposé un préavis pour dire au gouvernement : maintenant, est-ce qu’on
peut discuter ? »
De son côté en revanche, la CGT
se dit clairement opposée à la réforme du gouvernement. Interviewé dimanche 24
novembre, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a déclaré : « Nous
appelons à reconduire le mouvement après le 5 décembre et ce sont les salariés,
dans des assemblées générales, qui décideront s’ils veulent la reconduire, ou
pas. Nous, nous appelons à ce que cette mobilisation puisse durer (...) jusqu’à
ce que le gouvernement retire son mauvais projet. » Et de conclure : « Il
faut qu’il y ait partout dans le pays des grèves massives. »
Un tel discours est assez récent
dans la bouche de Martinez. Pendant des semaines, il s’est contenté d’appeler
le 5 décembre à une journée d’action classique. La combativité qui s’est
manifestée à la RATP le 13 septembre et à la SNCF, avec des mouvements partis
de la base, ainsi que la montée du mécontentement parmi les travailleurs l’ont
conduit à durcir son discours. Les dirigeants de la CGT ne veulent pas prendre
le risque d’être dépassés par le mouvement de protestation. Aussi placent-ils
leurs digues loin en avant de celui-ci.
Les travailleurs ne pourront
faire reculer le gouvernement qu’en faisant grève massivement et avec
détermination. C’est la seule façon de se faire craindre du grand patronat.
Mais contribuer à développer et à organiser un tel mouvement n’entre pas du
tout dans les intentions des dirigeants syndicaux. Au contraire, les attitudes
de Martinez et Berger traduisent, chacune à sa manière, la préoccupation des
bureaucraties syndicales de rester en situation de contrôler les mobilisations
des travailleurs, non pour les renforcer, mais pour pouvoir décider elles-mêmes
quand et comment y mettre fin. C’est ce rôle de pompier capable d’éteindre les
incendies sociaux qui justifie leur existence aux yeux de la bourgeoisie et de
ses représentants politiques.
Bien des travailleurs se méfient
aujourd’hui des directions syndicales, conscients, dans une certaine mesure, du
fait qu’elles ne représentent pas leurs intérêts. C’est une méfiance justifiée,
d’autant plus que la journée du 5 décembre est susceptible, et c’est
souhaitable, de déboucher sur des mouvements de plus longue durée. Face à
ceux-ci, toutes les manœuvres de division des bureaucraties syndicales pourront
se déployer, et les travailleurs doivent se donner les moyens d’y faire face.
Pour cela ils devront contrôler leurs mouvements, non seulement en en décidant
à travers leurs assemblées générales, mais en élisant des comités de grève,
constitués de délégués soumis au contrôle de ces assemblées, révocables à tout
moment et qui seront chargés d’exécuter les décisions prises.
Se donner ainsi les moyens de
mettre en œuvre une démocratie ouvrière réelle et vivante est la seule façon de
permettre à la mobilisation d’aller le plus loin possible, sans autre limite
que celle que les travailleurs eux-mêmes lui fixeront.
Marc RÉMY (Lutte ouvrière n°2678)
Pour
information
Tous
grévistes, ensemble réunis,
Une assemblée générale interprofessionnelle
aura lieu à Argenteuil, le matin du 5 décembre
A 9
heures 30
Espace
Mandela
82 avenue
du Gl Leclerc
Argenteuil
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