samedi 22 juin 2019

Salon du Bourget : pas de crise pour les engins de mort


Ces jours derniers, même si c’était au loin, nous avons pu voir les avions en démonstration au Salon du Bourget. Voir est un grand mot. Les entendre est plus juste. Avions de transport de voyageurs, avions cargo, et surtout avions à réaction. Pour nous, cela se réduit à un spectacle. Mais certains sont vendus, non pour le spectacle, mais pour être ailleurs des porteurs de mort…

Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière

Salon du Bourget : pas de crise pour les engins de mort

Si le gouvernement laisse s’écrouler les services de santé, il est un domaine où il s’acharne à anticiper sur les besoins : celui de l’armement. Le Salon de l’aviation civile et militaire qui s’est ouvert au Bourget a été pour Macron l’occasion de dévoiler une maquette du prochain avion de combat européen.
Le successeur du Rafale serait davantage qu’un avion. Il s’agirait d’un système combinant, outre l’avion lui-même, des drones, des satellites, et plus si affinités. Il devrait être entièrement opérationnel vers 2040 et serait construit par la France, l’Allemagne et l’Espagne, dont les ministres des Armées ont fait le déplacement au Bourget. Les contribuables de ces pays devront donc financer, outre une grande partie des études, l’achat par leurs armées de l’air respectives du nouvel engin et garantir ainsi avec leurs impôts un marché captif pour les industriels. Ces commandes amorceront la pompe pour les ventes à d’autres pays et, si quelque intervention militaire permet alors de montrer l’efficacité destructrice du nouvel engin de mort, comme le Rafale l’a fait en Libye ou au Moyen-Orient, ce sera pain bénit pour les fabricants. Ils pourront afficher dans les salons de l’armement que leur produit a été testé sur le terrain. Ce qui est un désastre pour les populations sur lesquelles pleuvent les bombes est un atout pour le commerce.
Les industriels se sont réparti les rôles. Dassault, Airbus, Safran, Thales, ainsi que le groupe allemand MTU pour les moteurs, sont du projet. Celui-ci n’en est certes qu’à ses débuts, et bien des aspects vont faire l’objet d’âpres discussions, comme l’équilibre entre les différents participants ou la possibilité pour l’un d’entre eux de bloquer les exportations vers certains pays. Par exemple, l’Allemagne n’exporte pas, pour l’instant, d’armes vers l’Arabie saoudite, l’un des principaux clients de la France. Mais déjà quatre milliards vont être investis par Paris et Berlin d’ici 2025, date à laquelle devraient voler les premiers prototypes. Et ce n’est qu’un début.
Gouverner, c’est prévoir… comment arroser les capitalistes.
                                          Daniel MESCLA (Lutte ouvrière n°2655)


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