Enseignement
: la mobilisation grandit
Samedi 30 mars, d’après le
ministère de l’Intérieur, il y avait 36 000 manifestants dans le pays, dont 6
500 à Paris, contre la loi Blanquer. Le mécontentement est profond dans
l’Éducation nationale où, sous couvert de réformes, le ministre supprime des postes
à tous les échelons.
Dans le primaire, les enseignants
et les parents se sont particulièrement mobilisés. Outre les suppressions de
classes, un amendement passé en catimini a provoqué la colère. Il s’agit de
créer des « établissements publics des savoirs fondamentaux », dont
l’objectif sera de rassembler un collège et plusieurs écoles du même secteur,
sous la direction du principal de collège. À terme, cela revient à enlever à
nombre de directeurs d’école leurs décharges. Ainsi ils n’auront plus le temps
de recevoir les parents et de régler des problèmes administratifs. Face à la
colère, Blanquer a prétendu que rien n’était obligatoire et que cela se ferait
avec le consentement des équipes. Mais cela ne trompe personne. Car dans le
même temps le préambule du texte sur « l’école de la confiance »
rappelle « l’engagement et l’exemplarité » des fonctionnaires. Dans
la manifestation, certains slogans résumaient cette demande par « Sois
prof et tais-toi ! »
Même ce qui peut apparaître comme
un progrès, comme l’école obligatoire à trois ans, est en fait vécu comme une
nouvelle injustice : cette nouvelle disposition oblige en effet les
municipalités à accroître leurs subventions aux écoles privées, alors que
nombre d’entre elles manquent d’argent pour rénover les écoles publiques, voire
pour en construire de nouvelles. Des pancartes dénonçaient « Blanquer,
ministre de l’éducation privée et de la jeunesse friquée ».
Dans les collèges et les lycées,
les moyens horaires sont encore en baisse cette année. Cela se traduit par plus
d’élèves par classe, moins de dédoublements, moins d’heures pour aider les
élèves ou faire des projets adaptés. La réforme du lycée et du lycée
professionnel supprime également de nombreuses heures d’enseignement général.
Ainsi 2 650 postes vont
disparaître dès la rentrée prochaine, un immense plan de suppressions
d’emplois. Pour le mener à terme, non seulement la précarité augmente dans
l’Éducation nationale, mais le ministre veut imposer plus d’heures
supplémentaires aux enseignants, alors que le chômage augmente et que les
conditions d’enseignement et d’apprentissage sont de plus en plus difficiles.
Des enseignants obligés de faire plus d’heures, d’autres obligés de naviguer
entre trois établissements différents, des enseignants contractuels, des
assistants d’éducation eux aussi précaires, des vacataires : tout cela
contribue fortement à diminuer le nombre d’adultes dans les établissements
scolaires et donc à aggraver encore la situation des élèves, surtout dans les
quartiers populaires.
Dans de nombreux endroits, les
enseignants se mobilisent et cherchent à entraîner leurs collègues, pour créer,
malgré des organisations syndicales bien peu déterminées, un véritable rapport
de force contre ce ministre dont l’horizon se limite à faire des économies sur
le dos des jeunes.
Aline URBAIN (Lutte ouvrière n°2644)
Demain
matin vendredi sur France 2 : Nathalie Arthaud invitée dans « Les 4
Vérités »
À 07h35
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