Avec les
travailleurs d'Algérie !
Malgré
la contestation qui s’est transformée, vendredi 1er mars, en marée humaine dans
toutes les villes d’Algérie, le régime persiste et signe : bien que
grabataire et incapable de gouverner depuis des années, Bouteflika brigue un
5ème mandat.
La
clique au pouvoir n’a manifestement pas pu s’entendre sur un successeur et elle
s’est, de nouveau, repliée sur Bouteflika, son plus petit dénominateur commun.
En guise de concession, celui-ci s’est engagé à raccourcir ce mandat en
organisant une élection présidentielle anticipée. C’est se moquer du
monde !
Une
telle mascarade ne peut qu’attiser la colère et accentuer le sentiment
d’humiliation qui a poussé le peuple algérien dans la rue. Et le fait est que,
depuis l’annonce du dépôt officiel de la candidature de Bouteflika, les
manifestations spontanées se multiplient.
Le
combat engagé par le peuple algérien est difficile, mais il en a mené d’autres,
à commencer par la lutte contre la colonisation française et pour
l’indépendance. Et on ne peut que saluer le courage dont ont déjà fait preuve
les centaines de milliers de femmes et d’hommes qui ont osé descendre dans la
rue. Ils l’ont fait malgré les interdictions de manifester et le chantage du
régime à la guerre civile.
Oui, le
peuple algérien, avec sa jeunesse aux avant-postes, ne supporte plus le mépris
de ce régime mafieux qui prend l’État pour son tiroir-caisse. Fort de ces
premiers pas, il continuera de se battre d’une façon ou d’une autre.
Mais
pour que le sort des classes populaires et de la jeunesse algérienne change
réellement, il faut qu’elles fassent entendre leurs intérêts et leurs droits
spécifiques de travailleurs.
Le gros
des manifestants est constitué par la jeunesse qui, tout en étant éduquée et
diplômée, se sait condamnée au chômage et à la misère si rien ne change. Il est
constitué de travailleurs, de femmes au foyer, de chômeurs qui paient la crise
au prix fort. Avec l’inflation et la dévaluation du dinar, tous sont confrontés
à l’effondrement de leur pouvoir d’achat. Le salaire minimum équivalent à 130
euros mensuels ne permet pas de vivre et s’ajoute aux difficultés de la vie
quotidienne.
Au-delà
des mots d’ordre de liberté et de démocratie, de plus en plus de gens se
demandent ouvertement où va l’argent du pétrole et pourquoi autant de misère et
de chômage. Répondre à ces questions et se battre pour que chacun ait un emploi
et un salaire décent qui suive l’inflation est indispensable. Sans cela, la
démocratie et la liberté resteront des mots creux pour la grande majorité des
classes populaires.
Bien
des catégories sociales se mêlent dans cette contestation, et des intérêts
différents, voire opposés, s’y expriment. Avocats, journalistes, étudiants,
militants islamistes et même affairistes militant pour leur business, chacun
défendra ses intérêts. Et il y a le petit jeu des politiciens. On voit comment
certains opposants hostiles dans un premier temps aux manifestations, s’en
revendiquent désormais pour se hisser au pouvoir.
Les
intérêts des exploités ne peuvent être défendus que par les travailleurs
eux-mêmes. C’est vrai là-bas comme ici. Cette contestation peut et doit être le
premier pas pour cette prise de conscience. Oui, les travailleurs peuvent
collectivement changer leurs conditions de vie et de travail et offrir à la
société un autre avenir.
Ceux
qui se révoltent en Algérie sont nos frères et nos sœurs. Nous sommes liés à
eux par des liens familiaux et amicaux parce qu’une partie de la classe
ouvrière de France est composée de travailleurs originaires du Maghreb.
L’Algérie, si longtemps colonisée par la France impérialiste, comme la Tunisie
et le Maroc, continue d’ailleurs toujours de faire les beaux jours du grand
patronat d’ici. C’est la raison pour laquelle le régime autoritaire algérien
convient parfaitement au gouvernement français.
Ce sont
aussi nos frères et nos sœurs car ils appartiennent au monde du travail. Si des
raisons politiques propres à l’Algérie les ont poussés à agir, le combat qu’ils
ont à mener pour garantir leurs conditions d’existence est celui que doivent
mener les travailleurs de tous les pays.
En
Algérie, la domination d’une coterie de généraux et de bourgeois passe par le
contrôle de l’État qui lui permet d’accaparer la rente pétrolière. En France,
la grande bourgeoisie, les Arnault, Peugeot, Dassault et cie s’enrichissent en
dominant les grands groupes industriels et financiers. Mais les uns comme les
autres prospèrent sur l'exploitation des travailleurs des deux côtés de la
Méditerranée.
Alors,
puisse la lutte du peuple algérien être porteuse de perspectives pour les
travailleurs !
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