Le peuple
algérien ne lâche rien face aux manœuvres du pouvoir
La dernière manœuvre du clan
Bouteflika a consisté à renoncer au cinquième mandat d’un président impotent…
pour mieux prolonger le quatrième. Elle n’a en rien entamé la détermination des
contestataires. Vendredi 15 mars, les manifestants étaient plus nombreux que
jamais, peut-être 15 millions dans tout le pays. « Système dégage »,
scandent-ils : la colère contre les affairistes qui accaparent les
ressources du pays est générale. Elle touche toutes les régions de ce pays
immense, et jusqu’aux Algériens en France. Elle mobilise les femmes, que les
islamistes avaient voulu cloîtrer à la maison. De nombreuses couches sociales,
y compris des catégories privilégiées comme les juges, sont mobilisées. La
jeunesse scolarisée est en pointe dans la mobilisation.
Les Algériens ont de quoi être
révoltés par ce système qui les condamne à la précarité, au dénuement, pendant
que les privilégiés liés au pouvoir se gavent, tout en affichant leur mépris
pour les classes populaires. En Algérie, le salaire minimum ne dépasse pas 130
euros mensuels. Quand on sait qu’Issad Redrab, le patron du conglomérat de
l’agroalimentaire, de la distribution et de l’industrie Cevital, a accumulé une
fortune de 3,7 milliards de dollars, on mesure l’exploitation féroce réalisée
par les capitalistes.
Quelles sont aujourd'hui les
perspectives pour le peuple algérien ? Pour l’instant, l’armée se tient en
retrait. Mais le passé a montré que ses dirigeants n’hésitaient pas à tirer sur
la population. En 1988, l’armée a tué des centaines de jeunes manifestants.
Durant les années 1990, elle répondit aux massacres des islamistes par d’autres
massacres. En 2001 encore, elle a réprimé en Kabylie en faisant 125 morts au
bas mot. Les islamistes sont eux aussi en embuscade, même si certains se sont
discrédités en participant au pouvoir. Enfin, il est possible que les
dignitaires du régime finissent par accéder à la demande d’élections sans
Bouteflika et se reportent sur un autre homme qui garantirait leurs privilèges.
Si les médias français ne
rapportent que les manifestations du vendredi, toute une agitation traverse en
permanence l’Algérie. Des grèves éclatent dans de nombreuses entreprises
publiques ou privées : dans les chemins de fer, les hydrocarbures, les
chantiers, l’industrie, etc. Les travailleurs réclament le départ de Bouteflika
et parfois aussi des augmentations de salaires. Il est à espérer que ces grèves
se multiplient et que les travailleurs réalisent ainsi le rôle qu’ils jouent
dans la société. Produisant toutes les richesses accaparées par les
privilégiés, ils détiennent un levier incomparable. S’organiser dans leurs
entreprises peut leur permettre de se constituer en une force sociale et
collective qui compte.
Les travailleurs rejettent le
système en place. Mais ils ont intérêt à imposer que le changement ne soit pas
seulement un ravalement de façade. S’il se réduit au remplacement de Bouteflika
par un autre dignitaire, en quoi la vie des jeunes chômeurs si nombreux, des
travailleurs si précaires et si mal payés, en serait-elle transformée ? Il
faut espérer que ces derniers exercent leur contrôle sur les événements. Ils ne
doivent pas accepter un changement qui se réduirait à changer les têtes sans
remettre en cause l’accaparement des richesses tant dénoncé.
Les manifestants ciblent
également Macron, qui soutient la clique en place. Pendant 132 ans, la France a
pillé l’Algérie après l’avoir colonisée dans des violences atroces.
Aujourd'hui, les capitalistes français liés au régime de Bouteflika continuent
de piller les ressources et le travail des Algériens. Alors que de plus en plus
de jeunes risquent leur vie pour franchir la Méditerranée, le gouvernement français
réduit le nombre de visas accordés aux Algériens. Le Pen, elle, voudrait
carrément les supprimer ! Elle est la digne héritière de son père, ancien
de l’Algérie française et officier tortionnaire pendant la guerre d’Algérie.
Ces politiciens français défendent
les intérêts des possédants des deux pays. Les travailleurs de France ont, eux,
toutes les raisons d’être solidaires de la lutte des travailleurs d’Algérie.
Les capitalistes qui les exploitent sont parfois les mêmes : Renault,
Total, Lafarge, Sanofi et consorts. Leurs intérêts de travailleurs sont les
mêmes aussi.
Alors, tous nos espoirs se
portent vers les femmes et les hommes qui, de l’autre côté de la Méditerranée,
se battent pour avoir un travail et pouvoir en vivre correctement, pour la
liberté et pour la dignité. Vive la lutte des travailleuses et des travailleurs
d’Algérie !
Aujourd’hui
mardi 19 mars
Manifestons
!
À 13h00 à
Paris
Lutte
ouvrière appelle à participer à la journée de mobilisation et de grève du 19
mars. A Paris, le rendez-vous de la manifestation est à 13h au RER Luxembourg.
Lire
l'article du journal Lutte ouvrière sur l'appel à la manifestation
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