Supprimera-t-on ou pas ce site remarquable ? Telle est la
question fondamentale.
Le
bourg d’Argenteuil s’est établi historiquement au bord du fleuve à la limite d’une
grande cuvette cultivée, en bas de collines, qui délimita son terroir. Face
directement à sa rive urbanisée de rive droite de la Seine, il y eut longtemps
une île (il faudrait réfléchir aux avantages que cette localisation procura).
Ce n’est pas banal.
Le
bras de Seine séparant la rive de l’île fut comblé dans la première partie du
XIXème siècle. Cela offrit comme une avancée verte à ce bourg de bord de
fleuve, qui ne fut pas lotie. Autre originalité.
Fondamentalement,
cet espace est resté le même deux siècles plus tard, de la sous-préfecture au
« pont de l’usine à eau ». Certes, quelques installations de faible
emprise verticale furent successivement établies : D311 et carrefours
afférents entre berge et ville, installations sportives du stade Henri Barbusse
à la salle Mimoun et au terrain de football, salle des fêtes Jean Vilar et son
parking, marché couvert, Parc des berges. Mais fondamentalement, et même avec
la D311, ces aménagements n’ont pas
détruit jusqu’à ce jour le site. La commune d’Argenteuil conserve toujours
son avancée « naturée » qui nécessiterait bien des transformations,
mais qui demeure encore.
Et
c’est ce site géographique remarquable dont le projet « cap
Héloïse », s’il aboutissait, engagerait la destruction. On peut améliorer
demain l’impact de toutes les installations actuelles. On pourrait facilement
transformer la quatre-voies en une deux voies de circulation douce, ce qui
permettrait de retrouver des berges et de les relier à l’hinterland. Mais on ne
pourra effacer la masse prévue par « Cap Héloïse » qui pourra n’être
plus alors que la première étape de la fin du massacre. Il n’y a que le premier
pas qui coûte.
Dans
cette question où se joue la suppression de l’« avant-scène »
communale de « L’île vers les berges du fleuve », il y a donc un
enjeu environnement fondamental : veut-on mettre fin à une organisation
spatiale historique qui présente de si nombreuses ressources, ou passer à une
deuxième phase de « bétonisation » malheureuse du centre-ville, après
celle des années 1960 qui eut bien d’autres justifications ? Telle est la question qui, par ailleurs, de
cette façon ou d’une autre, n’a jamais été posée à la population que l’on a
mise, bien au contraire, devant le fait accompli.
Ce n’est
pas un hasard si ce site d’« avant-Seine » a été peint par de grands
maîtres de l’Impressionnisme. Monet et Sisley ne furent pas seulement attirés
par la proximité d’un site entre berge et bourg qu’ils pouvaient également
retrouver à Bougival ou Louveciennes. Ils n’avaient pas seulement la proximité
de Paris. Mais ils avaient un site tout à fait original, marquée par la Ville
et la nature, en l’occurrence par le bourg et une avant-scène, L’île, entre bourg et fleuve.
Et le
boulevard Héloïse d’aujourd’hui, comme élément de liaison entre ce site et le
bourg.
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