La
mascarade du grand débat et les intérêts des travailleurs
Pour que le « grand débat
national » se substitue, dans les médias, au mouvement des gilets jaunes,
Macron et ses ministres en font des tonnes. La mise en scène est soignée, avec
des débats de plusieurs heures, où, en bras de chemise, ils écoutent patiemment
et prennent des notes… Le tout, retransmis en direct à la télévision.
Le cinéma tourne parfois court,
comme lors de cette réunion avec des maires d’outre-mer où Macron s’est
exaspéré des trop nombreuses interventions de ceux qu’il appelle avec
condescendance « les enfants »… Mais pour le pouvoir, ces petites
contrariétés valent toujours mieux que la colère des gilets jaunes.
Cette colère populaire continue
de s’exprimer, tous les samedis. Elle est alimentée par l’hypocrisie du
gouvernement qui prétend redonner la parole au peuple mais qui limite de plus
en plus le droit de manifester. Que ce soit en usant des violences policières
pour mettre fin aux rassemblements ou avec sa loi prétendument anticasseurs,
mais qui cible en réalité la liberté de manifester.
Pour mettre fin à la
contestation, Macron aurait décidé de jeter un nouvel os à ronger : un
référendum. Celui-ci viendrait conclure le grand débat et serait la preuve de
la bonne foi du gouvernement : les citoyens auraient non seulement la
parole mais aussi le pouvoir de décider. Après la mascarade du grand débat, le
leurre du référendum !
Avec des questions multiples du
genre : « Doit-on réduire le nombre de parlementaires ? »,
« Faut-il limiter le cumul des mandats dans le temps ? », Macron
veut entretenir la fiction démocratique à bon compte puisque tous ces
changements étaient prévus dans la prochaine réforme des institutions.
Peut-être pourra-t-il aussi
introduire des questions touchant à la répartition des impôts. Tant qu’il
s’agit de répartir les efforts au sein des classes populaires, Macron peut bien
accepter quelques variations.
Mais il y a une chose que Macron
n’acceptera jamais et sur laquelle il ne demandera pas notre avis, c’est de
faire payer la grande bourgeoisie. C’est tout le problème car la condition
ouvrière ne peut progresser sans toucher aux profits et au pouvoir de cette
classe.
Au nom de la compétitivité,
toutes les entreprises suppriment les emplois, font pression sur les salaires,
aggravent les cadences et la flexibilité. Et cela vaut aussi pour les services
publics, pour la poste, les hôpitaux que l’État ne peut plus financer
correctement parce qu’il consacre de plus en plus d’argent à soutenir le grand
capital. Autrement dit, le monde du travail est écrasé par le rouleau
compresseur du grand capital. Et ce n’est pas la révision des institutions qui
changera cela !
Pour faire valoir leurs
revendications, les travailleurs ont intérêt à compter sur leurs propres moyens
d’expression et d’action.
Au 1er février, la grande
distribution a augmenté les prix alimentaires de 6,3 % en moyenne au
prétexte qu’ainsi, les agriculteurs seront mieux rémunérés. On peut douter que
l’argent aille dans leur poche, toujours est-il qu’il faudra payer plus pour
acheter du fromage ou du lait. Les sociétés autoroutières augmentent leur
racket de 1,9 %. Et c’est sans compter la hausse des loyers et autres
charges incompressibles que sont le gaz et l’électricité. Eh bien, puisque les
prix augmentent, les salaires et les pensions doivent suivre !
Six millions de femmes et
d’hommes n’ont même pas le droit de travailler pour gagner leur vie. Et les
fermetures d’usines se poursuivent, y compris dans des firmes
richissimes ! Il faut un emploi pour chacun. Et s’il n’y a pas assez
d’emplois, il faut répartir le travail entre tous.
Mais pour imposer ces
revendications, il faudra se battre. Et cela ne peut se faire que si les
travailleurs des grandes entreprises se lancent dans le combat en faisant
grève. Cela ne se décrète pas et n’est pas chose facile. Mais les travailleurs
ne feront pas l’économie d’un tel combat.
Mardi 5 février, la CGT appelle à
faire grève et à manifester. Cet appel arrive après la bataille, car quand le
mouvement des gilets jaunes était à son pic, la CGT comme les autres
confédérations syndicales refusaient de s’y associer.
Alors, sans être dupes, les
travailleurs ne doivent pas baisser les bras. Ils doivent se saisir de cette
journée du 5 février. En répondant présent, ils affirmeront leur conviction que
seule la grève peut toucher le grand capital en plein cœur et le faire reculer.
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