Une grande dame
Josette AUDIN vient de nous
quitter ce samedi à l’âge de 87 ans.
Elle aura
eu la satisfaction morale d’entendre il y a quelques mois Macron admettre la
responsabilité de l’Etat et de l’armée française dans l’assassinat de son mari,
Maurice AUDIN, membre du Parti Communiste Algérien, militant anticolonialiste,
partisan de l’indépendance algérienne, mort à 25 ans.
Chacun
peut imaginer très bien que la vie de Josette AUDIN s’est largement arrêtée en
ce mois de juin 1957 quand le 11 juin, Maurice, son époux, qu’elle ne reverra
pas, est arrêté par les parachutistes.
Mais
élevant ses trois enfants, Josette AUDIN ne cessera jamais son combat pour la
vérité sur la mort de Maurice.
Dans
les années 1980, j’avais fait la connaissance de Louis, le deuxième de leurs trois
enfants, décédé il y a quelques années, et qui était alors instituteur
spécialisé à Argenteuil. Ce n’est que plus tard que je fis le rapprochement
avec cette « affaire AUDIN » que je découvris en m’intéressant de
plus près à la guerre d’Algérie.
J’appris
alors que la famille AUDIN était revenue d’Algérie à la suite du coup d’État de
Boumediene de juin 1965, qu’elle s’était installée à Argenteuil, sur la
« dalle » du Val-Nord, et que Josette AUDIN avait enseigné les
mathématiques jusqu’à sa retraite au lycée Romain Rolland.
Lorsque celui-ci fut reconstruit, il me parut
évident qu’il devait être dédié à la famille AUDIN. Je le proposai au maire
d’Argenteuil d’alors, Philippe Doucet, la municipalité ayant voie au chapitre à
propos de cette dédicace.
La
direction du lycée Romain Rolland et la majorité du corps enseignant refusa
cette proposition. Il ne fallait pas « stigmatiser les élèves de ce
lycée » ! Un autre nom fut choisi pour le lycée reconstruit. Mais les
choses étant ainsi, Philippe Doucet proposa d’appeler Maurice AUDIN le parc du
Val-Nord qui inclut aujourd’hui non seulement des équipements sportifs, la
halle des sports Roger OUVRARD, mais aussi le nouveau lycée et le collège Lucie
Aubrac.
Pour
ma part, cette dédicace fut une grande satisfaction personnelle, ainsi que le
fait d’avoir rédigé le texte de la stèle qui figure à l’entrée du parc près de
la gare du Val.
De
mon contact direct à cette occasion avec Josette AUDIN, je garde à son égard
une grande affection, pour son courage, pour son combat auquel il faut lier le
nom de Pierre VIDAL-NAQUET, pour son obstination indestructible de toute une
vie. Oui, salut et fraternité.
Dominique MARIETTE
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