lundi 4 février 2019

Josette AUDIN, elle vient de nous quitter


Une grande dame



Josette AUDIN vient de nous quitter ce samedi à l’âge de 87 ans.
Elle aura eu la satisfaction morale d’entendre il y a quelques mois Macron admettre la responsabilité de l’Etat et de l’armée française dans l’assassinat de son mari, Maurice AUDIN, membre du Parti Communiste Algérien, militant anticolonialiste, partisan de l’indépendance algérienne, mort à 25 ans.
         Chacun peut imaginer très bien que la vie de Josette AUDIN s’est largement arrêtée en ce mois de juin 1957 quand le 11 juin, Maurice, son époux, qu’elle ne reverra pas, est arrêté par les parachutistes.
         Mais élevant ses trois enfants, Josette AUDIN ne cessera jamais son combat pour la vérité sur la mort de Maurice.
         Dans les années 1980, j’avais fait la connaissance de Louis, le deuxième de leurs trois enfants, décédé il y a quelques années, et qui était alors instituteur spécialisé à Argenteuil. Ce n’est que plus tard que je fis le rapprochement avec cette « affaire AUDIN » que je découvris en m’intéressant de plus près à la guerre d’Algérie.
         J’appris alors que la famille AUDIN était revenue d’Algérie à la suite du coup d’État de Boumediene de juin 1965, qu’elle s’était installée à Argenteuil, sur la « dalle » du Val-Nord, et que Josette AUDIN avait enseigné les mathématiques jusqu’à sa retraite au lycée Romain Rolland.
          Lorsque celui-ci fut reconstruit, il me parut évident qu’il devait être dédié à la famille AUDIN. Je le proposai au maire d’Argenteuil d’alors, Philippe Doucet, la municipalité ayant voie au chapitre à propos de cette dédicace.
         La direction du lycée Romain Rolland et la majorité du corps enseignant refusa cette proposition. Il ne fallait pas « stigmatiser les élèves de ce lycée » ! Un autre nom fut choisi pour le lycée reconstruit. Mais les choses étant ainsi, Philippe Doucet proposa d’appeler Maurice AUDIN le parc du Val-Nord qui inclut aujourd’hui non seulement des équipements sportifs, la halle des sports Roger OUVRARD, mais aussi le nouveau lycée et le collège Lucie Aubrac.
         Pour ma part, cette dédicace fut une grande satisfaction personnelle, ainsi que le fait d’avoir rédigé le texte de la stèle qui figure à l’entrée du parc près de la gare du Val.
         De mon contact direct à cette occasion avec Josette AUDIN, je garde à son égard une grande affection, pour son courage, pour son combat auquel il faut lier le nom de Pierre VIDAL-NAQUET, pour son obstination indestructible de toute une vie. Oui, salut et fraternité.

                                                                        Dominique MARIETTE

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