Mexique :
les migrants, un enjeu pour les politiciens et pour Trump
Le Mexique est depuis longtemps
confronté à la volonté des États-Unis de combattre l’immigration clandestine, à
commencer par celle des Mexicains eux-mêmes qui, en s’exilant, vident des
villes et des régions entières de leurs forces vives.
Cette année, ce sont des
caravanes de plusieurs milliers de personnes venues du Honduras, du Guatemala
ou du Salvador, dont de nombreuses femmes avec leurs enfants, qui ont traversé
le Mexique en s’affrontant aux forces de police de plusieurs États pour aboutir
dans les villes frontalières, dont Tijuana. Le gouvernement mexicain est
maintenant soumis aux pressions des États-Unis alors que son économie est très
fortement dépendante des échanges avec ceux-ci.
Sommé depuis plusieurs mois par
Trump de stopper les migrants, le gouvernement mexicain a tenté de les
convaincre de s’installer au sud du pays dans des régions sous-peuplées et peu
développées.
Mais la plupart n’ont pas
abandonné leur objectif et se sont retrouvés face au mur de 1 200 kilomètres
quasi infranchissable que Trump rêve de prolonger sur toute la longueur de la
frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Depuis qu’il a pris ses fonctions
de président le 1er décembre, c’est un ex-maire de Mexico, chef du parti
Mouvement pour la renaissance nationale (Morena), Andrès Manuel Lopez Obrador,
appelé familièrement Amlo, qui fait face à cette crise. Il a fait campagne
contre les inégalités, la corruption, le crime organisé liés entre autres au
commerce de la drogue vers les États-Unis. Il a gagné une certaine popularité
par ses mesures prises en faveur des plus pauvres à Mexico et son slogan de
campagne « D’abord les pauvres », alors que 50 millions de Mexicains
vivent en dessous du seuil de pauvreté. Amlo ne veut pas pour autant toucher
aux intérêts des riches, ni s’opposer à son riche voisin pour lequel la classe
ouvrière mexicaine se fait exploiter.
Un geste symbolique de ce nouveau
gouvernement a été de réduire le train de vie de la présidence. Il a aussi pris
des mesures en faveur des retraités les plus pauvres, ainsi que des jeunes, en
attribuant des bourses aux étudiants et aux jeunes adultes sur le marché du
travail. Il a aussi annoncé un plan d’investissement afin que l’économie
mexicaine soit moins dépendante des États-Unis et affirmé sa volonté d’aider au
développement du reste de l’Amérique centrale.
Sur la question des migrants, à
l’issue de tractations entre les autorités mexicaines et américaines qui n’ont
pas été rendues publiques, Amlo s’est engagé à les prendre en charge en les
bloquant à la frontière et en répondant à l’exigence de Trump d’accueillir,
jusqu’à l’obtention de leur statut de réfugié, ceux ayant réussi à passer et à
déposer une demande d’asile aux États-Unis.
Le gouvernement mexicain est
aussi sous la pression de la propagande distillée par ses ennemis politiques,
dont le maire conservateur de Tijuana, la ville frontière avec les États-Unis.
À la fois pour imposer des financements au gouvernement fédéral et pour soigner
sa popularité, celui-ci a multiplié les déclarations antimigrants, déclarant
par exemple : « Les droits de l’homme sont réservés aux
hommes droits. » S’appuyant sur la situation intenable découlant d’un
afflux de 7 000 réfugiés dont une grande partie vit dans la rue, il a suscité
il y a quelques semaines une manifestation de quelques centaines d’habitants
contre les migrants.
Dans un monde capitaliste où les
désordres économiques, écologiques se multiplient et s’aggravent, les
migrations sont et seront de plus en plus importantes, y compris dans les pays
les plus pauvres en direction d’autres, à peine mieux lotis, soumis à la même
violence de l’impérialisme.
Trump dénonce les migrants venus
du Mexique et des autres pays latino-américains et s’en sert comme d’un
épouvantail pour faire peur aux travailleurs des États-Unis et se présenter
comme leur défenseur.
Le pire pour lui serait que les
travailleurs de tout le continent s’unissent autour de leurs intérêts communs
contre les grands groupes capitalistes qui le pillent.
Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2632)
Nogales
(à gauche, les États-Unis ; à droite, le Mexique). Merci Wikipédia, Par Sgt.
1st Class Gordon Hyde — US-Mexico barrier at Nogales, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1618941
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