Dette
publique record : le capitalisme parasite
Avec une dette égale à 100 %
du PIB, la France n’est certes pas la seule : la dette dépasse les
100 % du PIB aux États-Unis, plus de 130 % en Italie, plus de
180 % en Grèce, et le record est de plus de 230 % au Japon.
L’endettement de l’État n’est pas
une nouveauté. Déjà les monarchies d’Ancien Régime étaient endettées auprès des
bourgeois prêteurs et la Révolution de 1789, malgré une banqueroute partielle,
a maintenu la dette : les bourgeois tenaient à être remboursés.
Dans la période récente, la dette
publique s’est maintenue à un niveau relativement faible jusque dans les années
1970-1974 lorsqu’a commencé la crise. Ainsi en 1978, elle atteignait
l’équivalent de 72,8 milliards d’euros, soit seulement 3,25 % de la dette
actuelle. En 1985, elle était passée à 227 milliards d’euros et, dix ans plus
tard, à 663 milliards. L’augmentation était rapide : à la fin du
gouvernement Jospin, en 2002, la dette atteignait 900 milliards d’euros. Mais
le comble a été atteint sous Sarkozy : durant son mandat, de 2007 à 2012,
elle a grimpé de 1 200 à plus de 1 800 milliards d’euros. Le régime avait
financé la crise bancaire de 2008 et le sauvetage des banques par
l’intervention de l’État.
Depuis, la dette a poursuivi son
bonhomme de chemin jusqu’à aujourd’hui. Son accroissement est de 70 à plus de
80 milliards d’euros selon les années (82 milliards pour le projet de budget
2018), soit plus d’un milliard supplémentaire chaque semaine, ou encore environ
2 600 euros de plus chaque seconde…
La dette grossit chaque année des
emprunts effectués par l’État, ou plus exactement de la différence entre les
emprunts nouveaux et le remboursement d’emprunts précédents contractés pour
combler le déficit de ses comptes. Ce déficit a tendance à s’accroître avec la
crise, du fait de la multiplication de ses subventions aux capitalistes. Le
CICE (20 milliards, devenu pérenne sous forme de réduction de charges et doublé
cette année) est connu, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Sur
le site officiel aides-entreprises.fr on annonce d’emblée qu’il existe 1
671 aides différentes qui sont proposées aux entreprises. Autant dire que
personne ne s’y retrouve, pas même l’administration, et qu’il est impossible de
connaître exactement la quantité d’argent public qui irrigue le patronat. Le
rapport officiel Queyranne, datant de 2013, l’estimait à 110 milliards (de
l’époque) par an. La CGT l’évalue à 200 milliards, à comparer avec le budget de
l’État, pour la partie dépenses, qui est de 330 milliards.
Mais il n’y a pas que les aides
de l’État. Il y a celles de l’Europe, des régions, des départements, des
municipalités, comme celles que Bordeaux a versé à Ford Blanquefort. Il y a les
PPP (partenariat public-privé) comme la construction du tribunal de Paris
concédé à Bouygues ou la ligne TGV Tours-Bordeaux concédée à Vinci. Ou encore
les subventions comme celles versées à Ryanair pour qu’il puisse utiliser tel
ou tel aéroport de province.
Les capitalistes s’enrichissent
donc beaucoup grâce à l’argent public, mais ils s’enrichissent aussi en prêtant
de l’argent à ce même État endetté pour les aider. Et prêter de l’argent à
l’État est une excellente affaire : il honore les remboursements en
empruntant de nouveau, mais les prêteurs n’y perdent rien. La charge de la
dette, c’est-à-dire les intérêts payés par l’État, dépasse les 41 milliards
d’euros par an. C’est le deuxième poste du budget, en passe de devenir le
premier.
Les dettes des États sont ainsi
un marché lucratif pour les capitalistes. Le problème n’est évidemment pas
l’endettement en soi, mais à quoi et qui il sert. Or, non seulement l’État
diminue les financements aux services publics et à la population pour aider les
capitalistes, mais le seul résultat de ces dernières aides est d’alimenter la
spéculation, et non d’aider l’économie à fonctionner dans l’intérêt de tous.
Mais qu’importe, les capitalistes
profitent des deux avantages à la fois, d’un côté en étant aidés par l’État, de
l’autre en lui prêtant. C’est un double parasitisme qui étouffe la société.
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